• Nous sommes en 1994, mais les murs de la rue de l'Evangile portent encore la preuve du rude combat que se livrèrent - deux ans plus tôt - les centrales syndicales pour la victoire aux élections prud'homales. Pour la première fois, la CGT jusqu'alors majoritaire, risquait de voir sa suprématie contestée par la CFDT, sa grande rivale.

    Dans ce bastion ouvrier du 18ème arrondissement, près des ateliers de la SNCF, il s'agit alors de convaincre les derniers hésitants et de rameuter les abstentionnistes potentiels. Et, rue de l'Evangile, le premier en action fut la CFDT qui badigeonna le mur d'un large slogan : "CFDT : 9. déc. Votez.". Dans la nuit précédant le scrutin, la fresque fut détournée en : "9. déc. Votez. CGT.". On peut deviner les traces du début original de la phrase sur la gauche de la photo ...!

    Finalement, malgré un recul de 3%, la CGT confirma sa place de première organisation syndicale en France. La disposition des forces resta stable en dépit d'un taux d'abstention record. Louis Viannet - alors secrétaire général de la CGT - lança un appel à "l'unité d'action" pour "un vaste et puissant mouvement revendicatif" ... et pendant ce temps, Pierre Bérégovoy - ce premier ministre au nom à consonance vaguement soviétique -était confronté aux tensions internationales sur le franc ...
    Allions-nous vers une dévaluation ?



    >> Les élections prud'homales du 9 décembre 1992.



     


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  • La définition du Larousse est brève et sans équivoque: "un marchand de sommeil est un logeur qui exploite ses clients". Par extension, on pense à un propriétaire qui loge ses locataires dans des conditions indignes, tout en leur réclamant un loyer important, voire exorbitant, en totale disproportion avec la qualité de l'habitat.

    Mohamed habite ici au dernier étage de cet immeuble de la rue de la Mare, dans le 20ème. Il paye l'équivalent de 1 100 euros, soit l'essentiel de son salaire de balayeur pour vivre dans 12 mètres carrés - avec sa femme et ses deux enfants - dans des conditions de confort d'un autre âge. Pas d'eau chaude, des carreaux cassés, un seul lit dans la chambre. "C'est pire qu'en prison, raconte-t-il. Dans une cellule, on n'a pas davantage de place, mais on la partage seulement à deux."

    Dans ce même immeuble, les services d'hygiène de la ville ont découvert des familles entières entassées dans des lieux humides, dépourvus de tout confort et souvent sans eau courante. La faillite de la copropriété, la démission du syndic ont en effet entraîné la coupure de l'alimentation en eau. La ville a même dû ouvrir un point d'eau sur le trottoir pour les dizaines de personnes qui habitent l'immeuble.

    Contraint et forcé, le propriétaire a retapé le toit, la rampe d'escalier et les huisseries. Les raccordements sauvages à l'antenne TV de l'immeuble voisin ont disparus. Pour le reste, il impute les dégradations aux locataires et n'envisage pas d'autres travaux car la maison n'est plus déclarée insalubre.

    Aujourd'hui, Mohamed et les siens ont au moins des fenêtres neuves et il ne pleut plus par le toit.
    La famille n'envisage pas de déménager car ... ailleurs c'est peut-être mieux mais c'est surtout beaucoup trop cher ... 

    Le marchand de sommeil de la rue de la Mare peut dormir tranquille ...


    >> L'immeuble aujourd'hui après les travaux d'urgence ... (© Photo : François Legendre)

     

     


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  • Cette photo est publiée en hommage à Eustache KOSSAKOWSKI qui, au Printemps 1971, réalisa la série  "6 mètres avant Paris". A cette époque, KOSSAKOWSKI a le regard attiré par les écriteaux indiquant la limite administrative de Paris. Il décide de photographier toutes les pancartes en tôle ou en ciment portant le nom de la capitale.

    Le reportage comptera 159 photos, dont l'objectivité repose sur la distance identique adoptée à l'égard de chaque écriteau (6 mètres), sur la neutralité générée par la prise frontale et le cadrage qui sont invariables.

    En réalité, KOSSAKOWSKI n'a pas toujours pu, à cause d'impératifs propres aux sites, se placer à une distance de 6 mètres devant chaque panneau. C'est donc au moment de l'agrandissement des clichés, qu'il pallie ces variations.

    En 1977, quatre photos de la série seront exposées dans le cadre de l'exposition "Archéologie de la ville" au Centre Beaubourg, où les 155 autres photographies, mises en dépôt, ont depuis disparu.

    Malgré les aléas que connurent les tirages originaux, cette œuvre originale de KOSSAKOWSKI lui permis de se faire connaître en France et d'y vivre durant le reste de son existence.

    Aujourd'hui, refaire cet exercice est  totalement impossible. A quelques très rares exceptions près, les panneaux "Paris" ont tous disparu des portes d'entrée de la capitale : comme pour mieux signifier que Paris déborde maintenant sur les banlieues  ... à moins que ce ne soit l'inverse ... !



    >> P
    lus sur « 6 mètres avant Paris ».



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