• 19 rue du Capitaine-Tarron - Paris 20ème.


    A quelques pas du boulevard Mortier et de la porte de Bagnolet, c'est la "La Campagne à Paris", un quartier privilégié autour de quelques rues perchées.

    Dans les bucoliques rues Jules Siegfried, Géo-Chavez, Irénée-Blanc...  règnent un calme insoupçonnable, autour de maisons recouvertes de vigne vierge et de glycines …
    Ces rues sont circonscrites par deux "Capitaines". Ferber au nord et Tarron au sud, mais ces militaires ne sont pas assez martiaux pour contrer l'humeur champêtre de leurs rues.

    La rue du Capitaine-Tarron forme un quart de cercle, elle est à la fois si proche de l'animation de la place de la porte de Bagnolet, et si loin, tant son apaisante courbe croule sous une profusion de verdure et de rosiers en fleurs.

    Au dernier étage, les "chiens assis", avec leurs volets mi-clos pour garder la fraîcheur, semblent monter la garde et défendre la quiétude du secteur.

    Le promeneur qui s'aventure ici, semble être hors de Paris et l'amateur de maisons … fulmine de ne rien trouver à acheter même à bon prix.



    >> La Campagne à Paris déjà sur Parisperdu.

     

     


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  • Rue de la Cloche Paris 20ème - Juin 1994


    En descendant l’avenue Gambetta, on débouche sur la place Martin Nadaud. Derrière cette place, entre la rue de la Bidassoa et la rue Sorbier, en haut d’un talus herbeux, se trouve un jardin tout récent.

    Ce jardin, c'est le square du Docteur Joseph Grancher appelé plus familièrement "Cloche-Bidassoa". Situé sur le flanc sud de la colline de Belleville, il porte encore les traces de son passé : les allées du jardin reproduisent le tracé des anciennes rues pavées: les rues de la Voulzie, Westermann et la rue de la Cloche.

    Cette fameuse rue de la Cloche doit son nom à une ancienne fondrière aussi appelée "cloche à l’eau". Cette fondrière va avoir de lourdes conséquences, lorsque l'on envisage de requalifier un quartier fort décati … Les promoteurs immobiliers sont alors face à terrain bien trop fragile pour y construire de grands immeubles, la rentabilité ne sera pas au rendez-vous … aussi vont-ils abandonner la partie. Ce micro-quartier autour de ces trois rues, habitées par de "petites gens", verra alors ses modestes édifices totalement rasés. Mais n'aurait-on pas pu les réhabiliter ?

    C'est du moins ce que pense Anna que je rencontre sur les lieux.
    Elle arrive de Tel-Aviv pour revoir l'immeuble où ses parents habitaient, dans les années 40. Elle a en poche une adresse : 7 rue de la Cloche, Paris 20ème.

    Sur le petit tertre désert, dans ce jardin où semble avoir été enterré le micro-quartier de la Cloche, Anna est désemparée, son regard cherche un indice, une trace du "7 rue de la Cloche" … mais il ne reste rien … seuls peut-être, au sol,  les pavés des rues anciennes, mais ils semblent si fraîchement assemblés que l'on peut douter qu'ils s'agissent des originaux …

    Anna me révèle que ses parents ont été arrêtés là en 1942, alors qu'elle - toute gamine - avait été placée en "zone libre". Elle ne les a jamais revus …
    C'est alors que, face à ce quartier disparu, elle me fera cette terrible remarque :

    "Maintenant, je sais, qu'ils vont mourir une dernière fois … !"



    >> Voir aussi : Trop tard …!

    >> "Je reviens d'un lieu qui n'existe plus …"

    >> Une rue de Paris qui a été totalement rayée de la carte …

    >> Rue de la Cloche.

    >> Le secteur Cloche-Bidassoa aujourd'hui: square du Docteur Joseph Grancher.



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  • Simone Signoret dans "Casque d'or" -1954- Photo DR: "The Artist ©"

    "Paris des femmes célèbres" vient d'être publié aux Editions du Chêne.
    L'Editeur m'en fait parvenir un exemplaire et me demande d'en parler sur Parisperdu.
    Ce que je fais bien volontiers, d'autant que l'ouvrage est original et de qualité.
    Il permet en effet de découvrir Paris autrement, en présentant chaque grand lieu historique de la capitale avec la femme qui y a laissé son empreinte.

    L'ouvrage est organisé par arrondissement, aussi je me précipite en fin de volume pour y retrouver mon cher 20ème. Dernière page de l'ouvrage : Simone Signoret et le jardin Casque d'or, je me dis : "pas mal" !

    Seulement voilà, petit problème : le jardin n'est pas celui auquel l'on pouvait s'attendre !

