• Le regard des Cascades, 75020 Paris

    Au tournant des années 1900, lorsqu'Eugène Atget photographie Paris, il porte un regard très personnel sur la ville. Il nous montre en effet, la capitale sans son architecture monumentale, ne s'intéressant qu'à des quartiers, aux marges de la ville, où sont (déjà) relégués les exclus du développement urbain.
    Il réussit ainsi à traquer - dans une ville en perpétuelle démolition et reconstruction - une mémoire au bord de la disparition.

    Le photoblog Parisperdu se réclame (modestement) de la démarche d'Atget, car aujourd'hui aussi, la ville, en ce début de XXIe siècle, connaît  ses mutations, ses mises à l'écart mais aussi ses évolutions porteuses de sens.

    Un siècle s'est écoulé, mais à Paris, les problématiques d'hier sont toujours d'actualité ... et même à l'époque de l'image numérique, les clichés sur papier albuminé d'Atget sont riches d'enseignements.


    >> Le regard des Cascades, ©Eugène Atget 1901

    >> Atget, un regard sur la ville.

     

     

     


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  • Haut de la rue Gasnier-Guy, 1995

     

    La "reconquête" immobilière des quartiers populaires de l'est parisien masque en fait un rapport de forces sociétales, déguisant ses desseins financiers sous les oripeaux du "cool" et du "sympa". Car les futurs habitants, détenteurs de capital intellectuel - et pas seulement de capital tout court - sauront habilement tirer un bénéfice concret de ces "rénovations".

     

    Mais pour "bien vendre la ville" à la néo-bourgeoisie, il faut à la fois la délivrer de ses "défauts", la désencombrer, l'embellir, y réduire le bruit, la circulation, les mauvaises odeurs, les mauvaises rencontres, ... et aussi y ajouter certains "signes de prestige", synonymes de loisirs et de consommation chics.

     

    Ici, on va bientôt accueillir des acteurs du "tertiaire", des professions libérales, ... Des sociétés et des prestataires de services veulent aussi s'implanter dans ces quartiers néo-branchés... On va donc, leur bâtir des résidences confortables ... ce sont des gens qui ont besoin de calme et aussi d'être bien logés. Comme si les autres n'avaient besoin ni de calme ni de logements confortables... C'est la citoyenneté à géométrie variable !

     

    La ville et ceux qui la décident, ceux qui la dessinent, n'échappent décidément pas à l'idéologie de la ségrégation urbaine.

     

     

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Vers une nouvelle géographie urbaine"

     

    >> Rue Gasnier Guy, la rue-symbole de Parisperdu

     

     

     


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  • Carrefour des rues des Envierges, des Couronnes, de la Mare et des Cascades (1997) 

    Dans les années 50, pendant une dizaine d'années, j'ai habité au 31 de la rue des Envierges. A l'époque les gens disaient que cet immeuble - tout en longueur - était un ancien couvent ! En effet, n'était-il pas adossé aux locaux d'une communauté qui avait compté jusqu'à une centaine de nones et dont l'entrée se trouvait rue de la Mare ? De surcroît, le portail du passage situé entre le 29 et 31, n'appartenait-il pas à ces religieuses?

     Il se disait même que ce couvent était là, bien avant la création du quartier et qu'il aurait par la suite donné son nom à la rue, qui a l'époq ue se serait appelée LA RUE DES CENT VIERGES !....

    C'était plausible ... mais pas prouvé. Etait-ce une pure invention ou une légende reposant sur un fond de vérité historique ... ? Mystère, mais en tout cas, moi je croyais assez à cette histoire...

    Il faut dire que l'expression "Cent vierges" a bien souvent été porteuse d'inspirations plus ou moins délirantes.

    Ainsi, à Carrion de los Conde, dans la province espagnole de Leon, on évoque la légende des Cent vierges qui devaient être livrées aux Maures en vertu d'un traité avec le Calife de Cordoue. Elles furent sauvées, après intervention de la Vierge Marie, par quatre taureaux furieux qui firent s'enfuir les Arabes.

    Aujourd'hui encore, une certaine lecture du Coran, peut porter à penser que Dieu dédommagerait le martyr qui sacrifie sa vie pour sa foi, en lui accordant 70 (ou 72 ?) vierges, pour épouses, et pour son bonheur éternel !

