• Paris est-il devenu une ville de riches ?

    Secteur Beaugrenelle Paris 15ème

     

    Si l’on observe l’évolution de la population parisienne depuis cinquante ans, l’embourgeoisement est évident. Sur cette période, on constate une montée des professions intermédiaires et supérieures, qui ont doublé de volume pour atteindre à 71 % de la population en 2010, tandis que le pourcentage des employés et des ouvriers de la population active parisienne a - dans le même temps - chuté de 65 % à 28 %. C’est une baisse vertigineuse !

    Cette évolution est liée à plusieurs facteurs, dont le premier est la désindustrialisation de la capitale. Paris était en 1962 une ville industrielle avec 576 000 emplois dans ce secteur. On est tombé à 134 000 en 1989, puis à 80 283 en 2009, selon les estimations de l’Insee. Et il est évident que la baisse se poursuit encore aujourd'hui.

    A cela s’ajoute une deuxième cause, liée à un changement dans le domaine de la construction, où les bailleurs sociaux ont moins construit de logements bon marché. Aussi à partir des années 1970 une population importante s’est exilée dans des banlieues réputées financièrement plus abordables.

    Ce phénomène est mondialisé mais Paris est une capitale très petite en superficie ce qui entraine une spéculation immobilière énorme car un foncier rare majore mécaniquement le coût de l’immobilier. Quelques soient les quartiers, les logements deviennent inaccessibles.

    De surcroît il y a, à Paris, un phénomène spectaculaire qui segmente la ville car on a, d’un côté, les beaux quartiers à l’Ouest et, de l’autre, les quartiers les plus populaires à l’Est et au Nord. Et ces populations ne se mélangent pas. Elles vivent entre elles, dans un entre-soi.

    Toutefois à l’Est, la population est en train de changer avec l’arrivée d’acteurs investis dans les nouveaux secteurs de l’activité économique, comme le design, l’architecture, les nouvelles technologies, les médias, le monde de la mode… Ces gens, qui gagnent bien leur vie, sont fortement attirés par d’anciens logements ouvriers reconditionnés ou d’anciennes usines réhabilitées et dont maintenant les prix s'envolent.

    Alors bienvenue à la gentrification parisienne, bienvenue dans un Paris devenu une ville de riches …


    >> La gentrification sur Parisperdu.

     


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  • 29,  rue André Gide - 75015 Paris (Juin 2010)

    Rue André Gide, dans le 15ème arrondissement, vous ne pouviez manquer ce grand panneau publicitaire. C'est en effet, une image "format XXL" des Présidents américains du mont Rushmore … qui,  il y a peu encore, s'étalait-là.

    Il faut reconnaître que voilà une compagnie bien incongrue pour l'écrivain français, récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1947. Car Gide, qui a toujours assumé son homosexualité, se trouve ainsi confronté à la fine fleur du puritanisme américain.
    George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt ou Abraham Lincoln (de gauche à droite sur la photo) n'étaient en effet pas connus pour apprécier particulièrement les "gays" !

    Est-ce pour cette raison que le publicitaire leur fait à chacun tenir une rose à la bouche … ?
    Pas si sûr.
    "Nom d'un bourbon" aurait dit le capitaine Haddock.
    "Four roses, I presume" ?


    >> Plus sur André Gide …



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    Ce lieu était, il y a bien longtemps, le
     
    passage ordinaire des processions de la paroisse de Vaugirard.
     De nos jours,  si les processionnaires revenaient, ils devraient s'engouffrer à plusieurs reprises sous le faisceau des voies ferrées de la gare Montparnasse, toute proche. Une fois, deux fois, trois fois … autant de passages sous-terrains qui donnent à cette rue un petit air de rue Watt.

    Pas étonnant alors que, de tout temps,  le secteur ait intéressé les photographes et en premier chef, Marcel Bovis qui régulièrement, arpentait le quartier en rayonnant à partir de  la place Falguière.
     
    Tout comme Brassaï, Bovis excellait dans les clichés de nuit. Il en fit beaucoup dans ce coin du 15ème arrondissement, et dans des conditions sans doute plus tranquilles que celles d'aujourd'hui. 
    En effet, actuellement, je déconseillerais à quiconque les prises de vues nocturnes dans les parties sous-terraines de la rue de la Procession, où défile alors tout un petit monde qui ne souhaite pas être dérangé dans son "business". 

    Décidemment, les processions ont retrouvé une certaine actualité …

     

     

    >> Marcel Bovis, "Rue de la Procession" 1931.

    >>
    Voir aussi sur Parisperdu: "Paris dans l'œil des maîtres. (3/3)".

     

     



     


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  • Dalle Beaugrenelle –Paris 15ème  –Juin 2005

     

    De la rue de Javel, par un petit escalier dérobé, sombre et sale, il vous faudra gravir 39 marches pour arriver à la dalle. Plutôt qu’une dalle, plutôt qu'un grand plateau ouvert, c’est un entrelacs de passerelles réticulées d’où émergent des tours et d'énigmatiques totems. Des jardinières de béton gigantesques sont comme la réminiscence lointaine d’un rêve babylonien.

     

    L’espace est délabré, déserté, si ce n’est quelques enfants auxquels s’adresse peut-être le mou revêtement synthétique qui tapisse le sol près d'absconses faïences, fissurées et aux couleurs désuètes. Les façades des tours, assisses sur un socle de béton sec et raide, ont des rictus de masques aux traits saillants. Au pied des trente étages, les réverbères se devinent à peine. Le sous-sol est un enfer où règne l'éclairage à la vapeur de mercure, dont la lueur terne s'échappe des trous creusés dans la dalle.

     

    La toux sèche d’un enfant résonne, et des courants d'airs font d'incessants va et vient entre les tours et vos oreilles. Du fleuve on n’entend que la voie express qui le borde, on ne voit que les arbres qui le cachent, on ne sent que le vent qui porte les bruits et les odeurs des voitures.

     

    A proximité de la dalle, depuis quelques années déjà, le projet du Nouveau Beaugrenelle, un centre commercial deux fois plus grand que l’ancien, est à moitié réalisé, à moitié en chantier. Quant à la rénovation de la dalle, un projet nettement moins rentable que l'hyper centre commercial, il attendra : la fin des travaux est prévue à l'horizon 2014.

    D'ici-là, la dalle gardera l'indicible beauté des ruines, et ses tours la force absurde de la violence. Pourtant son nom est d'une réelle douceur et d'une rare poésie, ne l'appelle-t-on pas Beaugrenelle ?



    >> Le Nouveau Beaugrenelle.

    >> Autre dalle à découvrir sur Parisperdu : "Dalle ou dédale des Olympiades".

     

     

     

     

     

     


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