• Rue Jean Dolfus -  Paris 18ème / Démolition de l'ilôt : Rue Bonnet / Cité Durel – Juin 1997.


    A Paris, entre la porte de Saint-Ouen et la porte de Montmartre, "la Moskowa" désigne un secteur qui a connu une longue et difficile restructuration. Les urbanistes ont puisé cette appellation de "Moskowa" dans la biographie du maréchal Ney, héros de la Grande Armée, "prince de la Moskowa", dont le boulevard éponyme est tout proche.

     

    Le quartier de la Moskowa a été, des années durant, ce qu'il est convenu d'appeler un "territoire à requalifier". Et, comme dans beaucoup de quartiers en mutation, peu aménagés et habités par une population modeste ou défavorisée, la prostitution y a longtemps été tolérée. Dans ce "domaine d'activité", on trouve alors de tout à la Moskowa : des travestis maghrébins, des filles de l’Est, principalement des roumaines, des africaines … Mais à la Moskowa, il n’est pas seulement question de prostitution, on y rencontre aussi la petite criminalité et la toxicomanie de rue. Des passes, des bagarres et des agressions s'y déroulent quasi-quotidiennement.

     

    La Mairie du 18éme arrondissement est saisie du problème. Plusieurs réunions sont alors organisées entre les locataires, les bailleurs et les architectes coordonnant l’opération future de rénovation du quartier. Des parades sont alors mises en place: des rondes de maîtres-chiens vont surveiller quotidiennement le quartier dès la fin de la journée et toute la nuit et des grilles sont installées à chaque entrée des îlots, … autant d'essais pour reconquérir un territoire de vie.

    Les dealers répondent par différents tests, qui vont de la tentative de négociation à l’intimidation des maîtres-chiens. Les petites vengeances ne tardent pas. Dealers, toxicomanes et prostituées réagissent aux installations de sécurité par des actes de vandalisme.

    C'est l'enfer pour tout le monde, le quartier devient rapidement invivable, dans la perception constante d’un danger potentiel où se confondent pêle-mêle prostitution, proxénétisme, toxicomanie, pervers sexuels ou violeurs. La fermeture des jardins, conseillée par la police, s’avère peu efficace et les barbelés, installés ça et là, restent diversement appréciés des résidents, comme si les problèmes de toxicomanie et de prostitution finissaient par se matérialiser dans leur paysage quotidien.

    Dans ce contexte, le démarrage des travaux de démolition des îlots, en 2000, sera vécu par beaucoup comme une délivrance. La valeur immobilière du secteur avait soudain permis de générer un vaste projet de rénovation total du quartier.

    On allait enfin pouvoir respirer un air nouveau à la Moskowa ...


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Le quartier de la Moskowa"


     

     


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  • "Un jeune tagueur s'attaquait aux murs défraîchis, il dessinait de modernes hiéroglyphes, propres à emplir d'une magnifique poésie le paysage démantelé du quai d'Ivry …"
    Extrait de "Paris" de Jean Follain


    Il ya encore peu, le tagueur urbain était considéré comme un nuisible, un parasite qui "bombait" à tout va les murs de la capitale.
    Aujourd'hui, cet "art", (oui, ne parle-t-on pas d'art-urbain ou de "street-art" ?) est mieux considéré. Il atteint même des sommets dans la reconnaissance du public en étant actuellement exposé dans les prestigieuses galeries du Grand Palais.

    Quelques 300 œuvres des plus grands graffeurs internationaux, y sont accrochées.

    Tous sont mis sur un pied d'égalité formel : format unique et  thème unique, celui de l’amour. Et c'est une réussite, car beaucoup de ces œuvres sont tout à fait remarquables, et il y a là plein de talents à découvrir.

    Vu son succès, l’exposition est  exceptionnellement  prolongée jusqu’au 3 mai 2009.
    Courrez-y vite, vous ne pouvez pas être déçus …



     


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  • 39 rue de Belleville Paris 20ème.


    Paris change-t-il au fil du temps ?
    Baudelaire avouait que Paris change "Plus vite que le cœur d’un mortel", et précisait alors:
    "Paris change! Mais rien dans ma mélancolie

    N’a bougé! Palais neufs, échafaudages, blocs,

    Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie,

    Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs."

