• Station de métro Haxo, avec à droite l'emplacement de l'escalier qui ne sera jamais percé.

    Photo : copyright  EXTRAORDINAIRE-URBAIN – Martin Loyer.

    Il y a quelques années, les plans du métro parisien mentionnaient encore des stations avec ce renvoi en bas de page : "Stations fermées".
    Cela m'a toujours intrigué.
    L'explication est due au fait qu'en septembre 1939, au début de la seconde guerre mondiale, le gouvernement met en application un service réduit sur le réseau métropolitain. Seules 85 des quelques 300 stations parisiennes demeurent ouvertes à l'exploitation. Toutes rouvrent dans les années qui suivent la fin du conflit, sauf quelques-unes considérées comme peu fréquentées, peu rentables et qui resteront fermées. Il s'agit de celles que mon vieux plan de métro mentionnait en bas de page: Arsenal, Champ-de-Mars, Saint-Martin et Croix-Rouge.

    Un voile de mystère et de fantastique entoure ces stations de métro abandonnées et que l'on peut encore aujourd'hui apercevoir depuis une rame. Mais il y a encore plus mystérieux … et c'est le cas de la station de métro "Haxo".

    Les stations Porte des Lilas (ligne 3) et Pré Saint-Gervais (ligne 7bis) auraient dû être reliées entre elles dans les années vingt. La ville de Paris soutenait cette idée, mais la CMP, l'ancêtre de la RATP, n'y voyait que des inconvénients et des résultats peu profitables.
    Les tunnels furent néanmoins construits et les voies posées. Une voie unique (surnommée "la voie des Fêtes") relie alors la Place des Fêtes à la Porte des Lilas et une station intermédiaire est construite, c'est la station "Haxo".
    Pour le trafic dans le sens inverse, une autre voie est aussi construite reliant directement Porte des Lilas à Pré Saint-Gervais, sans station intermédiaire, c'est la voie navette.

    Finalement, la liaison commerciale ne sera jamais mise en service, ... mais la station Haxo existe bel et bien, sauf qu'elle n'a jamais accueilli le moindre voyageur, et pour cause … elle est dépourvue d'accès vers l'extérieur !

    Toutefois, cette situation n'est peut-être pas définitive … car la fusion des lignes 3 bis et 7 bis est de nouveau à l'étude pour une mise en service au plus tôt en 2013.
    Ce raccordement réutiliserait probablement la voie des Fêtes et la voie navette, permettant enfin l'ouverture au public de la "station virtuelle" Haxo.



    >> Extrait du plan officiel du réseau de la RATP.

    >> En savoir plus sur les stations fantôme du métro parisien.

     

     

     


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  • Carrefour des rues de l'Escaut, Curial et Labois-Rouillon – Paris 19ème.

     

    De tout temps, il y a eu des bandes à Paris, plus ou moins organisées, plus ou moins violentes, souvenons-nous de la bande à Bono, des Apaches, des Blousons noirs, des Hell Angels, des bandes de la CGT … la liste serait longue.

     

    Aujourd'hui, le sujet fait un retour en force au premier plan de l'actualité, avec le recensement que vient de publier la Ministre de l'Intérieur. Sur le territoire métropolitain, dans les quartiers, les bandes sont au nombre de 222, dont près de 80 % en région parisienne, regroupant quelque 5000 membres permanents ou occasionnels dont 47 % sont des mineurs.

     

    A Paris, ce sont surtout les arrondissements orientaux qui sont concernés, en particulier le 19ème avec les Bandes Reverdy-Moselle, Curial-Cambrai, Pinot-Solidarité et la Bande Chaufourniers. Dans les arrondissements du sud, c'est le 13ème qui occupe le haut du pavé, avec les Bandes de la Place Souham, du Colonel-Dominé / Paul-Bourget,  de la Brillat et la Bande de la Dalle des Olympiades.

    Ces bandes sont constituées en grande majorité de gens désocialisés et cette désocialisation se marque par des attaques contre tout ce qui représente l'autorité, l'Etat et notamment la police. La bande occupe des territoires et "certains" voudraient qu'ils échappent aux policiers, notamment les territoires où il y a des trafics de drogue. En dehors, ou en complément de ces trafics, on constate dans ces quartiers, une pratique quotidienne de vols à main armée et un climat de violence entretenu par un certain nombre de jeunes ou de moins jeunes.

    Les affrontements entre bandes sont la manifestation la plus visible de leur existence. Ils donnent lieu alors, à des explosions de violence au cours desquelles l'usage des armes blanches ou à feu est de plus en plus fréquent. Dans le 19ème, la rivalité entre les gangs  Reverdy-Moselle et Curial-Cambrai, deux cités ennemies, entraine de nombreux règlements de compte qui peuvent parfois prendre des tournures tragiques.

    Sur la toile, on peut parfaitement suivre leurs activités et leurs faits d'armes. Car souvent, les bandes disposent de blogs où elles se racontent, menacent leurs ennemis ou diffusent photos et vidéos provocatrices.

    Le sentiment d'avoir constitué des territoires interdits aux personnes extérieures est un dénominateur commun de ces blogs, qui relèvent presque tous de la galaxie des Skyblogs.

    Là, avec un haut niveau de violence verbale, des jeunes de cités difficiles rivalisent pour déterminer quel est le quartier de France le plus craint, "le plus chaud" ou "le plus ghetto".

    Comme des dizaines d'autres blogs, le skyblog des "Reverdy-Moselle" se vante ainsi d'une descente effectuée dans la cité concurrente, celle de la "Curial-Cambrai" en l'occurrence, photo à l'appui. L'écriture, difficile à déchiffrer, est un mélange de verlan, d'argot, avec utilisation du langage SMS et une accumulation de fautes d'orthographe, jugez plutôt:

    "On é alé la bas, on é passer, ya pas eu de probleme, on c pozé la bas, maintnant il peuve pas nié, g penser a prendre les foto", assure le blogueur. Une attitude raillée par ceux de la "6T Curial-Cambrai " dans leurs commentaires : pour eux, la descente était fictive, trop rapide pour donner lieu à un affrontement.
    Au travers de ces blogs s'expriment une grande fierté et un puissant sentiment d'appartenance à chacune de leur "tess" (cité)  … mais sans jamais faire aucune concession à la "tess" rivale  …. Il n'y a pas de quartier pour les bandes !

     

     

    >> Belleville : de la déliquescence à la délinquance ...

     

    >> "C'est déjà ça …"

     


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