• Plan de Paris au temps de Rutebeuf (1223)

    Rutebeuf (ou Rustebeuf en ancien français) est un poète du Moyen Âge, né à une date inconnue et probablement mort vers 1285.

    Rutebeuf est un poète "personnel", car il est l'un des premiers à nous parler de ses misères et des difficultés de sa vie.

    Parmi ses vers les plus célèbres on trouve ceux issus des Poèmes de l’infortune :

    " Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus, et tant aimés ... "

    Léo Ferré en a fait une chanson qu'il a intitulée "Pauvre Rutebeuf", un titre repris par de nombreux artistes.

    Si on ne sait quasiment rien de la vie de Rutebeuf, sauf qu'il était trouvère, un peu jongleur et avait une formation de clerc, on sait par contre avec certitude qu'il a vécu à Paris.

    Et, dans "La Pauvreté", il écrit:

    "A Paris suis entre tous biens
    Et nul n'y a qui y soit mien."

    Qui transposé en français moderne donne:

    "A Paris, je suis au milieu de toutes sortes de biens, mais aucun ne m'appartient …"

    Rutebeuf est donc l'un des premiers témoins de la ville. Il peut même être considéré comme le symbole de la contestation d'un urbanisme inhumain, axé sur le profit, et d'une aberration dénaturant le patrimoine ancien.

    Tiens, tiens, … déjà ?


    >> En savoir plus : "Errances et parcours parisiens de Rutebeuf à Crevel" par Jeannine Guichardet (aux Editions Presse de la Sorbonne Nouvelle)


    >> Evolution de l'urbanisation de Paris entre l'an 1150 et l'an 1300.

     



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  • Pont de la rue Arthur Rozier - 75019 Paris (Juillet 1997) 

    C'est un lieu comme seul l'Est Parisien sait nous en montrer: un jeu de dénivelés qui donne aux rues une configuration toute particulière, avec ici au niveau inférieur la rue de Crimée et en surplomb, la rue Arthur Rozier.

    Vue du pont qui enjambe la rue de Crimée vous pouviez découvrir il y a encore peu de temps, en enfilade, les ateliers des petites industries qui ont fleuri ici jusque dans les années 70.


    Le travail du métal était la spécialité du coin: étameurs, zingueurs, décolleteurs … étaient alors ici les métiers les plus répandus.

    Aujourd'hui le secteur a été sévèrement restructuré: exit les ateliers … et, à la place on a édifié des immeubles, beaucoup d'immeubles … qui ont complètement anéanti l'ambiance villageoise du quartier.

    Il faut dire que l'appétence des bobos pour les abords du Parc des Buttes Chaumont, a fortement stimulé la demande de logements dans ce coin du 19ème.

    Ainsi, au 21 de la rue de Crimée, à deux pas des stations de métro Botzaris et Place des Fêtes, "Les Patios Parisiens" forment un ensemble de trois immeubles à l'architecture résolument contemporaine. Ils accueillent une cinquantaine d'appartements organisés autour de patios intérieurs ... c’est l’argument exotique qui fait vendre ! Mais les lois sur l'investissement locatif, y ont dicté leurs règles, … le programme est vendu "à partir de 6800 euro le m2", soit aux alentours de 800.000 € pour un T4.

    Les décolleteurs, les zingueurs et autres ouvriers de l'usine d'emporte pièce "Pelletier et Jaminet" ont depuis longtemps quitté les lieux, … de toute façon, à ce "tarif", ils n'auraient pas pu s'y loger!


    >> Kaufman et Broad annonce le programme qui occupera le "dernier carré" …

    >> Le fabriquant d'emporte pièce PELLETIER & JAMINET s'est délocalisé … dans l'Orne.

     



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  • A Paris, le bassin de la Villette était l'un des lieux préférés de Jacques Prévert. 
    Dès 1932, il y entraine Brassaï qui est toujours à la recherche d'insolites clichés de Paris la nuit.

    Brassaï écrit à ce sujet: "Je passai aussi quelques nuits dans les parages du bassin de la Villette avec Jacques Prévert, où nous jouissions de cette "beauté dans le sinistre", comme il aimait appeler le plaisir que suscitaient en nous ces quais désolés, ces rues désertes, ce quartier déshérité, hérissé de grues, parsemé d'entrepôts et de docks".

