• Rue des Mûriers.

    10 rue des Mûriers_Paris 20ème (juin 1997)

    Je déambule dans Ménilmontant: rue des Amandiers, rue des Partants, rue Gasnier-Guy … et je ne retrouve plus rien de ce qui m'attirait ici il y a une vingtaine d'années. Les petits commerces, les artisans, les immeubles à taille humaine un peu brinquebalants sur ces rues pentues … tout cela a disparu pour laisser place nette à des bâtiments standardisés qui ne dégagent rien qui puisse vous apporter la moindre émotion, le moindre rêve …

    Aussi, quel ne fut pas mon étonnement lorsque j'arrive à hauteur du 10 rue des Mûriers ?

    Un détail attire mon attention, un simple détail qui aux yeux de beaucoup passerait même inaperçu. Ce sont deux petits cabanons, des appentis faits de bois et de briques légères. L'un est accolé à un immeuble récemment rafraichit, l'autre est accolé à un nouvel immeuble qui est venu s'ériger là, tout contre lui.

    Il peut sembler incroyable que l'un et autre de ces deux cabanons aient été préservés, car comment imaginer que ces petits édifices, sans grande valeur immobilière, n'aient pas subi la dure loi de la restructuration-destruction du quartier.

    Ce n'étaient alors que de modestes ateliers de serrurerie, d'étamage, de décolletage, de petite mécanique … comme on en trouvait beaucoup dans ce secteur de l'Est parisien. Ils étaient le plus souvent situés dans des passages, dans des impasses … et voilà sans doute pourquoi, au 10 de la rue des Mûriers, ils sont encore là car l'espace entre ces deux petits bâtiments donne accès à un immeuble en fond de cour qui lui aussi est resté dans son jus.

    Mais aujourd'hui plus aucun bruit n'émane de ces deux appentis, aucune activité à l'intérieur … ils ont été reconvertis, air du temps oblige … en remises à vélos !


    >> Le 10 rue des Mûriers_Paris 20ème, aujourd'hui.

    >> On retrouve la même histoire, non loin d'ici, Villa des Lyanes.

    >> Lieux retrouvés 023_Villa des Lyanes

     

     


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  • Ravalement.

    Philharmonie de Paris/Cité de la Musique _221 avenue Jean-Jaurès_75019 Paris

     

    A l'image de la Philharmonie de Paris, le quartier du nord-19ème se modernise rapidement. Quai de la Seine, rue de Nantes et aux alentours, c'est la folie hypster: les bars et cafés DJ fleurissent, des magasins de produits vaguement alternatifs ouvrent leurs portes, de même que des cabinets d'architecture et des galeries qui donnent dans le néo-créatif, l'atypique ou l'arty. Tous et toutes remplacent partout les vielles boutiques. Bref, tout un nouveau quartier "très tendance" se dessine aujourd'hui, juxtaposé à un univers de logements crasseux, aux couleurs ternes, aux ruelles assassines et parfois plongées dans une pénombre moite … C'est la rencontre, dans un même espace de deux styles, de deux mondes: celui de la précarité et celui du progrès galopant.

     

    >> Voir aussi: "Guide de survie en pays bobo".

     

     


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    Willy Ronis : "Marie-Anne, Vincent et moi".
    Marie-Anne, Vincent … et le chat _ Gordes, 1947 © Willy Ronis

    Sous ce titre tout simple, vous allez découvrir un ouvrage constitué d'un ensemble de 24 photographies en noir & blanc. Toutes dévoilent des facettes de la vie intime et familiale de Willy Ronis avec sa femme Marie-Anne et son fils Vincent.

    Y a-t-il une différence d'attitude entre l'amateur et le professionnel lorsqu'ils photographient leurs proches ou prennent leur propre portrait ? Je ne le crois pas. Dans les deux cas, en effet, il s'agit d'une activité foncièrement sentimentale et ludique, puisqu'elle se manifeste, soit chez soi dans un moment de détente, soit en week-end, soit en vacances. Se trouvent par là-même associés, quel que soit celui qui photographie, le désir de conserver, au fil du temps, et la mémoire des lieux et celle des êtres qui leurs sont chers.
    En bref, c'est une photographie du bonheur.

     

    >> A Gordes, les photos du bonheur familial.(1)

    >> A Gordes, les photos du bonheur familial.(2)

    >> A Gordes, photo de famille.

    >> "Marie-Anne, Vincent et moi", la première de couverture.

    >> Marie-Anne, Vincent et moi: un livre secret de Willy Ronis _Ed. Filigranes 1999.

     


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    En visite au Café de France … la place juste.

    Café de France - Isle Sur La Sorgue - 1979 © Willy RONIS

    En 1972, Ronis s'installe à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) dans une maison avec un petit jardin, une demeure plus confortable que ses maisons de Gordes. Dernièrement, j'ai retrouvé - grâce à Monsieur André Pharel que je remercie ici vivement - cette habitation, au 8 de la rue Ledru-Rollin, tout près de la place de la Collégiale. Et là, sur cette place, se trouve encore aujourd'hui, dans son jus car rien n'a changé, le "Café de France" dont il fera une photo devenue célèbre.

