• Installée le long du canal de l'Ourcq, dans le 19ème arrondissement, cette usine désaffectée depuis une dizaine d'années va être démolie.

    Ce sont, finalement, des logements, des commerces et un espace vert, qui vont être implantés à la place de cette unité de production de vapeur qui servait à chauffer une partie de Paris.

    "Dans quelques mois, cette usine va partir en fumée pour de chics petites boutiques !" ai-je lu sur le blog d'un bobo du quartier des Buttes Chaumont. "Chouette" écrit le bobo.
    Mais est-ce vraiment si "chouette" ?

    Car en démolissant intégralement un bâtiment si familier aux résidents du quartier, ne fait-on pas table rase de la mémoire industrielle d'un territoire urbain qui ... aussi leur appartient  ?

    L'association ATCO (AuTour du Canal de l'Ourcq),  pense qu'il est possible de conserver une petite partie de l'usine. Et elle demande la sauvegarde de la cheminée, comme symbole du passé industriel du 19ème arrondissement.

    Car cette cheminée est pour beaucoup de gens, un peu comme un phare, un repère à la fois historique mais aussi géographique. Ici pour s'orienter, on lève les yeux au ciel pour apercevoir la cheminée ...

    Après des années d'études et de procédures, les travaux ont commencé cette année, mais les habitants du 19ème, veulent encore croire que l'aménagement de leurs rues, de leurs logements … ne sera pas victime d'un aveuglement technocratique qui n'hésiterait pas à faire disparaître toute trace du passé industriel du quartier de l'Ourcq.
    Ils ne veulent surtout pas glisser vers le monde aseptisé de l'oubli et du saccage des paysages urbains et demandent que soit sauvé le "phare industriel" de leur arrondissement.

    Mais le projet semble a priori bien compliqué. En effet, l'emprise de l'usine est l'enjeu de la dernière étape de l'aménagement du secteur Ourcq-Jaurès, un projet lancé en 2002 et qui doit redonner vie à un quartier, il faut bien le dire, particulièrement délaissé.

    L'avenir de la chaufferie de La Villette et de sa grande cheminée semble donc d'ores et déjà définitivement scellé …



    >> L'effacement du vieux Paris: rue de l'Ourcq.

     

     


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  • Place de Stalingrad : La Retonde de Claude Nicolas Ledoux sur la place réaménagée par Bernard Huet.

    On peut s’interroger sur la remarquable absence de tags sur la Place de Stalingrad.
    Serait-ce la monumentalité du lieu qui inhiberait la "créativité" des tagueurs ?
    Ou bien ceux-ci adhèrent-ils inconsciemment au style voulu par les deux architectes successifs de la Place: Ledoux et Huet ?
    Ou alors, plus prosaïquement, la mairie ou la Ville nettoient-elles instantanément et en priorité chaque "taggage" à cet endroit ?

    Nous n'avons pas la réponse, mais force est de constater les faits : la Place de Stalingrad n’est jamais tagguée.
    Nous nous permettrons alors une interprétation : elle n’est pas tagguée précisément parce qu’elle est livrée à la "consommation urbaine" de tous, y compris des victimes de la crise, de la drogue, … et des délinquants multicartes … tous trouvent ici une scène nocturne où exhiber leur malheur social et individuel.

    Ces gens qui parfois flirtent avec leur propre disparition, seraient en communication symbolique avec la sobre et sombre Rotonde de Ledoux, un lieu à la solennité incontestable, en quelque sorte: un temple, … leur temple !
    Et, on ne taggue pas son propre temple …


    >> La double vie de la Place Stalingrad.


     


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  • Les deux facettes de la Place de Stalingrad - Paris 19e arrondissement.
    (Photomontage: © Pierre Barreteau)


    Le projet de la nouvelle Place de Stalingrad fut dès le départ étroitement liés au programme d’aménagement du bassin de la Villette. Il devait aussi poursuivre le grand projet urbain de Ledoux (et surtout de Girard), sans prétendre toutefois à une reconstitution littérale.
    La Place, retravaillée par l'architecte Bernard Huet a été livrée au public en 1989.
    Quelques 20 ans après, quel est le résultat pratique obtenu ?

    Sa fréquentation diurne/nocturne fait penser à Mr. Jekyll et Dr. Hyde, la place ayant une double vie : respectable le jour, mais interlope la nuit. Ainsi, arrivé au terme de sa rénovation, la place de Stalingrad doit encore régler ses problèmes de drogues ...

    Un temps chassés en banlieue, les dealers de "crack" vendent à nouveau à Stalingrad. L'endroit précis est connu sous le nom de "camp des arcades", un petit camp retranché sous les arcades du bout de la place avec, comme rempart protecteur, des barrières de chantier de la ville de Paris. Sur ce spot, se tiennent en permanence une trentaine de zonards tellement accros qu’ils achètent et ­fument leur drogue en plein air. Les rares passants détournent le regard, tandis que défilent des dizaines d’autres clients venus s'approvisionner ici.