    Quatre ans plus tard, en 1936, Prévert est de nouveau dans les parages, au côté de Carné, pour le tournage du premier film issu de leur collaboration: "Jenny". Plusieurs scènes de ce film sont tournées là, en décor naturel, tout autour du bassin de la Villette et du canal de l’Ourcq.
    Plus tard, on retrouvera les mêmes lieux filmés au naturel ou en décors reconstitués par Trauner, dans "Les Portes de la Nuit".
     
    Ce secteur de Paris sera toujours très présent dans les films de Carné, et ses héros déambuleront souvent près du pont de la rue de l’Évangile et de son calvaire, au pied des gazomètres, ou sur le pont-levant de la rue de Crimée ou encore le long du canal de l'Ourcq avec sa baraque sur laquelle il est écrit : "Secours aux noyés"!

    Toute une époque … que l'on visualise exclusivement en noir et blanc, bien sûr !

     

    >> Le bassin de La Villette vu par Brassaï (1932)

    >> Jacques Prévert, photographié par Doisneau au Pont de la rue de Crimée (1955)

     



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  • En 2002, Les Editions du Mercure de France ont lancé la série "Le goût de ", et depuis lors c'est plus de 160 titres qui ont été publiés sous le logo du "Petit Mercure". Il s'agit d'anthologies littéraires consacrées à des villes, à des régions, à des pays …
    Et aujourd'hui, un nouvel opus vient de sortir des presses. Il est consacré à Paris, et s'intitule "Le goût du Paris insolite".

    Avec Venise, Paris est sans doute la ville du monde qui a inspiré le plus d'auteurs: de François Villon à Marcel Proust … de Jacques Prévert à Ernest Hemingway … mais aussi d'infatigables arpenteurs de cette ville : Léon-Paul Fargue, Jacques Réda … et bien d'autres.

    Au travers de courts textes d'auteurs, choisis et présentés par Jean-Claude Perrier, c’est un tout autre Paris que ce petit - mais précieux - volume nous invite à découvrir.

    Un Paris inattendu, bizarre, mystérieux, caché – en un mot insolite !

    Un regret peut-être, l'absence de Georges Perec qui, lui aussi, n'a pourtant pas son pareil pour nous immerger dans d'insolites secteurs de la capitale …

    A découvrir au plus vite …


    >>  Le Goût du Paris insolite, sur le site du "Mercure de France".

     



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  • Avenue du Maine, 1932 - © Brassaï

    A l'Hôtel de Ville, l’exposition "Brassai, pour l’amour de Paris" vient d'ouvrir ses portes. C'est une rétrospective de l'œuvre de cet immense photographe qui a entretenu, durant toute sa vie, une relation passionnelle avec Paris.

    Ce jeune hongrois est venu dès l'âge de 4 ans à Paris et s'est juré d'y revenir adulte.
    En 1924, il revient en effet à Paris. Il a 25 ans, mais il a aussi avec lui des photos du Paris des années 1900, des photos qu'il a collectionnées pour se souvenir de son premier passage à Paris.
    Ces photos agissent sur lui comme des images mentales, des images latentes qu'il va plus ou moins consciemment utiliser lorsqu'il va commencer à photographier Paris en 1929.

    Il se promène dans la ville, de jour comme de nuit, surtout la nuit, seul ou accompagné, dans des endroits étranges, à la marge …
    La nuit, il photographie ces lieux insolites, sans lumière ajoutée, avec la seule lumière de la ville. De ce travail, sortira en 1932, un ouvrage de référence de la prise de vue nocturne: "Paris de nuit". La qualité des lumières, des contrastes, des dégradés de gris font émerger de ces clichés un Paris finalement peu daté, un Paris éternel.
    Pour moi, Brassaï, c'est cela : c'est Paris la nuit … et à ce jour personne n'a pu l'égaler sur ce thème.

    L'exposition de l'Hôtel de Ville montre bien d'autres facettes de Brassaï : sa relation avec Picasso, le cirque, les Folies-Bergères, et aussi de sublimes photos de nues …

    En 1960, Brassaï publie "Graffiti". Ce livre, fruit de trente ans de recherches, d'exploration des murs parisiens, propose le graffiti comme une forme d'art brut, primitif, éphémère.
    C'est sans doute la première fois que l'on évoque le graffiti comme un art … D'ailleurs Brassaï disait : " Le mur à Paris, est le plus grand musée du monde"

    Ainsi, par quelque côté que l'on examine son œuvre, on y retrouve Paris, toujours Paris.
    A voir absolument …


    >> L'expo. Brassaï : où et quand ? …

    >> Brassaï, déjà sur Parisperdu.

     



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