    A L'Isle-sur-la-Sorgue, il va consacrer beaucoup de temps à l’enseignement : à l’École des Beaux-arts d’Avignon, puis aux facultés d’Aix-en-Provence et de Marseille et ce, jusqu'à son retour à Paris en 1983.

    La petite ville de l'Isle-sur-la-Sorgue sera le cadre de nombreuses scènes de rues, de places, de marchés qu'il capturera avec soin et avec cette technique qui lui est propre et qu'il décrit mieux que personne: "En général, je ne change rien à ce qui se passe, je regarde, j’attends. Simplement, à chaque photo, je suis impressionné par une situation, et j’essaie de trouver la bonne place où pouvoir placer mon instantané, pour que le réel se révèle dans sa vérité la plus vive. Il y a un vrai plaisir à trouver la place juste, cela fait partie de la joie de la prise de vue, et c’est quelquefois aussi un tourment, parce qu’on espère des choses qui ne se passent pas où qui arriveront quand vous ne serez plus là."

    La photo du "Café de France à Isle Sur La Sorgue" est une merveilleuse illustration de sa technique car là, il a trouvé la place juste,  juché sur un escabeau face à son sujet, il attend patiemment que tout s'organise harmonieusement dans son cadre. Splendide et tellement… humain.


    >> Le 8 de la rue Ledru-Rollin à L'Isle-sur-la-Sorgue.

    >> Aujourd'hui à L'Isle-sur-la-Sorgue, n'est pas Willy Ronis qui veut …

    >> A Paris aussi, n'est pas Willy Ronis qui veut …

    >> Autre scène de rue captée par Willy Ronis à l'Isle-sur-la-Sorgue.

     


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  • Chez Willy Ronis à Gordes.

     

    En 1948, Ronis avait acheté une maison en ruine à Gordes ("la Maison-Vieille"),  rue de la Calade, puis une autre maison en 1958 (le "Moulin"), toute proche la première, rue de la Fontaine-Basse.

    Au début, Gordes sera le village de la résidence secondaire, utilisée seulement à la belle saison, entre deux allers-retours vers Paris.

    Mais à Paris, les commandes se font rares car, durant toute cette période, Ronis n'est pas reconnu, et sombre dans l’oubli. Il dira d'ailleurs: "Les rédactions pensaient que j'avais tout plaqué, elles ne m'appelaient plus. J'ai alors sérieusement songé à quitter le métier. J'étais une espèce de maniaque inadapté." Alors il s'installe à plein temps à Gordes, dans sa maison de la rue de la Fontaine-Basse, un ancien moulin avec sa roue, qu'il avait d'abord acquis pour servir de garage à la "Maison-Vieille". Il va alors restaurer de fond en comble le "Moulin" et, en 1969, "Maison-Vieille" sera vendue.
    Pour se régénérer, Ronis va se lancer dans l’enseignement à temps partiel avec des cours hebdomadaires aux Beaux-arts d'Avignon, à la Faculté des Lettres d'Aix en Provence, à la Faculté des Sciences Saint-Charles à Marseille, il prendra aussi la direction d'un stage à la Maison des Jeunes à Arles. Mais Gordes, éloigné des grands axes de circulation, ne rend pas facile tous ces déplacements alors, en 1972, il s’installe à L'Isle-sur-la-Sorgue. Il y restera 10 ans. Puis en 1982, il retourne à Paris, car vivre loin de la capitale pour un photographe est suicidaire, surtout pour quelqu’un qui travaille sur le réel immédiat, et de surcroît Marie-Anne est frappée par la maladie d'Alzheimer.

    Dans le Vaucluse, comme à Paris, Ronis savait s’émerveiller des "cadeaux du hasard", des petites choses que d’autres auraient négligées et avec lesquelles il tirera de magnifiques images.  Car pour Ronis tous ces petits évènements ont une étincelle de vie : "Dans une vie, tout se ramène à une petite constellation de chose", nous dira-t-il. Même si dans ces évènements il y a souvent une accumulation de douleurs: la mort, en 1987, dans un accident de deltaplane de son fils aimé Vincent, puis la mort de Marie-Anne sa femme en 1991, et de tant d’amis proches … devenus des visages enfuis.


    >> Le village de Gordes (Vaucluse), la première maison de Ronis ("la Maison-Vieille"),  se situe au centre du premier cercle des maisons du bas du village. Elle a les volets verts.

    >> La première maison de Ronis à Gordes, ("la Maison-Vieille"), rue de la Calade, achetée à l'état de ruines en 1947.

    >> La seconde maison de Ronis à Gordes, (le
    "Moulin"), rue de la Fontaine-Basse, achetée en 1958.

     

     


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