    Le problème devrait être résorbé en quelques mois avec le nouveau plan "Crack Stalingrad". Déjà, la police et les brigades anti-criminalité (Bac) font des raids réguliers le soir, et la voirie passe pour nettoyer. Mais les policiers n’embarquent presque personne, car les dealers ont leurs réseaux de guetteurs et, sur la place, les groupes se reforment moins d’une heure après les descentes de police.

    Les riverains pensent que l'ouverture de la Rotonde, transformée en restaurant haut de gamme, va contribuer à faire partir les "crackers".
    Sans doute, … mais ils trouveront un autre endroit, plus loin. Peut-être même seulement à une centaine de mètres …et la place de Stalingrad continuera à mener sa drôle de double vie.



    >> Déjà sur Parisperdu: "Stalingrad".

     


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  • La place des Fêtes,  juin 2008 -  Paris 19ème


    Les hautes tours de la Place des Fêtes, esthétiquement très médiocres, délivrent un paradoxe: même "reconstruit" le quartier conserve un caractère villageois et des qualités certaines de convivialité … que n'ont généralement pas les espaces situés au pied des tours ou des barres d'habitation.

    C'est qu'ici, à la différence des quartiers à problèmes de la banlieue Nord, par exemple, la population de la Place des Fêtes n’a, elle, pas de problèmes sociaux importants ; ses tours ont une superbe vue sur Paris et elles sont bien reliées au centre ; le quartier est parfaitement équipé ; et l’ambiance y est forcément beaucoup plus légère.

    Mais ce résultat, qui est d’abord le fait  des habitants eux-mêmes, n’existerait sans doute pas si ceux-ci ne pratiquaient pas, à l’intérieur de leurs tours, une convivialité certaine et somme toute assez rare dans ce type d’habitat.
    Alors, du fait de cette convivialité, l’opposition initiale entre "les gens des tours" et les anciens habitants du quartier s’est rapidement estompée. Et s’il y a bien un repérage des "tours des riches" par les riverains vivant en HLM près de la Place des Fêtes, ce n’est pas la forme architecturale qui le permet — toutes sont plutôt laides — mais la fréquentation de leurs habitants dans l’espace public.

    Au final, la vie dans les tours offre, outre l’avantage de ne plus les voir du dehors, maints avantages fonctionnels … Et le discours entièrement négatif sur la Place rénovée a toujours été le fait de non-riverains de la Place.

    Un petit tour Place des Fêtes est pour le non-résident une expérience à double détente : passé le premier "choc visuel", l'agrément du lieu vient peu à peu à vous … au fil des rencontre avec ses habitants.

     

    >> La place des Fêtes, déjà sur Parisperdu

    >> Voir aussi : "Ce n'est pas vraiment la fête ... !"

    >> La Place des Fêtes : quelle place ? Quelles fêtes ? (1/2)
     

     

     


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  • La place des Fêtes,  novembre 2009 -  Paris 19ème

    En 1974, peu après son élection, Giscard d’Estaing attaque la politique des grands ensembles, en déclarant:"On a construit ou laissé construire des ensembles d’inspiration collectiviste, monotones et démesurés, qui ont sécrété la violence et la solitude. Rétablir la communication sociale interrompue par le gigantisme et l’anonymat sera une tâche majeure de notre société ".

    Les trente années qui suivirent donneront largement raison à Giscard d’Estaing, du moins concernant les "grands ensembles" en général.
    Mais, Place des Fêtes, au pied de tours de 26 étages, il semble bien finalement avoir eu tort, tant le démarrage fut difficile. Quand ces tours furent construites vers 1975, on hurla à l’assassinat d’un quartier et d’une culture populaire … et les tours, maudites, restèrent vides pendant trois ans.

    Mais aujourd’hui, la Place des Fêtes apparaît à ses habitants, comme un lieu qui se prête à la vie de village et l’image qu’en renvoient ses habitants est bien différente de celle à laquelle pourrait s’attendre le flâneur égaré au milieu des tours et des barres de béton.

    Place des Fêtes, on promène son chien, on rencontre des amis, on s'arrête deux minutes pour discuter avec l’un ou avec l’autre, tant il est rare que l'on traverse la Place sans rencontrer quelqu’un de connaissance.

    Il n'est pas sûr qu’il y ait beaucoup de places dans Paris comme celle-là. Ici, on a gardé le côté populaire du 19ème, un arrondissement qui a toujours été comme cela, avec des gens qui respirent la simplicité et le naturel.

    Et ceci est d’autant plus remarquable que de l’avis général il n’y a pas à cet endroit de "vraies fêtes", ni d’ailleurs de "vraie Place" : tout le mérite du lieu tient à ce qu’il focalise la volonté de tous pour que le mythe de Belleville vive, sinon Belleville mourrait, et Belleville, on y tient …

    A suivre.

     

    >> Voir aussi : "Mon point central c'était la Place des Fêtes".

     

     


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