    Et enfin, pour terminer sur une note plus légère et plus réaliste, signalons que Charles Lecocq, un contemporain d'Offenbach, est le compositeur inspiré d'une opérette intitulée  ... "Les Cent Vierges".

    Vous voyez que je ne suis pas le seul à être intéressé par ce thème fantasmatique de cette multitude de vierges !


    >>  "Les Cent Vierges" de Charles Lecocq ...

    >>  Y a-t-il 70 vierges qui attendent les terroristes-martyrs au "paradis d'Allah"?

     

      


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  • C'est a
    ujourd'hui le deuxième anniversaire de Parisperdu.

    A l'instar de Julien Green, qui rêvait d'écrire "un livre sur Paris qui fût comme une grande promenade sans but, où l'on ne trouve rien de ce qu'on cherche, mais bien des choses qu'on ne cherchait pas"; ce blog est le résultat de mes déambulations dans Paris.

    Un Paris bien connu peut parfois ici être visité, mais le plus souvent, il s'agit d'incursions dans une "ville plus secrète", plus intime, souvent méconnue voire ignorée et qui aujourd'hui - par endroits - éclate, agonise, et même parfois a déjà disparu ou bien ... résiste encore.

    C'est ce Paris, que de grands écrivains : Henri Calet, Eugène Dabit, René Fallet, Léon-Paul Fargue, Jacques Audiberti, Jean Follain, Jacques Réda ... et bien d'autres... ont décrit bien mieux que moi ...

    A ceux qui évoqueront une vision nostalgique, une tonalité trop passéiste, et qui mettront en avant le fait que la modernité a aussi ses bons côtés, à ceux-là, je me contenterai de leur citer Pier Paolo Pasolini qui écrivait : "Ce qui nous incite à revenir en arrière est aussi humain et nécessaire que ce qui nous pousse à aller de l'avant."

    Parisperdu  cherchera donc toujours à restituer une image fidèle de la capitale, à la fois classique et insolite, ancienne et moderne, poétique et réaliste, ... à traquer une mémoire au bord de la disparition sans vouloir instituer un culte du souvenir ...

    Mais, ce photoblog est avant tout une invitation à la flânerie, un apprentissage à porter un certain regard sur la ville.
    Et, regarder la ville, n'est-ce pas aussi, d'abord, apprendre à regarder ses habitants,... au hasard des rencontres et dans les coins les plus reculés de la capitale.

    Aussi, à l'occasion de son deuxième anniversaire, Parisperdu vous souhaite de bonnes promenades et surtout d'agréables rencontres dans ce Paris dont on est forcement amoureux ... pour peu qu'on apprenne à le regarder ... vraiment.

    Bonnes ballades !


    >> Voir aussi : Parisperdu, un an déjà !



    >> Voir le premier billet publié par Parisperdu, il y a tout juste deux ans. 


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  • 38 rue de Belleville, enfilade de cours.

    Chanté et photographié à l'envie, les quartiers de Belleville mais aussi ceux de Ménilmontant, du Père-Lachaise, de Charonne, et de Bagnolet occupent une place à part dans l'imaginaire parisien.

    Mille réminiscences du passé et autant de figures - de Casque d'Or à la môme Piaf et à Maurice Chevalier - nourrissent une légende que les amateurs de poésie urbaine peuvent cultiver ici, sans se forcer. Ce sont ces figures qui vous accompagneront dans vos ballades sur les pentes de la colline inspirée!

    Reste que le promeneur, empruntant les rues escarpées ou s'aventurant dans des villas secrètes à jamais endormies, n'a jamais le sentiment de pénétrer dans un sanctuaire.

    Et c'est bien cela, la séduction du petit miracle bellevillois que de nous inviter à découvrir un territoire intime, tout à la fois ... hérissé de souvenirs, mais aussi ... encore bien vivant.


    >> Voir aussi dans Parisperdu : Position dominante.

    >> Voir aussi : Portrait d'un monde disparu

    >> Voir aussi : Mélange de couleurs

    >> Voir aussi : Jours tranquilles à Belleville

    >> Voir aussi : Visages d'une planète

    >> Voir aussi : Rue des Cascades

     

     


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