• Les rues Milton (à gauche) et de la Tour d'Auvergne (à droite) - Paris 9ème (2009)


    Au coin de l'étrange rue Milton et de la rue de la Tour d'Auvergne, je découvre un tunnel qui traverse toute l'épaisseur du seul immeuble assez récent de la rue (années 60, probablement), et qui débouche sur une cour assez spacieuse. Pourquoi étrange ? Parce qu'elle bifurque à cet endroit.

    Il existe ainsi dans Paris plus d'une rue que l'on reconnaît aussitôt comme parisienne et d'autres qui semblent extraites d'une ville inconnue.
    Pour la rue parisienne des quartiers de l'Est, la déclivité joue souvent un rôle indispensable, tout comme certains décochements ou une absence de style défini pour un grand nombre d'édifices.

    Pénétrer dans ces édifices n'est pas simple et parfois je me trouve assez désappointé de ne pouvoir pénétrer nulle part. Toutes ces portes n'obéissent qu'à des codes qu'il faut connaître et, s'y engouffrer sur les talons d'une personne qui le possède, c'est fatalement provoquer des soupçons … ou pire.

    Et puis voilà, il arrive que parfois ça fonctionne, c'est-à-dire que le code de ce portail n'était pas encore branché et souvent alors je débouche sur des passages cachés ou des cours insoupçonnées dont cet arrondissement garde encore jalousement le secret.
    Aussi souvent mes pas me guident-ils vers ce 9ème arrondissement: sans doute, l'attirance des lointains mal connus …



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  • Métro Barbès _Paris 18ème _Mars 2011 (© Photo: Action Barbès)


    Au métro Barbès, le samedi, mais aussi aux portes Nord et Est de Paris, comme à la Porte Montmartre, par exemple, se tiennent des marchés d'un nouveau type.

    Depuis longtemps, on pouvait trouver-là des vêtements, des chaussures, des couches culottes, … mais maintenant ce sont des produits alimentaires que l'on y vend et achète, à la sauvette.
    50 centimes le camembert, ou la boîte de petits pois … on y revend aussi des produits avariés ou dont la date limite de consommation est largement dépassée …

    On se bagarre pour une place, c'est un marché sans foi ni loi, où la communication est difficile car les vendeurs s'expriment souvent uniquement dans la langue de leur pays d'origine. La police les chasse parfois mais ils se déplacent alors seulement de quelques mètres. Et, pour ne pas être pris en flagrant délit, il suffit de ne pas déballer la marchandise.

    D'où viennent ces produits ?

    Souvent, ils ont été trouvés à la poubelle. Mais certains revendent les dons qu'ils ont obtenus auprès des Restos du cœur ou du Secours populaire … D'autres vont encore plus loin pour gagner plus: ils volent dans les magasins des denrées plus haut de gamme et les revendent à moitié prix, faisant fi de la loi qui punit le vol à l'étalage d'une peine de 3 ans de prison. Car souvent pour les vendeurs de ces marchés de la misère, il s'agit d'une question de survie, pour compléter de maigres allocations ou une petite retraite. Les plus actifs peuvent ainsi gagner jusqu'à 200 € par mois.

    Mais qui achète ?

    C'est une clientèle d'habitués : des chômeurs, des sans-papier, des personnes âgées sans beaucoup de ressources … l'hygiène ou la qualité des produits n'est pas leur souci premier; le prix par contre, oui …
    Et le business n'est pas prêt de s'arrêter car, initiés à Paris, ces marchés fleurissent désormais dans toutes les grandes villes de France.
    Quand on sait que le pourcentage des français qui vivent sous le seuil de pauvreté est en constante augmentation depuis 4 ans, les marchés de la misère semblent, malheureusement avoir de l'avenir.



    >> Déjà sur Parisperdu: "Carré des biffins".

     

     

     


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