•  ZAC de la Gare de Rungis _Paris 13ème. (avril 2010)

    L'urbanisme et son vocabulaire évoluent rapidement sous l'effet du changement des modes de vie et d'une production législative surabondante. Souvent ici, nous nous faisons l'écho des démolitions, des bouleversements de certains secteurs du nord-est de la capitale, aussi nous a-t-il semblé utile de préciser la signification des termes les plus usités dans le domaine de l'urbanisme.

    Ce petit lexique fournira aussi quelques clefs pour la compréhension de la logique de mutation urbanistique de certains quartiers de Paris.

    Aménagement urbain : L’aménagement urbain ou urbanisme est un champ disciplinaire et professionnel recouvrant l'étude du phénomène urbain, l'action d'urbanisation et l'organisation de la ville et de ses territoires. Les personnes qui exercent ce métier sont des urbanistes. 

    Réhabilitation : il s'agit de l'amélioration d'un bâti déconsidéré par son mauvais état, en améliorant les toitures, les façades, le confort sanitaire ... En termes d'urbanisme, la réhabilitation ne se confond pas avec la restauration (qui implique le retour à un état initial, en général de qualité), ni avec la rénovation (qui n'est ni plus ni moins qu'une opération de démolition-reconstruction).

    Rénovation : mot improprement utilisé (mais adopté par l'usage et la réglementation) pour la "démolition-reconstruction". La rénovation qui concerne en général tout le bâti d'un quartier peut être motivée par la mauvaise qualité des bâtiments ; par leur inadaptation, qui conduit à remplacer des usines abandonnées par des logements, des logements vétustes par des bureaux ou des logements neufs ; par leur insuffisante occupation du sol ou par leur inadaptation à la circulation automobile, notamment dans les quartiers d'affaires. La rénovation a notamment existé à Paris sous Haussmann, puis dans les années 1960-1970 sous l'influence des idées du mouvement moderne. Les critiques formulées à l'égard de la "rénovation-bulldozer" (exil des anciens habitants, uniformisation sociale de Paris, fortes densités, opposition d'échelle et de style entre le tissu ancien et les quartiers rénovés...) ont conduit les aménageurs à favoriser davantage la réhabilitation depuis une dizaine d'années, même si celle-ci réclame plus de délicatesse, de complexité, de lenteur (exemple du musée d'Orsay, après l'échec des pavillons Baltard des Halles).

    ZAC : (Zone d'aménagement concerté) : procédure d'urbanisme opérationnel instituée en 1967. Elle tirait les conséquences de l'échec des ZUP, "zones à urbaniser en priorité", qui avaient été utilisées dans les années 1960 pour de très grandes opérations de logement. Les ZAC limitaient la taille des opérations, permettaient la construction d'activités polyvalentes (logements, activités, équipements collectifs …), organisaient la concertation entre l'Etat (qui finance le logement social, obligatoire pour 20 à 50 % des logements), les communes, les organismes aménageurs (publics ou privés) et les propriétaires privés. Les ZAC doivent être réalisées dans les zones urbaines (ou à urbaniser) du POS, mais elles peuvent le remplacer par un plan d'aménagement de zone (PAZ).


    >> Lexique d'urbanisme … plus développé.

    >> "Démolition" , n°1 dans le nuage des tags de Parisperdu ...

     

     


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  • 1 rue de Thionville Paris 19ème (juin 1997) 

    Paris, 1997, loin des constructions nouvelles, c'est un morceau du Paris ancien que l'on découvre ici. Intact.
    Mais pour combien de temps encore ?

    Car il faut bien dire que les quartiers populaires de Paris sont l’objet de toutes les convoitises, celles des promoteurs immobiliers bien sûr, mais aussi celles de projets publics d’urbanisme et enfin celles de démarches individuelles visant à satisfaire l'accès à la propriété de la classe "moyenne-sup", que d'aucuns nommeront "bobos".
    C'est donc au nom de la “mixité sociale” que les pauvres sont virés des quartiers populaires.

    Cette gentrification est-elle un projet politique ou un processus social naturel et inéluctable ?
    Sommes-nous nous-mêmes les acteurs de cette gentrification ?

    A Paris, depuis une vingtaine d'années, l’espace urbain est profondément remodelé. Ces transformations sont dictées par des aspects sécuritaires (fermetures d'impasses dans le 19ème), par la "dysneylandisation" de certains secteurs (Cour Saint Emilion dans le 12ème), par le "bétonnage" et la "goudronnification" de zones entières (Avenue de France, toujours dans le 12ème).

