• Nous sommes tout près des abattoirs de La Villette, là où "on tranche le lard" comme le chante Jacques Dutronc ...
    Ici, sur le quai de la Gironde, subsistent encore aujourd'hui quelques activités connexes, telle l'usine de "Cuirs et Peaux" Joseph Fischer ou les Etablissements Félix Gaucher, un marchand de charcuterie et de salaisons, en gros et demi-gros ...

    A La Villette, sur l'un des murs de l'abattoir, on pouvait lire, sur une enseigne, cette dramatique sentence: "Ici l'on tue ...". Une évidence qui toutefois ne manquait pas de surprendre le promeneur, et l'incitait surtout à passer son chemin au plus vite.

    Sur le site de La Villette, le mois de mars 1974 marque la fin d'une époque car on y tue le dernier bœuf.
    En 1979, naît alors l'Etablissement Public du Parc de La Villette qui lance le grand projet de réhabilitation et d'aménagement des 55 hectares de friches industrielles, avec la mission de créer le premier parc culturel urbain.

    Ce sera une réussite !



    >> Des abattoirs ... au premier parc culturel urbain.

    >> Démolition des abattoirs de La Villette, septembre 1977 -Photo© Jean-Luc Charuel 

     

     

     


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  • A Paris, dans le 19ème arrondissement, la destinée du garage de l'Equerre est tout à fait révélatrice de l'évolution du quartier.
    Suivons donc son parcours.

    En 1930, au 7-9 de la rue de l'Equerre, s'implante un garage. Avec son fier fronton gravé, il se présente alors comme un temple de la "modernité automobile".

    Dans les années 1980, les asiatiques sont de plus en plus présents à Belleville et s'impliquent fortement dans l'économie locale aussi, il ne faut pas être étonné de voir le mécanicien vietnamien Nguyen Van
    Trieu, fraichement arrivé à Paris, reprendre l'activité du garage de l'Equerre.

    Mais dès la fin des années 90, les promoteurs immobiliers sont - partout à Paris - à la recherche de bonnes affaires et, les vieux garages de quartier sont des cibles de choix car ils offrent de grandes surfaces et de beaux volumes.
    Un projet immobilier est alors conçu par l'Agence XLGD et Associés, pour l'édification de logements au-dessus du garage, sur quatre niveaux. Le permis de construire ne sera finalement pas accordé.

    Puis, au début des années 2000, les bobos arrivent en nombre dans les quartiers Est de la capitale. On le sait, le bobo est friand de culture; il va donc falloir lui en fournir dans un secteur qui en manque cruellement ... La Cosmic Galerie va définitivement remplacer le Garage de l'Equerre ... on conservera, bien sûr, son fier fronton gravé, car cela fait "authentique" et "l'authentique" plait aux bobos.

    Ainsi, à Paris comme ailleurs en France, les garages comme bien d'autres bâtiments industriels sont souvent recyclés "culturellement". Cela nous montre bien que nous ne fabriquons et ne produisons plus grand-chose ... et avec tous ces bâtiments vides d'activités, c'est sûr que l'on va avoir le temps de se cultiver ... au chômage.


    >> Cosmic Galerie

    >> Le projet immobilier de l'Agence XLGD et Associés.

    >> "Bobo Attitude" ou "Les Bobos sur Parisperdu". 




     


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  • Le square Bolivar est un peu la place Dauphine des quartiers de l'Est parisien: un même espace clos, des bâtiments tout au tour ... et quelques arbres plantés sur un terre-plein central.

    N'hésiter pas à vous aventurer ici, même si, dès votre arrivée, vous allez vous sentir un peu comme un poisson dans la nasse ...
    Allez-y par tous les temps, car les attraits du square Bolivar changent constamment au rythme des saisons ...

    Ainsi, au printemps, les arbres de cette place triangulaire se parent de ces verts typiques de l'Ile de France, ceux-là même qui font une alliance des plus somptueuse avec les gris-bleu du ciel de Paris. La singularité de la forme du square: une flèche, dont la pointe est plantée en contrebas, dans l'avenue Simon Bolivar, disparaît alors quelque peu sous les frondaisons.

    En hiver, et surtout s'il a neigé sur Paris, le square Bolivar, dépouillé, mis alors à nu, montre son véritable tracé et retrouve toute sa quiétude. Les véhicules disparaissent sous un blanc manteau et le lieu devient alors un cocon ouaté ... un impassible manège.
    Le général Hiver a remporté son offensive contre le Libertador du square du 19ème arrondissement !


