• La découverte des cours et des arrière-cours des immeubles Bellevillois a longtemps été l'un de mes "sports" favoris. Quitter la foule et les vrombissements de la rue pour pénétrer dans ces espaces paisibles et hors du temps, a toujours été pour moi l'une des expériences les plus gratifiantes que l'on puisse s'offrir dans Paris. A chaque fois, vous allez à la découverte d'un territoire inconnu, d'un monde invisible, inimaginable.

    Jusqu'au jour où il n'a plus été possible de pousser la moindre porte, d'ouvrir le plus petit des portails. Les digicodes s'étaient généralisés… Maintenant, ils vous interdissent à jamais tout accès vers la "terra incognita", et vous laisse pantois dans la rue, face à d'hermétiques façades …

    Bien sûr, la sécurité des biens et des personnes justifie sans doute cet équipement, mais il déshumanise profondément l'approche d'un quartier… On en vient à regretter la disparition des concierges et des gardiens d'immeubles dont la conversation était bien plus vivante que celle d'un clavier en acier brossé … Non, décidemment, digicode, tu n'est pas mon ami !

    Aussi, je reprends volontiers à mon compte ce couplet de MC Solar :

    " Naguère, les concierges étaient en vogue.

    Désormais, on les a remplacées par des digicodes…

    Dans ma ville, il n'y avait pas de parcmètres.

    Je voyais des ouvriers manger des sandwiches à l'omelette...

    L'air y était plus pur, Paris était plus beau "


    >> Voir aussi le sketch de l'humoriste Marc Jolivet qui met en scène un homme ivre souhaitant rentrer chez lui au milieu de la nuit en ayant oublié le code d'entrée.





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  • Grand Paris, "Projet de l'Atelier Castro Denissof Casi" 2009 /DR


    Après tout le "ramdam" politico-médiatique sur les dix projets du Grand Paris, je me suis longuement interrogé sur la question : Parisperdu doit-il aborder le sujet ?

    Ma première réaction a été qu'il valait mieux ne rien en dire … Mais beaucoup de mes amis, de mes lecteurs m'ont relancé, … un peu sur le ton : "Alors le Grand Paris, encore un pari perdu ?" Alors je m'y suis lancé.

    Il ressort, de tout ce que j'ai pu lire sur ces projets, que l'on cherche surtout à copier certaines capitales, alors que souvent, celles-ci … souhaiteraient plutôt nous ressembler !
    Que nous propose-t-on? Eh bien, des tours, encore des tours, ... beaucoup de tours !
    Mais si l'on regarde ce qui a déjà été fait un peu partout, je n'ai pas souvenir d'un quartier de tours d'habitation, dans le monde, qui soit agréable à l'œil et où il fait bon vivre, sauf bien sûr… sur la plaquette promotionnelle du projet.

    Laissons donc les tours à ceux qui, comme Abu Dhabi ou Dubaï, n'ont pas reçu le passé en d'héritage et dont les émirs, d'ailleurs, veulent importer "clé-en-main" les trésors culturels de Paris, que sont La Sorbonne ou le musée du Louvre.

    De surcroît, dans les projets du Grand Paris, on met surtout en avant des objets architecturaux, en oubliant les territoires. Tous les dysfonctionnements urbains de la région Ile de France n'ont donc pas servi de leçon... Les urbanistes ne devraient-ils pas, enfin,  précéder les ateliers d'architecture qui certes ont d'immenses qualités, mais pas celle de penser un espace global.

    Je conseille aux "architectes" qui se penchent sur le "Grand Paris du futur" de rendre visite au projet du "Grand Paris des années 50" : La Défense. Qu'ils interrogent les gens qui aujourd'hui y travaillent. Que pensent-ils des transports en commun qui les conduisent ici ? Avec leurs pannes incessantes, leurs retards, les grèves à répétition et une gare désuète, dangereuse … D'ailleurs, combien de temps met-on pour sortir de cette foutue gare, et même, … comment en trouvez les sorties ?
    Avant d'envisager des projets théoriques, penchons-nous sur ce qui existe.

