•  Belleville entend défendre son territoire.​
    Au
    48 rue Ramponeau_Paris 20ème: le fond de la cour et la porte de la métallerie Grésillon

     

    Comme chaque décennie depuis les années 70, Belleville doit faire face à une nouvelle vague de rénovation urbaine qui, ici comme dans d’autres quartiers du Nord-Est de Paris, conduit à repousser toujours davantage aux marges de la ville ceux qui, hier encore, parvenaient tant bien que mal à s’y loger et aussi à y mener leurs activités.

    Toutefois, aujourd'hui enfin, Paris entend lutter contre la désindustrialisation en constatant qu'elle ne peut pas tout sacrifier sur l’autel du tourisme. 

    Nous avons déjà parlé ici du cas de la cour du 48-50 rue Ramponeau où l'atelier de métallerie Grésillon et d'autres ateliers mitoyens sont menacés par la spéculation immobilière. Face à cette tendance lourde, observable à Paris comme dans toutes les capitales où les scintillements de la ville touristique et de la rentabilité à court terme aiguisent les appétits, il conviendra de suivre avec attention les conclusions que la mission "Fabriquer à Paris" a récemment rendues.

    Il faut rester confiant car Belleville a déjà su, dans le passé, faire entendre la voix de ses habitants et faire revenir à la raison ceux qui envisageaient de construire le quartier sans sa population.


    >> Conclusions et préconisations du rapport de la Mission d’Information et d’Evaluation "Fabriquer à Paris" 

    >> Le 48 rue Ramponeau ne veut pas mourir …


    >> Cour de la métallerie Grésillon.

     


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     La petite fille de Venise.

    Fondamente Nuove _Venise 1959 © Willy Ronis

     

    Pour moi, il n'est pas question d'aller à Venise sans aller faire un tour au Fondamente Nuove. Et lorsque je suis sur ce quai, invariablement je pense à cette petite fille que Willy Ronis a photographiée ici. C'était en 1959.

    Plus aucun enfant ne joue désormais là, ni au bord de la lagune ou le long des canaux de Venise... La cité des Doges est devenue bien trop touristique, bien trop encombrée pour laisser le moindre terrain de jeux aux enfants ….

    Pourtant de nouveau, le mois dernier, je suis allé vérifier si, au Fondamente Nuove, la magie révélée par l'image de Ronis, opérait encore … ?

    Aujourd'hui le quai n'est plus qu'une accumulation de pontons (les "zattere"), de mâts affublés de caméras de surveillance, de cabines et d'installations diverses … si bien que, si par le plus grand des hasards, une petite fille s'aventurait sur la lagune, on ne la verrait même pas …

    Pourtant il nous reste le cadre de l'image, tel que Ronis l'a choisi. Il a peu changé avec son palais en toile de fond comme pour nous dire que malgré le temps qui passe, nous sommes bien encore et toujours à Venise … Une cité unique au monde, incomparable et … espérons-le … éternelle.

    Alors une fois encore, merci Willy …

     

    >> Le quai "Fondamente Nuove" aujourd'hui (2015) et hier (1959).

    >> Analyse d'une photographie d'enfant.

     

     

     

     


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  •  Une association, empêcheuse de bétonner en rond !
    3 villa de l'Ermitage_Paris 20ème (juin 1997)

     

    Dans les années 90, la Villa de l’Ermitage n'était encore qu'une suite de bicoques branlantes et d'ateliers d’artisans où régnait une atmosphère de quiétude heureuse. Puis le progrès en marche passa au bulldozer la plupart des villages du 20ème arrondissement, bétonnant allègrement le secteur. Village champêtre au cœur du tissu urbain, la survivance de la Villa de l’Ermitage n’a pourtant pas été évidente face à l'avidité des promoteurs.

    Mais l’association de préservation "Viva Villa" de la Villa de l’Ermitage veillait au grain et fut ici l'empêcheur de bétonner en rond.

    Alors, aujourd'hui, les petites maisons de ville, les pavillons, les ateliers d’artistes bordés de jardinets et de courettes, et d'autres constructions hétéroclites pleines de charme sont encore là … et c'est un petit miracle.

    La Villa de l’Ermitage reste donc un confetti verdoyant, mémoire d’un quartier disparu célébré depuis longtemps par les photographes amoureux de Paris.


    >> La villa de l'Ermitage déjà sur Parisperdu

    >> L’association "Viva Villa"(site officiel)

     

     


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  •  Rue des Partants. 

    Angle de la rue des Partants et de la rue des Muriers_Paris 20ème  (mars 2012)

     

    Rue des Partants, ce nom un peu étrange lui vient de l'époque où des habitants du village de Belleville partaient pour Paris.
    Ici, nous sommes dans le quartier des Amandiers, un quartier qui s'est complètement transformé en l'espace d'une cinquantaine d'années.
    Dès 1953 c'est d'abord l'Etat puis une société d'économie mixte qui vont successivement modeler la ZAC des Amandiers, située entre le métro Père Lachaise, Gambetta, la rue de Ménilmontant et la rue Sorbier.

