• Suite et fin du voyage à Gordes : "Et le chat aussi …"

    Chat derrière la vitre, Gordes, 1957_© Willy Ronis

     

    La maison que Willy Ronis occupe à Gordes entre 1947 et 1958 ("Maison-Vieille") est le lieu où ont été prises deux de ses photos majeures : "Le nu provençal" et "Vincent aéromodéliste".

    Mais à Gordes, il va surtout écrire une chronique intimiste et secrète car sa femme Marie-Anne, son fils Vincent et  … son chat seront alors ses uniques modèles.

    Pour son animal domestique, c'est le fenestron de l'entrée de la maison de Gordes qui va servir de cadre. Et si le "Chat derrière la vitre, Gordes, 1957" ne fait pas partie de ses plus célèbres photos, il est incontestable que Ronis a toujours été attiré par les chats, à tel point qu'il ira jusqu'à publier - en 2007 - un ouvrage entier sur eux.
    Et les chats de Willy Ronis sont magnifiques, mais il est difficile de comprendre comment il a su réussir à les saisir ainsi au vol, à traquer leur vérité intime, à les faire exister dans leur plus haute simplicité.

    Et comme toujours chez Ronis, c'est la vie qu'il nous montre, cette fois-ci à travers le regard de ses chats, toujours noirs pour magnifier les tonalités et les nuances du noir et blanc argentique.

    Il faut être un immense artiste pour laisser ainsi parler les chats, sans les trahir, sans exagérer, sans vouloir les enjoliver. Avoir été juste là, toujours à la bonne place, avec le geste prompt. C'est sans doute là que réside le secret de l'art de Willy Ronis.

     

    >> Les chats de Willy Ronis.

    >> Le fenestron de la "Maison Vieille" à Gordes.

    >> Voir aussi: En visite chez "le nu provençal" …

    >> Voir aussi: Suite du voyage à Gordes: "Vincent aéromodéliste".


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  • "Fluctuat nec mergitur"

    Lavatronic, 3 Rue de la Fontaine au Roi Paris 11ème _novembre 2015

     

    En face de "Casa Nostra", le restaurant de la rue de la Fontaine au Roi qui fut l'une
    des cibles des attentats du 13 novembre à Paris, la laverie Lavatronic a reçu cette balle perdue ...
    "Fluctuat nec mergitur" ?… Oui Paris est battu par les flots, mais ne sombre pas.


    >> La laverie Lavatronic, par temps de paix …

    >> Rue de la Fontaine au Roi, déjà sur Parisperdu

     

     

     

     


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  • " Une amitié argentique", regards croisés de deux maîtres du noir et blanc.

    "C'est ça Paris" 1954 © Gianni Berengo Gardin - Courtesy Fondazione Forma per la Fotografia

    " Une amitié argentique", regards croisés de deux maîtres du noir et blanc.

    "Les Communiantes de la rue de l'Evangile" Paris 18ème 1978 © Elliott Erwitt - Magnum Photos

     

    "Une amitié argentique" rassemble 120 tirages noir et blanc de Gianni Berengo Gardin et d'Elliott Erwitt, réalisés entre 1950 et 2014 et présentés, la semaine dernière, au Salon de la Photo 2015 à Paris.

    D'un côté, Elliott Erwitt. Né à Neuilly en 1928 et fils d'immigrés russes, il sera remarqué par Robert Capa qui l'introduira à Magnum. Il finira d'ailleurs par diriger la prestigieuse agence. Il a traversé la deuxième partie du XXe siècle en posant les jalons de la photographie moderne, laissant à la postérité les images les plus fameuses de Marylin Monroe, tout comme de nombreux portraits de chiens croisés dans la rue.

    De l'autre, Gianni Berengo Gardin. Né en 1930 près de Gênes, il débute la photographie à 14 ans comme un acte de rébellion: en 1944, l'armée italienne sous le joug de l'Allemagne nazie confisquait à la population armes et appareils photos. Il s'est dit que la photo devait être bien intéressante pour occuper autant les esprits des soldats. Moins connu du grand public qu'Erwitt, il demeure l'un des plus grands photographes du XXe siècle, qu'il a documenté dans 250 livres.

    Quels sont les points qui rassemblent ces deux photographes et qui justifient de leur consacrer une grande exposition commune?

    Il y a d'abord le noir et blanc comme réponse évidente. Si Gianni Berengo Gardin ne pratique pas la couleur, Elliott Erwitt ne le fait qu'à contrecœur. Il y a aussi l'argentique, comme l'indique le sous-titre de l'exposition: "Une amitié argentique". Comme pour la couleur, l'un ne le pratique pas (et voudrait même interdire Photoshop), quand l'autre ne le fait que pour les commandes. Mais ce qui les rassemble est beaucoup plus intime.

    Ce n'est pas parce que leurs approches se complètent l'une l'autre qu'ils vont si bien ensemble. Au contraire, Gianni Berengo Gardin résume les choses en deux mots: "Nos deux regards sont très semblables. Ils ne sont pas complémentaires, mais similaires." Une façon de photographier qu'Elliott Erwitt précise: "Cette approche est très simple, elle est en fait une manière d'être. Je me lève le matin, je prends mon appareil photo, et je fais des photos." Pour Gianni Berengo Gardin, cette attitude est la marque d'une époque: "C'est un geste naturel, je crois que c'est propre à notre génération de photographes."

