• Yvette Troispoux, la "photocopine" de Doisneau.

    Yvette Troispoux, lors de l'hommage qui lui avait été rendu aux Rencontres d'Arles en 2004.

     

    Moins connus que Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat, Izis ou Sabine Weiss, Yvette Troispoux est pourtant l’une des grandes figures de la photographie humaniste. Paris est le cadre privilégié de cette école de photographes. Dans la capitale, les photographes humanistes captent le quotidien des Parisiens aussi bien à leur travail que dans leurs loisirs.

    C'est aussi vrai pour Yvette Troispoux, connue comme étant "La photographe des photographes" et surnommée tendrement par Doisneau, sa "photocopine". 

    A Paris, elle parcourait les galeries photo et, à chaque vernissage, elle en profitait pour tirer le portrait du photographe exposé, d’où son surnom de "photographe des photographes". Yvette se fondait dans la foule et avant même que le sujet ne l'ait reconnue, elle déclenchait son appareil. Gisèle Freund, Robert Doisneau, Édouard Boubat, Brassaï, Helmut Newton, et tant d'autres se sont laissé immortaliser par Yvette Troispoux. "Je crois les avoir tous photographiés, excepté Niepce, l'inventeur de la Photo ! " aimait-elle dire en plaisantant.

    En 2008, l'année suivant son décès, la BnF, a préempté, un fonds composé de l’intégralité de ses négatifs, de ses planches contacts et de ses archives personnelles. Car ces archives sont d’une importance considérable pour documenter la vie de la photographie à Paris sur la période 1950-2000, et sa dispersion aurait représenté une perte sévère pour l’histoire de cette période.

    Et cela aurait gravement nui à la reconnaissance de son talent … trop longtemps caché au grand public.


    >> L'expo de la BnF.

    >> La seconde mort d'Yvette Troispoux.

     

     


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     Retour rue Gasnier-Guy.

    Le 20, rue Gasnier-Guy_ Paris 20ème (1997)

     

    A l'époque du grand bouleversement du quartier des Amandiers, pendant des années et des années, j'ai parcouru cette rue pentue et son prolongement, plus plat: la rue des Partants.

    Etait-ce ce vaste champ de ruines, ces immeubles murés, ce secteur à l'abandon ou cette atmosphère de ville sinistrée qui invariablement m'attiraient ici comme un aimant … ?
    Je ne saurais le dire mais la rue Gasnier-Guy est vite devenue la rue symbole de "Parisperdu". Car là, les démolitions étaient autrement plus expéditives que la reconstruction qui, d'année en année, trainait en longueur. Cela créait une ambiance de fin du monde ou d'après guerre dans une ville dont on avait du mal à se persuader qu'elle était bien Paris …

    Quand l'heure de la reconstruction, de la résurrection du quartier sonna enfin, les architectes durent se rendre à l'évidence : ces fortes pentes et ces immeubles anciens créent ici un paysage de faubourg particulièrement pittoresque, et définissent d'étonnantes perspectives ascendantes ou descendantes, en particulier rue Robineau, rue des Partants et rue Gasnier-Guy. Pensez-donc, la dénivelée, le long de cette dernière, dépasse seize mètres sur une distance de cent cinquante !

    Pour préserver cette ambiance, il était nécessaire de revoir le PAZ (le Plan d'Aménagement de Zone) qui prévoyait la démolition de la quasi-totalité des bâtiments des îlots délimités par les rues des Partants, Gasnier-Guy, Robineau, Désirée et des Mûriers. Il fallait d'autant plus revoir la copie d'origine que les démolitions et l'architecture des projets de reconstruction étaient vivement contestées par les riverains et les associations.

    L'objectif fixé serait donc de maintenir l'identité du quartier, ce que ne permet pas la politique de la table rase. Alors il fallut bien se décider à conserver et à réhabiliter une douzaine de bâtiments dont le maintien paraissait important pour le paysage urbain. Des locaux d'activités et des commerces, en rez-de-chaussée de ces immeubles, seraient également maintenus.

    Mais le 20, rue Gasnier-Guy; situé au point haut du relief et dont la silhouette formait un élément d'intérêt majeur dans le paysage, n'a pas pu, pour des raisons économiques (la fameuse rentabilité du bâti !), être conservé.

    Si bien qu'aujourd'hui lorsque je retourne rue Gasnier-Guy, le charme, le magnétisme n'opère plus, … La rue n'est plus qu'une enfilade de blocs identiques et les commerces en rez-de-chaussée qui devaient être conservés se sont peu à peu transformés en locaux d'habitation, même s'ils ne sont pas vraiment faciles d'accès … sur ce relief particulièrement accentué.

    Maintenant, c'est sûr, je le sais, on a assassiné la rue Gasnier-Guy …


    >> La rue Gasnier-Guy sur Parisperdu.

    >> La rue Gasnier-Guy aujourd'hui.

    >> Les lieux retrouvés de Parisperdu.

     


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    Willy Ronis définitivement lié à Belleville …

    Carrefour rue Vilin - rue Piat - Belleville - 1959 © Willy RONIS

    C’était un grand de la photo. Il a "mis en boîte" Paris comme nul autre. Alors six ans après sa mort, Paris rend un bel hommage à cet immense photographe.

    Mardi dernier, la Ville de Paris a en effet donné le nom de Willy Ronis au belvédère qui surplombe le parc de Belleville. La dénomination “belvédère Willy Ronis” est ainsi attribuée à l’espace commençant au numéro 7 et finissant au numéro 33 de la rue Piat, à Paris 20ème.