    Le site, choisi dans l'ouvrage, le jardin Casque d'or, est un endroit qui n'a rien du "grand lieu historique" et de surcroît pas très glamour … Ce jardin, situé rue Michel de Bourges, une rue trop bien rénovée, bordée d'immeubles sans charme … n'a en effet rien à faire avec l'amour impossible, marqué par le destin, que portent à l'écran Signoret et Reggiani …

    On est bien loin du jardin de la maison de Leca et de ses apaches … et l'on aurait préféré que la grande comédienne fut associée au 44 rue des Cascades, au cœur du vieux Belleville, exactement là où fut tourné le film de Jacques Becker.

    Encore deux petites remarques pour clore mes commentaires sur ce livre au final agréable et instructif.
    Tout d'abord, on pourrait souhaiter que chacune des "femmes célèbres" ait eu droit à son portrait-photo, car si l'on n'a pas de mal à visualiser Edith Piaf ou Simone de Beauvoir, … il n'en va pas de même pour Olympe de Gouges, Bertie Albrecht et bien d'autres…

    Enfin, il est dommage que la localisation des sites retenus ne figure pas sur les plans qui illustrent chaque arrondissement.

     

    >> Paris des femmes célèbres, aux Editions du Chêne.

    >> Le "vrai" jardin de Casque d'or, au 44 rue des Cascades.

     

     


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  • 16 rue de Nantes - Paris 19ème. (juillet 1997)


    Après Maurice Merleau-Ponty, Michel de Certeau, Georges Perec et Italo Calvino, Olivier Mongin s'intéresse à la ville à l'heure de la mondialisation.
    Dans son ouvrage: "La condition urbaine", Mongin appelle à la réflexion : l’Urbain définit désormais notre "condition", la ville est devenue notre environnement "naturel" et les enjeux de société possèdent, inévitablement, une forte dimension urbaine.

    Aujourd'hui, la "question urbaine" ne définit plus un domaine isolable. Elle n’est pas tout, mais elle est partout. Car avec la mondialisation, nous voilà projetés dans "l'après-ville ", dans le "post-urbain ".

    A Paris, nous étions habitués à voir la ville comme un espace circonscrit par l'anneau du périph' et dans lequel se déroule une vie culturelle, sociale et politique rendant possible une intégration civique des individus ... Nous voici maintenant confrontés d'un côté à des métropoles gigantesques et sans limites, et de l'autre au surgissement d'entités globales, en réseau, coupées de leur environnement.

    Parallèlement, la dynamique de la ville voit deux processus à l'œuvre: celle des quartiers en difficulté, mais aussi celle des retrouvailles d’une partie des "classes moyennes" avec la ville dense, un processus que l'on peut résumer par le terme, réducteur, de "gentrification".

    Et c'est bien ces contradictions en mouvement, qui rendent passionnante l'approche de la ville aujourd’hui.

    Mais la reconfiguration en cours suscite l'inquiétude : allons-nous assister au déclin irrémédiable des valeurs urbaines qui ont accompagné l'histoire européenne ?
    La fragmentation et l'étalement chaotique vont-ils inéluctablement l'emporter ?
    Sommes-nous condamnés à regretter le Paris des Lumières, la grande ville du 19ème siècle ?
    A une époque où l'information s'échange immatériellement selon des flux plutôt que dans des lieux : comment, dans ces conditions, refonder un lieu urbain accordé à notre temps ?
    Tel est le défi proposé par la mondialisation à Paris comme aux autres grandes métropoles.



    >> La Condition urbaine, par Olivier Mongin.

     

     


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  • Hall de l'immeuble 5C, dans l'un des quartiers Nord de la capitale.
    Mouss est au centre de l'image.


    On les appelle les "hitistes", littéralement les "teneurs de murs". Leur  nom est dérivé du mot “hit” qui en algérois signifie “mur”.
    Est hitiste, un jeune de sexe masculin, chômeur, adossé toute la  journée à un mur parce qu’il n'a pas plus d’espace personnel au domicile familial que d’espérance d’évolution dans la société. Le hitiste revient toujours squatter le mur nourricier qui l'a vu grandir, lui et ses congénères.

    En ce matin d'hiver, je pars dans les quartiers Nord de la capitale, à la rencontre de jeunes en galère, collectionneurs au mieux de petits boulots et tous marqués par l’échec scolaire.

    Je finis par croiser Mouss, 21 ans, qui cherche la voie qui lui permettrait de couper le cordon ombilical avec "les murs de chez lui" …

    Mouss est là, depuis des années, du matin jusqu'au soir, avec ses potes hitistes. Collés au mur toute la journée, ils regardent passer la vie …

    Mouss n'a jamais travaillé, n'a connu que l'ennui, le chômage, la petite délinquance aussi un peu… et les problèmes de logements: ils sont 8 dans le petit 3 pièces familial, … alors il est tout le temps dehors. Et il ne peut même pas déménager, "j'habite dans mes vêtements" dit-il, un brin désabusé.

    Alors Mouss n'en peut plus, depuis des années et des années il veut partir … ailleurs, n'importe où, mais ailleurs, … là  où il y aurait des activités et des occupations autrement plus épanouissantes …
    Mais il est où, cet ailleurs ?


    >> "C'est déjà ça …"

     


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