• Aujourd'hui à Belleville, des groupes de touristes visitent le quartier ... comme ils visiteraient un musée ou un parc d'attraction. Pourtant Belleville, n'a ni Sacré-Cœur, ni Moulin Rouge à exhiber, seulement un entrelacs de ruelles, négligées par Haussmann, et où 80 nationalités cohabitent
    .
    Il faut dire que depuis l'arrivée de nouveaux habitants, Belleville est devenu une sorte de Boboland ! 

    Mais qui sont ces nouveaux arrivants qui transforment Belleville aussi profondément ?
    Ce sont les "Bobo" ("Bo" comme bourgeois, "bo" comme bohème) : une catégorie socioprofessionnelle urbaine, aisée, et progressiste, qui délaisse les quartiers bourgeois pour s'installer dans les quartiers populaires, et ... comme Belleville est "le quartier populaire-type" de Paris, les bobos l'ont pris d'assaut !

    Certains îlots anciennement vétustes, de Belleville et de Ménilmontant, ont déjà été réhabilités par les bobos. Ces transformations produisent un effet de mode et renvoient l'image d'un quartier "branché" ... et surtout entraînent une forte montée des prix du foncier ... empêchant les habitants plus modestes d'y rester. De surcroît, malgré leur désir de "se sentir peuple", les bobos ont plutôt tendance à vivre entre eux, formant une tribu très codifiée qui rejette la population originelle du quartier.

    Alors, va-t-on finalement vers à un découpage tripartite de l'espace : une ville réservée aux plus favorisés, des banlieues abandonnées aux "minorités visibles" et des zones pavillonnaires pour classes moyennes ... ?
    Et comme ces trois univers se replient naturellement sur eux-mêmes, ces nouvelles fractures urbaines, deviennent le reflet des fractures de notre société.

    Alors Bienvenue à Boboland ! ...


    >> Belleville se visite le dimanche ... 

     

     


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    La démolition de quartiers entiers de l'est parisien a pu être perçue tantôt comme une solution radicale face à l'obsolescence du bâti ou parfois plutôt comme une action positive de recomposition sociale ...  ou peut-être même ... les deux à la fois. Le vocabulaire de la politique de la ville montre d'ailleurs ces basculements. Selon les périodes, les notions de quartiers, de zones, de ghettos seront mises en avant ou au contraire l'insistance portera sur l'insalubrité et l'hygiène urbaine...

    Mais pour concevoir un quartier rénové, faut-il nécessairement penser "démolition" ?
    Ne faudrait-il pas laisser une place aux œuvres architecturales des années 50 à 90 ? Sans exiger vouloir tout conserver, il conviendrait de garder des traces, des fragments, une trame des éléments de cette époque ... mais cela a rarement été fait car ce point de vue est difficile à défendre face à l'implacable logique économique des investisseurs et des aménageurs.

    Et les habitants ? Bien sûr ils existent dans les statistiques sociales et dans les analyses des urbanistes, mais ils semblent peu présents dans les choix liés aux démolitions. Certes ils sont pris en compte quand ils sont encore occupants d'un immeuble qui va être détruit, mais qui les prend en compte - en amont - dans le processus de décision ?
    Il n'est jamais tenu compte des images qu'ils ont de leur immeuble, de leur quartier et de l'importance que ces images peuvent avoir dans la représentation qu'ils se font d'eux-mêmes. Cette absence de considération conduit alors à une incompréhension de l'attitude des habitants et de leurs réactions organisées - parfois avec une réelle violence - contre ces destructions.
     
    Les populations qui habitent ces quartiers voués à la démolition peuvent-ils en sortir gagnants ? Vu le nombre de questions non résolues - en particulier celles liées au relogement des habitants - il est sérieusement permis d'en douter... A suivre ...

     

     


     

    >> Voir aussi dans Parisperdu: Démolition des murs ... démolition des vies ... (1/4)

      


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    Madame Polet, était une concierge plutôt autoritaire ... elle sortait de sa loge à chaque fois que quelqu'un entrait dans l'immeuble : c'était systématique!

    "Et n'oubliez pas d'essuyer vos pieds ...C'est moi qui balaye !" vociférait-elle sans cesse.

    Un jour, en rentrant de l'école, Madame Polet me dit: "Tiens, voilà une lettre pour ta mère!". Et, comme j'attaque "la grimpette" pour le troisième étage, elle me lance : "Merci  !!" Je rétorque : "Merci". Et j'entends alors : "Merci qui ?... Merci mon chien ?"

    Je ne comprenais pas très bien ce que son chien, un roquet pelé et puant, venait faire dans l'histoire ... mais ne voulant pas la contrarier, et, alors que j'atteins déjà le deuxième étage, je lui crie ..." Merci mon chien !"

    Heureusement que j'étais déjà loin car j'aurais certainement eu droit à des coups de balai.

     

     

     

     


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