    Quant à Antoine Grumbach qui veut faire aller Paris jusqu'au Havre, je lui conseil d'établir au plus vite un partenariat avec Renault, dont les sites industriels jalonnent la vallée de la Seine. Ils pourront, ensemble, réfléchir à la reconversion des usines d'automobiles déjà fermées, quasiment fermées ou prochainement en voie de fermeture : de l'ile Seguin à Sandouville, en passant par Flins et Cléon … Avec tout ce bâti, bientôt inoccupé, … la moitié du projet est déjà réalisé !

    De grâce, Messieurs les Architectes ne vous appropriez pas le nom prestigieux de Paris pour nous vendre une pseudo-nouvelle "Architecture Grand-Parisienne"!
    Allez plutôt montrer vos talents ailleurs, comme le fit Niemeyer en sortant du néant une ville toute neuve, un vrai défi... ! Ou comme le génial Gaudí, qui sût créer sans renier le passé, tout en conservant la démarche intime entre l'Art et l'Artisanat. Cette approche a l'avantage d'éloigner toute tentation d'échapper à l'échelle humaine, tout en respectant cet allié incomparable qu'est le monde végétal, où les grands arbres doivent rester grands et ne pas ressembler à des buis...

    Laissons donc Paris et ses alentours en paix, tout comme l'ont fait Rome, Venise, Florence, et j'en passe... Il s'agît là, de villes déjà faites... et bien faites !

    Après New York, "Big Apple", on espère éviter un autre "gros fruit" pour Paris, ce qui n'est pas sûr, tant on semble prendre les parisiens … pour des poires !
    Avant que tout cela ne vire au cauchemar,... vite, pincez-moi, je rêve …


    >> Le grand Paris, site officiel.

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Le Grand Paris ou comment changer … d'aire ?"

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Des tours à Paris : pour quoi faire ? "

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Jean Nouvel conservera l'ancien …"


     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Place des Fêtes Paris 19ème - Juin 2005


    En sortant du métro "Place des Fêtes", on débouche sur cette fameuse place, et là, ce n’est vraiment pas la fête … !
    Quelque soit l'endroit où vous portez le regard, vous vous sentez littéralement écrasé par toutes ces tours … qui vous entourent.
    Franchement, cette grande place sans âme est laide, sinistre, sur-bétonnée … et de surcroît l’atmosphère n'y est pas des plus légères, tant les incidents de voisinage ou inter-bandes y sont nombreux.

    Construite en 1836 pour les réjouissances des Bellevillois, nombreux sont ceux, aujourd'hui, qui estiment que la place des Fêtes a été assassinée par de pseudo-urbanistes.
    Dans les années 70, la place sera en effet, défigurée par le courant de "rénovation" qui déferle sur certains quartiers de Paris. On assiste alors à la  destruction des immeubles modestes et des ilots caractéristiques de l'habitat populaire, les espaces verts disparaissent sous une marée de béton, de tours, de barres et de parkings … Cet urbanisme forcené va définitivement défigurer la place des Fêtes, et la multiplication des  tours de 18 à 24 étages, va lui donner un aspect architectural pas très flatteur.

    La place sera réaménagée en 1995.  L'aménagement final résultera d'un compromis bancal, entre certains commerçants qui ne voulaient pas de bancs (pour éviter les indésirables), le maire qui voulait des arbres, les riverains qui ne voulaient pas des gradins de l'architecte qui les avaient conçu comme une agora pour organiser des … fêtes ! On y ajoutera une fontaine en forme de labyrinthe (encore du béton …) et un pseudo-obélisque translucide et illuminé la nuit … Bref, là encore, rien de très … festif.

     

    Le charme résiduel de la place des Fêtes réside dans le marché qui s'y tient trois matinées par semaine, et par quelques immeubles anciens qui évoquent encore, au sud-ouest de la place, la physionomie disparue d'un coin de Paris, très populeux et populaire.


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Place des Fêtes"

     

     

     

     


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