    Il serait temps de commencer à réfléchir comment le citadin ordinaire peut se réapproprier l’espace urbain ?


    >> Toujours le 1 rue de Thionville, mais en juin 2012

    >> Déjà sur Parisperdu : " Quelque part quelqu'un".



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  • Forêt Linéaire/crédit photo: © Cité de l'architecture et du patrimoine

    Pour l’instant, l’endroit est tout sauf bucolique : il y a le périph, et à son flanc, une étroite parcelle coincée contre le boulevard des Maréchaux. Pourtant c'est là, dans le 19e, entre les portes de la Villette et d’Aubervilliers, que la Ville de Paris va planter une nouvelle forêt urbaine, la Forêt Linéaire, par "linéaire", entendez « plus longue que large ».
    Le chantier est en cours et les premiers promeneurs pourront fouler le terrain aménagé début 2014.
    Mais pour la promenade en forêt, il faudra attendre … 2030 !

    Dans le détail, ces 11.500 m2 de verdure auront trois visages : côté porte d'Aubervilliers, une prairie arborée avec de jeunes plants de chênes. Au milieu, une futaie dense et humide. Et côté porte de la Villette, un taillis, la partie la plus boisée, allant jusqu'au canal Saint-Denis.
    Au total, 3.040 arbres seront plantés car il en faut au minimum un tel nombre pour que la forêt puisse cacher le mur antibruit actuellement en cours de construction le long du périphérique. Ce projet est une alternative, moins onéreuse et moins lourde en travaux, à la couverture du périphérique, méthode employée par exemple à la Porte des Lilas, à l’autre bout de l’arrondissement.

    Mais, malgré le mur antibruit, on peut douter que le vacarme incessant des voitures, qui circuleront juste à côté de la forêt, ne nuise pas aux promeneurs.

    L'on peut aussi se demander si le nouvel aménagement mettra fin aux occupations marginales d'un quartier sans cesse en chantier, et qui a toujours été considéré comme un "no man's land" ?
    La réponse est en partie "oui", car déjà le plus grand camp parisien de Roms qui se trouvait ici,  sur la ZAC Claude-Bernard a été évacué manu militari. Mais l’implantation d’un espace arboré dans ce quartier nord de Paris ne va-t-elle pas favoriser les trafics et la prostitution, des activités déjà bien installées dans le quartier ?

    Les forêts ne se font pas en trois jours, les bois de Boulogne et de Vincennes ont, eux, prospéré sur d'anciennes forêts remontant au Moyen Age pour le premier et à l'Antiquité pour le second. Aussi, avant de tutoyer les cimes, les Parisiens devront supporter les travaux de mise en place : la largeur de l'ensemble des voies du périphérique sera en effet réduite afin de permettre la construction du mur antibruit.

    Et, une fois la forêt "construite", on ne pourra pas dire comme Robert Redford : "Et au milieu coule une rivière". Car au milieu de la Forêt Linéaire, c'est bel et bien l'infernal périph qui continuera à écouler son flot incessant de voitures …


    >> Paris plante sa première forêt (source: Paris.fr)

     


     


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  • L'échangeur de la Porte de Bagnolet est sans aucun doute l'un des plus vastes échangeurs autoroutiers d'Europe.

    Le projet a été conçu comme un "complexe d'échanges" qui imbrique étroitement différentes bretelles d'autoroute et de raccordements au périphérique, mais aussi un parking semi enterré de 2200 places, une station de métro et une gare routière de 22 quais.
    Le projet initial prévoit aussi l'implantation, au cœur de cet ensemble, d'un centre commercial, d'une salle de spectacles de type Zénith et d'un jardin public. Bref ce projet gigantesque est conçu comme un pôle d'échanges où la voiture bien sûr mais aussi l'homme doivent trouver leur place.

    Lorsqu'il ouvre à la circulation, en 1969, le complexe d'échanges comporte au total 19 ponts et viaducs entremêlés, des tabliers jumeaux, des viaducs courbes enjambant d'autres bretelles … un terrible carrefour autoroutier hostile à toute présence humaine.