    Même si l'on peut considérer qu'elle est un peu tardive, il s'agit d'une juste reconnaissance, car le Belvédère de la rue Piat occupe exactement l'emplacement où Willy a capturé cette célèbre photo, publiée dans son album culte "Belleville-Ménilmontant" ... c'était en 1959 !

     

    >> Le Belvédère de la rue Piat aujourd'hui.

     

     

     


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  • "Ground Control", du rêve à la réalité …

    Le Ground Control a pris ses quartiers à La Chapelle (Paris XVIIIe) jusqu'au 15 octobre 2015.

     

    L'an dernier le bar éphémère "Ground Control" avait ouvert sous la Cité de la mode et du design dans le 13ème. Cette année, c'est le 26 ter rue Ordener dans le 18ème qui accueille ce concept hybride où se donne rendez-vous un public dit "décalé", underground, hypster et bobo en version postindustrielle.

    Le mur de la rue Ordener totalement "graffé" et dont on ne voit pas la fin débouche sur une palissade grillagée et un portail surmonté de l'inscription Ground Control. Il vous faudra descendre un escalier pour avoir accès à un autre monde : l'ancien dépôt SNCF de la Chapelle, traversé de rails dans tous les sens. Ici, dans un passé pas si lointain, les trains et les locomotives venaient se faire réparer dans des ateliers centenaires aux volumes vertigineux.

    Les anciennes voies de chemin de fer sont maintenant encombrées de sièges et de transats où l'on sirote des pintes. Aussi improbable que cela puisse paraître, on joue à la pétanque et au mölkky (jeu de quilles finlandais) entre les rails. La musique est forte mais curieusement n'incite pas à danser.

    Un préau - aménagé avec du mobilier d'école rétro et de lampions de fête foraine - propose un atelier où l'on fabrique des bijoux, un "nail truck", des tatouages éphémères, un brocanteur où l'on chine des vinyles et une boutique de vêtements. Il y a aussi un coin restauration, où l'on peut manger des burgers, des hot-dogs ou encore des pizzas et des pâtes. On y sert aussi des planches de charcuterie.

    Plus loin, c'est un simili-coin de campagne qui a été aménagé avec un poulailler et un potager d'agriculture urbaine, bio évidemment !

    Mais, avec en point de mire une forêt de caténaires et de pylônes de lignes à haute tension, au bout d'un moment, à cette adresse tout de même très excentrée, on ne sait plus très bien où l'on est. Et c'est là que l'intitulé du lieu nous revient en écho: Ground Control ne se réfère-t-il pas à Ground Control to Major Tom, de David Bowie? Où l'on apprend que "Major Tom" est un surnom pour la cocaïne qui permet de perdre le contrôle de son corps et de ses sens …

    Mais, en fixant l'arrière plan du site, vous êtes subitement ramené au monde réel lorsque passent RER, Thalys et autres TER …

     

     >> L'entrée du "Ground Control" au 26 ter rue Ordener Paris 18ème.

    >> Ground Control, Site officiel.

    >> "Ground control to Major Tom" de David Bowie.


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  • Visa pour l'image 2015

    27 février 2015. Cette opération de démolition à Madrid a entraîné l'arrestation de 11 militants pour le droit au logement qui avaient aspergé d'essence les forces de police. (Photo© ANDRES KUDACKI/AP/SIPA)

    Depuis 1989, "Visa pour l'Image" réunit à Perpignan le meilleur du photojournalisme mondial. Chaque année j'y fais une visite pour découvrir ce que les photoreporters les plus talentueux ont dernièrement ramené de leurs périples, parfois hélas au péril de leur vie. Bien souvent il s'agit surtout d'images des guerres qui continuellement ensanglantent la planète. On en ressort invariablement secoué, bouleversé, révolté …

    Mais cette année, j'ai fait la découverte d'un thème différent … mais tout aussi poignant.
    Il s'agit d'un sujet souvent abordé dans ce blog, celui des expulsions et des démolitions urbaines. Et les recoupements entre les images exposées dans l'église des Dominicains et certains billets de Parisperdu sont manifestes.

    C'est le photographe argentin Andres Kudacki qui présente ce reportage, réalisé au cours des trois dernières années, en Espagne.

    Durant cette période, l'Espagne est sans doute le pays où la crise immobilière a été la plus rude: avec la précarité - un taux de chômage à 26 % et des baisses de salaires généralisées - des milliers de personnes n’arrivent plus à payer leur loyer ou leur crédit immobilier et sont menacées d’expulsion. D’autres sont victimes d’expropriation à la suite de spéculations immobilières entre les pouvoirs publics et des sociétés privées qui, une fois l'immeuble vidé, vont souvent procéder à sa démolition pour faire "du neuf" plus rentable.

    "Je souhaitais parler de l’intimité de ces familles pour montrer leur attachement à leur maison et la gravité de la perte de leur logement" nous dit Kudacki qui a travaillé sur la détresse de nombreuses familles madrilènes et nous en délivre des images bouleversantes.

    A voir absolument, jusqu'au 13 septembre 2015 à Visa pour l'Image à Perpignan.


    >> Le photographe Andres Kudacki - site officiel

    >> L'une des images les plus poignantes: Carmen Martinez Ayudo, expulsée à 85 ans !

    >> Démolitions des murs, démolitions des vies.

     


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