• Sur les pas d'Izis (2) ...

    Pourtant, la palissade qui surmonte le muret en pente est toujours là ... Mais, signe des temps, les graffitis ont radicalement changé d'esprit. Au lieu du doux message tracé à la craie : "Gérard aime Lucette"... c'est, aujourd'hui, un bombage rageur qui crie : "Nique la police".

    Mais surtout, ce qui frappe, c'est que les enfants ne sont plus là. Ils ont déserté la rue et sans eux, aucun son, aucun écho ne s'en échappe ...  elle semble inhabitée.

    Aujourd'hui la rue n'est plus un terrain de jeu naturel pour les enfants. Ils préfèrent maintenant rester confinés dans leur appartement, rivés à leurs consoles de jeux ou à leurs ordinateurs, happés par un monde virtuel ... et surtout loin de la convivialité et de la fraternité de la rue.

    Et cette "Impasse Trainée", où Izis photographiait les gamins de Paris des années 50, n'existe plus ! ... Elle a pris le nom de "Rue Poulbot", mais ... l'ironie de l'histoire est qu'aujourd'hui, les poulbots n'existent plus ...

       

     >> Impasse Traînée, Paris 1950 © Izis

    >> Montmartre, Paris 1949 © Izis

    >> Sur les pas d'Izis (1)

    >> Izis : de Paris et d'ailleurs ....

     


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  • En remontant la rue Poulbot, on entend tout d'abord, un air de musique ... un air tzigane plutôt joyeux et entrainant, ... quelque chose qui rappelle la musique de « Gadjo Dilo »... Mais on ne voit rien.

    Puis en continuant, la rue marque un coude à droite, et au fond le mur rouge sombre du restaurant « Le Consulat » barre alors totalement la perspective. La musique se fait de plus en plus présente ... mais on ne voit toujours rien ...

    Pourtant, maintenant aucun doute, c'est bien un air d'accordéon et parfois aussi une voie féminine que l'on perçoit de plus en plus sûrement. Mais d'où cela vient-il ? ... Qui joue et ... qui chante ... ?

    Finalement elle est là, mais on la devine à peine, minuscule, assise au ras du pavé, avec son accordéon miniature sur les genoux ... Une petite rom de 5 ou 6 ans, pas plus, s'applique à jouer les airs qu'elle a toujours entendus. Pas de sébile, pas de main demandant la moindre pièce ... Juste une présence s'imposant plus par sa musique que par sa frêle silhouette ...

    Ariana, la petite rom, jouera à cet endroit une bonne partie de l'après-midi ... Aujourd'hui, la rue Poulbot portait bien son nom !


    >>
    Francisque Poulbot, dessinateur humoriste, représentait les enfants des rues de Paris.

    >> Roms, Gitans, Tziganes, Manouches, Sintés, Kalés, ... les exclus de l'Europe.

    >> Ce que jouait Ariana, rappelait la musique de « Gadjo Dilo » ...

     

     


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    Au 35 de la rue de Tourtille, dans l'épicerie-buvette de Françoise Lajoy (dit-Fanfan), on se croirait encore en province dans les années cinquante.

    Au mur, ce sont, pêle-mêle, des bouteilles, des boîtes de conserve, des paquets de sucre ou de biscuits, ... Quelques frusques d'un autre âge sont suspendues dans un coin. Au fond, il y a une seule table avec des chaises de cuisine et surtout ce comptoir qui a vu défiler tant d'habitués ... depuis des décennies.

    Fanfan joue ici, dans le bas-Belleville, un rôle social très important : elle vous dépanne le soir lorsqu'il vous manque quoique ce soit en cuisine et toute la journée elle écoute, console ou conseille les gens du coin venus au comptoir lui conter leurs difficultés... Elle pourra même vous garder le courrier, vos clés, voire vos enfants ... tant sa générosité est sans borne.

    D'un tempérament d'une grande gaité, elle a toutefois les larmes aux yeux, lorsqu'elle évoque toutes ces années passées, ici, depuis que sa mère a ouvert l'épicerie dans ce local acheté par sa grand-mère en 1932 et qu'elle a reprise après son CAP...

    Car maintenant, dehors, la restructuration du quartier a commencé, et dans la rue où tous les autres commerces ont déjà fermé, l'ambiance n'est pas gaie. Une grande partie des habitants a déjà quitté le quartier ... les plus âgés sont morts. Qu'est devenu Jeannot qui, avec son accordéon, faisait danser les gens sur le trottoir les soirs de 14 juillet ?