    Mieux qu’un long discours, ces quelques vers nous montrent comment une cité vivante évolue sans cesse, par proliférations successives. Et la légende se superpose aux faits car une ville comme Paris a toujours laissé la part belle à l’imagination.

    Paris muséifié, Paris embaumé, … déserté, dépeuplé, embourgeoisé : le refrain a été maintes fois repris depuis quelques années. Pourtant, il suffit d’être un observateur un peu attentif pour voir évoluer - parfois très vite - le paysage parisien.

    La démarche buissonnière de Parisperdu, guidée par le hasard à travers les quartiers Est de la ville, nous donne souvent à voir ces évolutions, tout en refusant la pure nostalgie car, comme nous le dit le poète américain Allen Ginsberg: "Vous ne pouvez échapper au passé de Paris, et ce qui est le plus extraordinaire à ce sujet, c’est que le passé et le présent s’entremêlent de façon si impalpable que ce n’est pas du tout un poids."

    Aussi, ne faut-il pas hésiter à s’aventurer dans notre Paris contemporain, pour voir, pour être sensible à cette ville qui bouge et qui se modifie sans cesse sous nos yeux … comme un être vivant !


    >> Qui est Allen Ginsberg ?



     


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  • Le "Figaro" nous propose, ces jours-ci, un drôle de sondage. La question posée, par ce journal, est la suivante :
    "Dans votre Paris idéal, quel monument souhaiteriez-vous voir disparaître ?"

    Pourquoi faudrait-il choisir qu'un monument disparaisse pour que Paris soit idéal ? L'idée de ce sondage est décidément bien étrange...
    En effet comment peut-on associer un idéal à une destruction de l'une des composantes architecturales de la capitale ?

    Je conseille aux membres de la rédaction du Figaro de réfléchir à deux fois avant de poser une telle question et de s'informer afin de mieux appréhender le sujet du patrimoine et de l'histoire architecturale de Paris.
    Rien qu'en Europe, ce n'est pas à Berlin, à Barcelone ou à Prague que l'on se poserait de telles questions. Visiblement, il y a encore du travail à faire du côté du boulevard Haussmann ...

    Pourquoi ne pas, plus judicieusement, demander à ses lecteurs quels seraient leurs besoins à satisfaire pour trouver la capitale plus attrayante ?
    Les différents projets du Grand Paris vont - eux - dans ce sens et sans jamais envisager de telles extrémités ...



    >> Le sondage du Figaro.

     


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  • La SUDAC, en mars 1996.

     

    La restauration de la SUDAC (Société Urbaine de Distribution d’Air Comprimé…), dans le 13ème, est symptomatique d'une époque. Désormais, on s'attache enfin à garder les traces du passé, notamment celles du passé industriel, pourtant encore récemment jugé peu digne d'intérêt.

    La transformation de la SUDAC en Ecole d'Architecture … est à ce titre exemplaire. L'identité de l'usine est préservée, des vestiges industriels sont conservés et enrichis. On y développe une architecture d'avenir, respectueuse du passé.

     

    Et cette logique de recyclage préside aujourd'hui à de nombreuses autres réalisations. "On construit avec le passé" répète souvent l'architecte-urbaniste Alexandre Chemetoff. Le passé, n'est plus une contrainte, mais une ressource pour les nouveaux projets. Le patrimoine historique n'est plus détruit, comme ce fut trop souvent le cas (se souvenir des Halles de Baltard …), mais intégré dans la matière même de nouveaux espaces publics ou de nouveaux bâtiments.

     

    La suite de l'histoire ?

    Elle se construit chaque jour tout près de chez vous, un peu partout dans Paris … sur le thème en vogue du développement durable. Un exemple, le musée du quai Branly, un bâtiment qui intègre le bois sur ses façades, de la végétation aussi, pour dire qu'il est temps de revenir à des matériaux naturels et qu'il faut penser aussi à notre planète …

    L'architecture raconte souvent les préoccupations de son temps.

     

     

    >> L'école d'architecture de Val-de-Seine

     

     

    >> Voir aussi sur Parisperdu :"Nouvelle vie en usines".

     

     

     

     


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