• De sa fenêtre, Mehdi porte un regard pensif sur sa rue. Et comme il peut le constater, elle vit le martyr.

    Depuis plusieurs mois déjà, son ami Henri, le coiffeur qui tenait le salon du rez-de-chaussée, a quitté le quartier. Henri a laissé son 20ème arrondissement, où il est né, pour aller terminer ses vieux jours, à Romainville, près de sa fille.

    Et chaque soir, en rentrant du travail, Mehdi est confronté à un spectacle qui le désole. Celui de la porte et de la devanture du salon de coiffure d'Henri, totalement murées.
    Alors, invariablement, à cet instant, lui arrive à l'esprit un flot d'images où Henri, emmuré dans son salon, semble l'appeler au secours en poussant des cris que Mehdi ne peut percevoir...

    Bientôt, Mehdi devra lui aussi partir. Il voudrait bien ne pas y penser. Mais les bulldozers qui œuvrent plus haut, rue Gasnier Guy, dans un vacarme incessant se chargent bien vite de le lui rappeler.

    Mehdi et Henri, habitaient la rue des Partants, une rue au nom sans doute prédestiné...


    >> Voir aussi dans Parisperdu: Démolition des murs ... démolition des vies ...

    >> Voir aussi dans Parisperdu: Murs abattus et baignoires rémanentes ...  

     


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  • Juliette Binoche et Romain Duris  dans "Paris", un film de Cédric Klapisch (2008).
    Photo officielle du film, © Mars Distribution

    Pour son récent film, intitulé simplement "Paris", le réalisateur Cédric Klapisch a beaucoup tourné dans le quartier de Ménilmontant. On ne va pas, ici, faire la critique d'un film que certains trouveront génial et d'autres superficiel ...

    Parisperdu s'intéressera plutôt à la topographie du lieu où vit Pierre, le personnage principal, joué par Romain Duris. Pierre habite dans un immeuble qui donne sur la place Martin Nadaud, avec une vue sur la vie, sur la ville et une autre sur la mort, sur le cimetière du Père-Lachaise.
    Dans l'attente d'une transplantation cardiaque, Pierre ne peut plus exercer son métier et dans l'angoisse d'un pronostic vital incertain, il passe ses journées sur le balcon de son appartement. Jetant un œil nouveau sur le ballet humain qui se joue là, en contrebas. Il assiste, passif, au manège de la vie, à l'écoute du cœur de Paris alors qu'il est en train de perdre le sien.

    Cela nous vaut, des vues rapprochées sur les rues qui se trouvent dans la ligne de fuite du balcon : la rue Gasnier-Guy (tant visitée par Parisperdu) et la rue Robineau. Mais les rues en pente de Ménilmontant et la position de sentinelle du héros sur son balcon offrent aussi de larges perspectives sur toute la ville, des vues magnifiques faites de vastes panoramas sur le Père Lachaise et sur l'ouest parisien, avec l'inévitable tour Eiffel, ... qui semble si loin ...

    Mais Paris, c'est tout à la fois: l'Est et l'Ouest, les petites rues ordinaires et les ensembles monumentaux, les gens simples et les nantis ...
    Tout cela est dans le film, ... et dans un grand tourbillon, Paris est en perpétuel devenir, car comme le dit un professeur d'Histoire spécialisé sur Paris, et interprété dans le film par Fabrice Luchini : " ça toujours été comme ça dans Paris, c'est qu'elle fabrique en permanence de la modernité sur ce conflit entre le vieux et le moderne."

    Le réalisateur Cédric Klapisch signe avec son film "Paris" le portrait éphémère d'une ville éternelle.

      

     


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  • C'est un lieu où l'on ne s'attarde pas, et où, au sens propre, on a naturellement tendance "à raser les murs". Car la rue Pajol, dans le 18ème arrondissement, présente un bien triste visage avec sa longue palissade de béton uniformément gris. Trois cent cinquante cinq mètres d'un mur sans fin masquant ce qui, au fil des ans, est devenue une friche industrielle sur les emprises d'un site de la SNCF.

    Cet espace abandonné attire tous ceux qui sont en galère. Sans domiciles, clochards, toxicomanes, dealers, marginaux, "crackers"... pour eux, cet étrange lieu - laissé depuis si longtemps à l'abandon - est un refuge...

    De la rue, on devine une structure métallique en forme de sheds, il s'agit de La Halle de 1926 qui abritait autrefois les services des Messageries et des Douanes. Un bâtiment caractéristique du quartier et qui présente sans conteste un réel intérêt architectural.