    Du projet de départ qui voulait en faire un lieu de rencontre, qu'en reste-t-il aujourd’hui ?
    Pas grand-chose car, la salle de spectacles n'a jamais vu le jour, le centre commercial a été implanté hors du périmètre de l'échangeur et la dalle de 26 000 m2 couvrant le parking et la gare routière va rester désespérément vide, car le jardin public qu'il était prévu d'aménager sur celle-ci ne sera jamais réalisé.
    Le vaste espace au pied des viaducs de l'autoroute A3 reste alors dans un état de quasi abandon.

    Et c'est sans doute mieux ainsi car ce jardin aurait été un enfer.
    Pour s'en convaincre, le piéton doit (et ce n'est pas facile) s'introduire dans le ventre de ce monstre de béton, au centre de ce gigantesque manège.

    Les quelques 300.000 véhicules qui transitent chaque jour par cet échangeur tourbillonnent alors au-dessus de votre tête dans un vacarme incessant. Pire encore, le niveau de la pollution atmosphérique dépasse ici largement les moyennes et cela se sent, très vite les yeux vous piquent … et l'impact de l'échangeur, en termes de gaz nocifs, se fait sentir jusqu'à 400 mètres à la ronde.

    Si vous voulez vous rendre compte par vous-même de l'irréalité de ce lieu improbable, une opportunité se présente prochainement à vous. La 3ème édition de "Paris face cachée", créée à l'initiative de la ville de Paris visitera l'échangeur de la porte de Bagnolet, dimanche 2 février 2014.

    Pour profiter de ce voyage original, vous devez accepter la règle du jeu: le lieu de rendez-vous est tenu secret et n’est dévoilé que sur le billet, après inscription !
    Les réservations se font exclusivement en ligne sur www.parisfacecachee.fr

    Si vous avez raté le rendez-vous, il vous faudra alors tenter seul l'aventure et pour cela, commencer par trouver l'accès de cette descente aux enfers …


    Déjà dans Parisperdu:

    >> De la zone au périph'

    >> L'envers de la ville, la ville à l'envers ...

     

     


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  • Dalle des Olympiades (axe nord-sud): quelques unes des trente tours d'une centaine de mètres de hauteur. Paris 13ème (octobre 2010)

    Dans le projet initial de l'opération Italie 13, l'avenue d'Italie devait être élargie aux dimensions des Champs-Elysées et transformée en voie rapide. Les piétons et la desserte locale devaient traverser l'avenue par des passerelles ou des tunnels, et de chaque côté de l'avenue, des tours de grande hauteur devaient s'élever, presque toutes sur le même modèle du parallélépipède strict … la folie des grandeurs !

    Le point le plus ambitieux de cette opération devait être la tour Apogée : d'une hauteur comparable à celle de la tour Montparnasse: 210 mètres … encore la folie des grandeurs !

    Mais au cours des années 1970, la hauteur projetée de cette tour "signal" a progressivement diminué avant l'annulation définitive de son projet.

    Et en 1980, cerise sur le gâteau, l'État français a dû payer 470 millions de francs au promoteur pour être revenu sur le permis de construire qu'il lui avait délivré.

    Cet évènement marque le point d'arrêt des grandes opérations d'urbanisme de tours à Paris. Le projet Italie 13 n'aura donc été que très partiellement mis en œuvre et au final, peut donc être considéré comme un semi-échec.

    Partant de ce constat amer, l'urbanisme parisien s'est alors lancé dans une direction beaucoup plus modeste. Ainsi, l'opération Paris Rive Gauche, à quelques centaines de mètres d'Italie 13, seule opération urbaine de grande envergure menée à Paris depuis lors, marque sur l'avenue Pierre-Mendès-France l'abandon de la construction sur dalle et le retour à l'alignement sur rue, au gabarit uniforme : la pierre de taille de l'époque haussmannienne a simplement laissé la place à la paroi de verre.

    Et le patrimoine urbain, que l'on croyait pouvoir négliger en dehors du "périmètre sacré" des six premiers arrondissements, fait désormais l'objet de toutes les attentions : alors que les architectes des années 1960 prévoyaient de détruire une gare d'Orsay devenue inutile, leurs successeurs des années 2000 intègrent la plupart des derniers vestiges du passé industriel: Grands Moulins de Paris, SUDAC, Frigos … dans les nouveaux quartiers du 21e siècle.

    Et c'est tant mieux !


    >> "Italie 13" : La politique de la table rase.

     




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