    Cette très grande opération de rénovation a conduit à la destruction de la plupart des anciens immeubles, remplacés par près de 2000 logements neufs.

    D'après le projet initial, ces nouveaux logements sociaux étaient censés reloger les anciens habitants. Mais l'opération traîne en longueur car à maintes reprises, des manifestations ont abouti à retarder la destruction contestée de certains immeubles. Et, en 1994, le tribunal d'instance ordonne même le relogement de 35 familles considérées à tort comme des locataires sans titre et expulsées de la rue des Partants.

    Pour sensibiliser les habitants aux problèmes d'urbanisme, une association se créée alors : "Archi XXème", au 49 de la rue des Partants. Elle lutte pour que l’esprit chaleureux et populaire de l’ancien "Ménilmuche" perdure dans un quartier oscillant entre démolition, expulsion et reconstruction. "Archi XXème" fait le constat à la fois révolté et désabusé d’un immense gâchis urbanistique et humain.

    Car il y avait là une architecture en espalier, notamment rue des Partants et rue Gasnier-Guy. Une architecture remarquable à plus d’un titre avec ces collines surplombant la ville et qui rappellent un peu celles de San Francisco. Beaucoup de photographes et de cinéastes ont pris ces rues comme décor ou s’en sont inspirés car c’était alors un endroit extrêmement attirant.

    Aujourd'hui, le quartier est essentiellement composé d'immeubles neufs, assez hétéroclites car datant de plusieurs époques et diversement réussis.
    Et, encore une fois, la population d'origine a dû partir, … la rue porte donc définitivement bien son nom.


    >> Mehdi et Henri, rue des Partants.

    >> Une rage de destruction ...

    >> Vers l'infini et même au-delà ...

    >> La vaine lutte du luthier.

    >> La rue des Partants vue par Willy Ronis(1948). © Willy Ronis/Rapho

     

     

     

     

     


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  • Quand Henri Calet traînait dans les quartiers pourris de Paris.

     

    Avec Huit quartiers de roture, Henri Calet nous  propose une longue flânerie dans les rues, ruelles, impasses et cours… de ces quartiers populaires de Paris que sont : La Villette, Pont-de-Flandre, Amérique et Combat pour le 19ème arrondissement; et Saint-Fargeau, Belleville, Père-Lachaise et Charonne pour le 20ème arrondissement. Des quartiers sans noblesse, d'où le mot de "roture" qu'il utilise pour ces quartiers tout juste roturiers.

    Calet nous entraine dans un voyage dans le Paris populaire d’autrefois, au lendemain de la seconde guerre mondiale, une vingtaine d’années avant la destruction de l’Est parisien. C'est aussi à un jeu de piste sans trésor et un pèlerinage aux sources de sa mémoire parisienne qu'il nous convie :  Ville à part sans Seine ni rivière, que les étrangers ne vont pas voir, où il n’y a rien à voir, ville sans palais ni cathédrales, sans monuments et presque sans souvenirs, ville sans parure, ville usinière, populacière, où l’on peut tout juste exister, dans le sens de ne pas mourir. Des faubourgs où il lit la banalité douce-amère de lieux qui n’ont rien pour plaire et qui, justement nous plaisent à cause de cela …

    Alors Calet nous emmène là où sont ses racines : Mon père y est né, mon grand-père y est mort. J’y ai vécu. Et je viens d’en faire le tour. J’ai respiré son air et son parfum ; ses couleurs sont les miennes. Avec lui, on s’égare dans des rues infortunées, on pousse des portes sans lendemain, on fouille la mémoire des façades, on monte et on descend l’échelle du temps pour décrocher des souvenirs où comme il l'écrit: " rien ne porte à la joie ni au lyrisme. L’Histoire, elle-même, ne parle que de défaites, de saccages, de capitulations". Mais on sent dans son texte une réelle nostalgie pour ces quartiers et pour leurs habitants, une certaine tendresse à leur endroit …

    Le promeneur contemporain qui fait aujourd'hui la même déambulation aura du mal à reconnaître les quartiers dépeints par Henri Calet qui nous communique des chiffres concernant la population de ces deux arrondissements en précisant le nombre de résidents étrangers. Mais la couleur de ces quartiers a encore certainement beaucoup changé depuis un peu plus d'un demi-siècle … 

    Tous les livres d’Henri Calet sont des trésors. Et on se demande pourquoi, dans les années 50, aucun éditeur n'a voulu des "Huit Quartiers de roture". Faute de pouvoir publier cette promenade de son vivant, Henri Calet en a tiré une série radiophonique qu’il a lue de sa belle voix, en 1952, sur le Programme parisien. On retrouve aujourd'hui cette lecture sur le CD qui est joint au livre. A découvrir absolument.

     

     >> En savoir plus : "Huit quartiers de roture", par Henri Calet (Le Dilettante, 224 p., 20 euros). (©Le Dilettante)

    >> La rue des Partants à Paris (20ème) dans les années 1950.

     

     


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