    En cours de réhabilitation, la ZAC Pajol conservera 10 travées, soit les 2/3 de la  Halle, pour y abriter une auberge de jeunesse, une salle de spectacles de quartier et une bibliothèque.  Près de 10 000 m2 d'espaces verts seront créés. Un collège, un gymnase et un IUT viendront ici améliorer l'offre d'équipements publics. Un pôle d'entreprises complètera aussi cet ensemble. Les livraisons de ces divers équipements seront échelonnées de 2009 à 2012.

    Et enfin, "cerise sur le gâteau", la conception et la réalisation de ces projets s'inscrivent dans une démarche de développement durable.
    Ainsi, la Halle "Messageries et Douanes" va devenir la plus grande centrale solaire jamais construite en centre-ville. Longue de 140 mètres, la halle sera entièrement couverte de   
    3 300 m2 de panneaux photovoltaïques et, en  2012, ils devraient couvrir la totalité des besoins en énergie électrique de la halle réaménagée.

    Aussi, gageons que dans quelques années, l'on s'attardera sur ces lieux ... et que, rue Pajol, l'on n'aura plus tendance "à raser les murs" ... Car tous les nouveaux équipements et la Halle-centrale solaire auront finalement remis en lumière un quartier qui, aujourd'hui encore, reste bien terne.


    >> 22 bis rue Pajol : Toutes les infos sur l'aménagement de la ZAC (1) (PDF) 

    >> 22 bis rue Pajol : Toutes les infos sur l'aménagement de la ZAC (2) (PDF) 

    >>  La Halle de 1926.

     

     


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  • Terrain vague : rue Jouye Rouve, Passage de Pékin -  Paris 20ème.

    La ville est en perpétuel mouvement. Avec la destruction d'immeubles ou de cités, une mémoire disparaît, des tranches de vie s'effacent. Mais le photographe peut contribuer, par le regard qu'il porte sur la ville, à conserver des traces, à faire en sorte que tout ne soit pas définitivement gommé, oublié ...

    Quand Charles Marville photographie les démolitions et les reconstructions haussmanniennes de la ville, il témoigne certes de la violence de la modernité mais aussi d'un élan, d'une énergie transformatrice. Le paysage urbain se recompose sous nos yeux. Les photos de Marville témoignent d'une capitale en plein développement.

    A l'opposé, chez Atget, la démolition est un irrémédiable gâchis qui ne préfigure rien. Immeubles éventrés, espaces laissés vacants par la destruction des bâtiments, décombres accumulés derrière les palissades, énormes étais soutenant des maisons tenant encore debout par miracle témoignent d'une ville meurtrie, éventrée, dont rien ne laisse deviner un éventuel avenir.

    Et aujourd'hui, qu'en est-il du regard contemporain sur la ville en chantier ?
    Quels regrets, quels espoirs, se dessinent derrière ces scènes de la ville ventre ouvert, derrière ces murs blessés, ces lieux dégradés, ces tours qui s'effondrent, ces bâtiments qui sortent de terre en quelques jours, ces quartiers qui émergent ? Quels nouveaux espaces urbains se dessinent à la lisière entre ville et banlieue ?

    Sur toutes ces questions, Parisperdu veut poser un regard personnel pour apporter quelques éléments de réponse. Avec, en quelque sorte, un peu de subjectif dans l'objectif ... du photographe.


    >> Charles Marville, Photographe de la ville de Paris de 1851 à 1879 ...

    >> Eugène Atget, le "Photographe archéologue".

    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Démolition des murs, démolition des vies ..."

     


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  •  
    Rue du Mâconnais - Paris 12ème

    Je décidais de hasarder mes pas dans ce décor fantôme, sans but précis, juste un peu curieux, ... anxieux aussi. Et surtout, attiré, aimanté par l'abandon souverain qui habite le lieu.
    Drôle de lieu d'ailleurs, presqu'un non-lieu ...

    Mais il me semble que quelqu'un est là ... alors que l'on n'aperçoit que ... quelque chose ! Alors oui, en fermant les yeux, on imagine aisément la vie de ce local aujourd'hui abandonné. On devine le tintement des bouteilles, l'omniprésente odeur du vin rouge qui vous prend à la gorge, la silhouette furtive d'un maître de chais ... Et toutes ces présences invisibles deviennent l'esprit de ce lieu désert.

    Mais maintenant ici, une autre vie a réellement repris, différente ... et bien plus ludique. Car c'est précisément dans ce bâtiment que le splendide Musée des Arts Forains a pris place...

    La reconversion des chais de Bercy est décidément une réussite !



    >> Visitez le site du musée des Arts Forains (Docu. INA)

    >> Voir aussi dans Parisperdu : Cour St Emilion

      

     


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