    >> Le square Bolivar et la place Dauphine, vus du ciel.

    >> Le square Bolivar au printemps.

     

     


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  • La Place de l'Argonne dans le 19ème arrondissement est un lieu quelque peu étrange, un lieu aux marges de la ville, à proximité des voies ferrées de la Petite-Ceinture et de la confluence du canal Saint-Denis et du canal de l'Ourcq.

    Peut-être cette place insolite doit-elle son nom à sa position géographique dans Paris qui est un peu similaire à celle que tient la région de l'Argonne en France ? En effet, l'Argonne n'est-elle pas une région naturelle de l'Est de la France, s'étendant de la Marne aux Ardennes, donc là aussi, aux marges d'un territoire ?

    Mais sommes-nous ici, toujours dans Paris ?
    Oui, car "être à la marge" ne conduit pas nécessairement à l'exclusion. Et, par rapport à la norme du centre-ville, un quartier à la marge, en lisière, s'invente d'autres formes de complicité, de partages, d'autres pratiques culturelles inédites et cosmopolites, voire de nouvelles formes architecturales ...

    Et c'est bien ce que l'on constate ici, place de l'Argonne, un lieu "loin de tout" mais qui a su créer une vraie vie de quartier grâce à un amalgame réussi de commerces, d'immeubles de bureaux, de logements ...

    Avec son austère pont de chemin de fer, la "face Est" de la place, désormais redessinée, plantée d'arbres et rendue aux piétons, est devenue une place plus aérée, plus lumineuse ...

    Le soleil ne se lève-t-il pas toujours à l'Est ... ?


     
    >> La place de l'Argonne, aujourd'hui. (Image de synthèse: "Mairie de Paris")

      
     

     


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  • Jusqu'à un passé encore récent, se dressait fièrement, rue de l'Atlas, une forteresse en briques rouge. Dans cette petite rue en pente régnaient alors les "Etablissements Odoul", une entreprise spécialisée dans les déménagements et le "garde-meubles". Une maison centenaire, une vraie curiosité qu'il fallait pouvoir observer en semaine lorsque le portail était ouvert.

    A l'époque de leur construction, ces bâtiments faisaient figure d'avant-garde architecturale car les entrepôts étaient constitués d'éléments modulaires en béton vibré, une technique alors récemment mise au point par l'ingénieur Freyssinet. En outre, les bâtiments utilitaires - à base de briques, de béton et de fer - incorporaient d'inédits monte-charges qui rendaient l'ensemble très fonctionnel.

    En 2004, la famille Odoul passe la main au leader de la profession DEMECO et cherche à valoriser au mieux ce fabuleux patrimoine immobilier ancré dans ce petit coin du 19ème arrondissement.

    Le promoteur immobilier Paris-Ouest rachète l'ensemble à la famille Odoul, et monte un projet visant à transformer la "forteresse rouge" en un immeuble d'habitation de standing, sur un concept à la mode : le loft. Le programme, qui sera dénommé LOFT 19, comportera donc 30 lofts et 2 locaux d'activités.

    Dans le quartier, les habitants ont toujours cru que les bâtiments Odoul étaient inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et qu'ainsi le promoteur n'aurait pas les coudées franches. Mais, fin 2005, les bâtiments tombent un à un, faisant douter qu'ils aient été quelque peu protégés ou classés. Renseignements pris, les habitants du quartier découvriront que les bâtiments ne sont pas classés ... seules quelques façades le sont.
    L'intervention de la Mairie d'arrondissement et du conseil de quartier va permettre de préserver l'essentiel : le grand immeuble en briques rouges de l'Architecte Lodz.
    Les travaux de l'ambitieux programme Loft 19 dureront deux ans et génèreront beaucoup de nuisances pour les riverains ... à telle enseigne qu'une maisonnette classée s'effondrera durant le chantier. Elle sera gommée du paysage...

    Aujourd'hui, les acquéreurs de ces splendides lofts sont bels et bien installés. Les plus jolis lofts de 100m² et plus, situés dans les étages supérieurs, ont trouvé preneurs pour un million d'euros. C'est dire combien cette réalisation  participe à "l'embourgeoisement" général de Belleville, dont seuls les immeubles sociaux de la rue Rébeval semblent maintenant pouvoir garantir à terme le maintien de la mixité sociale de ce secteur.

    Alors Odoul : heureux Lofts ? Peut-être, à moins que ce ne soit  "Oh douloureux lofts" !


     


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