    Mais Fanfan se résigne mal à un avenir ailleurs. Aussi, elle fait de la résistance et ses amis sont solidaires : leur dernière pétition (Collectif "Y'a D'la Joie") 
    a recueilli des milliers de signatures pour essayer d'obtenir un dernier sursis à cet ultime bistrot de quartier menacé de disparition.

    Pourtant, Fanfan devra fatalement, tôt ou tard, laisser la place à l'agrandissement de l'école maternelle mitoyenne ... qu'elle a fréquentée, petite. C'est un crève-cœur, mais elle se résout à accepter la situation car "si c'est pour les gosses alors ça va ..., dit-elle, ... au moins je ne pars pas à cause d'un promoteur".

    Finalement l'épicerie-buvette sera rasée, l'école maternelle agrandie et Fanfan quittera sa chère rue de Tourtille. Des opportunistes lui rachèteront "son nom, sa marque", et une nouvelle enseigne "Fanfan Lajoy" ouvrira tout près d'ici, rue Jouye-Rouve. Mais il s'agit d'un café-galerie de la "néo-branchitude". Rien à voir donc avec l'épicerie-buvette authentique de Fanfan qui pourtant, elle aussi faisait galerie - à son corps défendant toutefois.
    En effet, n'y avait-il pas, au fond du bistrot, une photographie originale d'Izis ?
    Comment un tirage de ce grand photographe avait-il pu atterrir ici ?
    Fanfan était plus que discrète sur le sujet ...


    >> Fanfan Lajoy, ... sujet d'un mémoire universitaire ! 



    >> La photo d'Izis chez Fanfan (« Dans une cour, Paris 1948 »)

     

     

     

     

     


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  • Les dernières traces de l'usine à gaz de l'Evangile, encore visibles ici, viennent de disparaître.

    L'usine de l'Evangile avait été idéalement située : à proximité du réseau ferré qui acheminait les trains de houille en provenance des mines du Nord et en périphérie immédiate de la ville dont elle couvre alors les besoins en gaz pour l'éclairage et le chauffage.

    Au sortir des fours, le gaz manufacturé (gaz de ville) est stocké dans des gazomètres qui s'élèvent et s'abaissent en fonction du volume de gaz qu'ils contiennent. Ces "énormes cloches en fer boulonné" - dont les plus grosses, mesurent 65 m de diamètre et autant de haut -ont fortement marqué durant plusieurs décennies le paysage de la Banlieue Nord de Paris.

    L'usine employait alors plusieurs centaines d'ouvriers qui effectuaient ici un travail difficile et peu qualifié. Mais en 1976, l'alimentation en gaz naturel s'étant généralisée en Ile-de-France, la production de gaz de ville est définitivement arrêtée.

    Aujourd'hui, seuls quelques bâtiments annexes du "Centre de Recherche Gaz de France" témoignent encore de l'histoire de ce lieu ...


    >> Voir aussi sur ParisPerdu : Carrefour de l'Evangile   

     

     


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  • Ces ateliers bordaient le prolongement de la célèbre voie sous terraine. Des imprimeurs, des menuisiers, des serruriers ....  s'activaient ici dans ces locaux, puis des traiteurs asiatiques y ont stocké des produits alimentaires ...

    Pour réaliser le grand projet de la zone Paris Rive
    Gauche, on a beaucoup détruit ici, notamment tous ces petits bâtiments qui, sans avoir un intérêt architectural de premier plan, avaient une présence, une épaisseur historique qui permettait à la rue Watt - tant célébrée par Henry Miller - de s'ancrer dans une continuité temporelle.

    Le quartier est alors devenu une sorte de zone, un désert peu engageant où la Seine, pourtant toute proche, est bizarrement absente et où l'environnement de la Bibliothèque Nationale de France est pour le moins "glacial". De trop rares édifices, préservés à grand-peine -  tels les Grands Moulins de Paris, les Frigos, et la Sudac, cette ancienne usine d'air comprimée -  jouent encore ce rôle de repères, de passeurs de mémoire.

    Finalement, l'université de Paris-VII a débarqué en force dans le secteur. Une bonne partie de ses unités de physique et de chimie sont déjà installées ici.

    Ce no man's land encore trop informe réussira-t-il à se transformer, en quelques décennies, en un carrefour de tous les savoirs ? Pas sûr car on sait, hélas, qu'une telle mutation relève d'une alchimie largement imprévisible.


    >> Le nouvel environnement de la rue Watt

    >> Rue what ?  

    >> Rue Watt, ailleurs dans Paris perdu (1)

    >> Rue Watt, ailleurs dans Paris perdu (2)

     

     


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