    L'amitié qui lie les deux photographes depuis plus de trente ans a un même creuset: la photographie humaniste. Quand, en 1954, Gianni Berengo Gardin emménage à Paris, c'est en partie pour rencontrer le grand photographe Willy Ronis: "J'avais chez moi un petit livre de reportages de Willy que l'on m'avait offert. Je voulais absolument le rencontrer. Nous sommes devenus très amis, nous sommes allés photographier Ménilmontant ensemble. Il est mon véritable maître."

    Ils adoptent tous deux la posture du témoin: "Ce sont les sujets qui s'imposent, ce sont eux qui me suggèrent la photo que je dois faire", explique Gianni Berengo Gardin. "Qu'est-ce que je cherche quand je prends une photo? Je ne le sais pas jusqu'à ce que je le trouve...". Une spontanéité reconnaissable aussi bien dans le travail de l'un comme de l'autre. Dans la fascination qu'Elliott Erwitt entretien pour les chiens, par exemple, et qui a donné de nombreuses scènes cocasses. Elle dure depuis les années 40, mais ce n'est que des années plus tard, en examinant des planches contacts, qu'Erwitt réalise la place de ces animaux de compagnie dans son travail.

    Les arts graphiques ont aussi leur part de responsabilité dans l'esthétique d'Elliott Erwitt: "Je m'inspire aussi de la peinture, mais encore plus du dessin." Pourquoi le dessin en particulier? "Parce que le dessin est plus direct." C'est là que se rejoignent Elliott Erwitt et Gianni Berengo Gardin dans leur pratique artistique: comme le noir et blanc, le dessin "est une synthèse". Il ne garde que l'essentiel sans s'encombrer de ces couleurs qui distraient le regard. Quand on fait du noir et blanc, il n'est plus question que de lumière.
    Et l'exposition du salon de la Photo 2015 le démontre parfaitement.

     

    >> En savoir plus sur l'exposition.

     


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  • 10 ans … déjà !


    Le premier billet de Parisperdu intitulé "Villa du Danube" était posté le 14 Novembre 2005. Le blog fête donc aujourd'hui ses 10 ans !

    En 10 ans, Parisperdu a posté 750 billets et, si mes compteurs sont exacts, a reçu la bagatelle de 10 525 204 visiteurs pour près de 60 millions de pages vues. Sur cette décade, le blog m'a permis de tisser de nombreux liens avec des journalistes, des photographes et avec un nombre incalculable de bloggeurs et de lecteurs. Cela prend du temps mais donne aussi beaucoup de satisfactions.

    Et, après 10 ans d'existence, après l'apparition de Facebook et Twitter... si Parisperdu est toujours là, c'est bien sûr grâce à vous, qui êtes devenus au fil du temps, au fil des modes "mes followers" …

    Merci à tous, ensemble la route continue …


    >> 14 novembre 2005, le premier billet de Parisperdu …

     

     


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  • Samedi dernier, le beau temps est de la partie aussi me vient l'idée d'aller faire un tour au Père Lachaise … mais je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée car nous étions une soixantaine au rendez-vous donné par Bertrand Beyern à la sortie du métro !

    Et voilà que Bertrand, notre guide-conférencier, amène sa troupe pour une longue tournée dans les allées du cimetière.
    Le thème du jour était "l'humour noir" et il est vrai que l'on s'est bien marré au cimetière ! Car Bertrand est un "maître es-humour noir" et, au fil des allées et des tombes, les histoires petites et grandes défilent … toutes véridiques mêmes si parfois elles semblent peu vraisemblables. Alors à chaque fois, Bertrand sort de sa sacoche les documents qui accréditent son discours, car oui nous avons bien affaire à un professionnel de la nécrologie, à un expert du funéraire, à un "nécrosophe" comme il se définit lui-même… Non Bertrand n'est pas un débutant, d'ailleurs le lieu s'y prête-t-il ?

    Le "show" - car c'en est bien un auquel nous assistons - est lancé avec le Président Félix Faure et Marguerite Steinheil, sa "pompe funèbre", puis arrive Pierre Desproges et sa concession de deux mètres carrés, ou encore le monument funéraire d'une femme atteinte de gangrène qui a fait enterrer sa jambe un mois avant de passer de vie à trépas... puis c'est Jean-Louis Fournier qui nous parle de lui - il est encore bien vivant mais veuf de sa femme Sylvie - avec cette épitaphe improbable : "Finalement, nous ne regrettons pas d'être venus" , ou encore Jean-Louis Sacchet un pharmacien qui se construit actuellement son sépulcre égypto-parisien, et aussi la tombe de l'anonyme qui tient dans ses mains le visage de sa femme, avec pour seule inscription : "Ils furent émerveillés du beau voyage qui les mena jusqu'au bout de la vie", et pour laquelle Bertrand Beyern fit de longues recherches qui lui permettront de percer le mystère et de pouvoir enfin mettre un nom sur cette tombe qui n'en a pas …

    Mais, bien au-delà des informations qu'il nous donne, du rire ou des sourires qu'il nous arrache, Bertrand Beyern nous permet de voir différemment ce lieu, et surtout d'y capter une poésie certaine, de vives émotions et une philosophie de la vie dans un endroit pourtant peuplé uniquement de défunts …

    Vous l'avez compris, je vous recommande vivement cette balade parisienne, vous passerez un moment inoubliable !


    >> Bertrand Beyern, site officiel.

    >> Le cimetière du Père Lachaise sur Parisperdu.

     

     


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