• Dès que j'eus pénétré dans la cour de la rue du Retrait, j'eus une impression très particulière: nous n'étions plus dans les années 2000 !
    Je ne savais plus en quelle année nous étions : certes pas dans les années 50, mais cela ressemblait aux années cinquante ... ou soixante.
    L'isolement du lieu avait-il ralenti le temps ?

    Pourtant tout autour, les constructions modernes ne manquaient pas, les gens étaient habillés normalement, les voitures étaient toutes récentes, ... mais ici, il semblait que l'on pouvait vivre différemment, et surtout plus fort qu'ailleurs.

    Et même si, à cet instant, je trouvais l'impasse totalement déserte, l'ombre de la petite fille photographiée, ici, par Willy Ronis, semblait gravée, à jamais, sur le pavé encore intact ...
    Il en résultait une impression de bien-être et d'optimisme qui recréait l'ambiance d'une époque où l'on croyait encore à l'avenir ...


    >> Cour, rue du Retrait Paris 20 ème - La photo de Willy Ronis (© Willy Ronis).

     

     


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  • Angle de la rue de Vitruve et de la rue Florian

    C'est un bâtiment qui ne paie pas de mine. Il est grisâtre et rouge délavé avec des ouvertures encadrées par des pierres de taille d'un autre âge. Il n'a rien d'extraordinaire, mais sa position en angle, bien en vue dans ce carrefour et une touche d'une certaine "classe" sans doute héritée de son passé, de son histoire, font qu'invariablement il attire l'œil du passant.

    Il donne sur une petite rue en pente, une rue comme beaucoup d'autres dans ce quartier du 20ème. On dirait une MJC des années 1980, en moins propre...
    D'ailleurs, l'acronyme de l'endroit porté sur la façade prête à confusion ... Il est inscrit en lettres blanches : "MCJ, entrée visiteurs".
    Entendez, "Manufacture de Chaussures Jivry", mais seuls ceux qui ont travaillé dans ce bâtiment le savent !

    Car ici, on a, durant plus de 40 ans fabriqué des chaussures pour dames, pour hommes, pour enfants ... Tout cela dans la discrétion de ce petit atelier perdu au cœur du vingtième arrondissement. Mais depuis déjà bien longtemps, la Manufacture de Chaussures s'est retirée d'ici, ... sur la pointe des pieds.


    >> Voir aussi : "Maurice, l'artisan-bottier de Belleville a 100 ans !"

     

     


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  • Rue du Volga, Paris 20ème

    La rue du Volga est une petite voie calme du 20e arrondissement, coincée entre la rue d'Avron et le boulevard Davout. Dans cette partie, près du pont du chemin de fer de la Petite Ceinture, la rue est encore plus paisible, et avec ses immeubles d'un âge indéfini, aucun commerce, peu de circulation ... c'est un monde loin du monde ...

    Tout près, le square de la Gare de Charonne, un havre de quiétude, ajoute encore à la sensation d'avoir atteint, ici, un des lieux les plus reculés de Paris.

    Mais au fait, si la rue doit son nom au fleuve russe "la Volga", pourquoi cette appellation "du Volga" ? Par ce qu'il s'agit de la forme masculinisée de ce fleuve, forme que l'on retrouve, par exemple, dans le roman "Michel Strogoff" de Jules Verne. On peut ainsi constater qu'au XIXe siècle, la forme masculine de Volga était assez usitée, voire prédominante.

    Encore une touche supplémentaire qui s'ajoute au côté suranné de ce coin perdu du quartier de Charonne.


    >>  Voir aussi, sur Parisperdu: "Détente ou détention ?"

     


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  • Photo ©Philippe Hiraga


    Georges Perec nous parle de la rue Vilin : "Nous vivions à Paris, dans le 20ème arrondissement, rue Vilin; c'est une petite rue qui part de la rue des Couronnes, et qui monte, en esquissant vaguement la forme d'un S, jusqu'à des escaliers abrupts qui mènent à la rue du Transvaal et à la rue Olivier Métra.
    La rue Vilin est aujourd'hui aux trois quarts détruite. Plus de la moitié des maisons ont été abattues, laissant place à des terrains vagues où s'entassent des détritus, de vieilles cuisinières et des carcasses de voitures; la plupart des maisons encore debout n'offrent que des façades aveugles.
    Il y a un an, la maison de mes parents, au numéro 24, (...) était encore a peu près intacte. On y voyait même, donnant sur la rue, une porte en bois condamnée au-dessus de laquelle l'inscription COIFFURE DAMES était encore à peu près lisible.

    L'immeuble du numéro 24 est constitué par une série de petites bâtisses, à un ou deux étages, encadrant une courette plutôt sordide. Je ne sais pas laquelle j'ai habité. Je n'ai pas cherché à entrer à l'intérieur des logements, aujourd'hui généralement occupés par des travailleurs immigrés portugais ou africains, persuadé du reste que cela ne raviverait pas davantage mes souvenirs".

    (Extrait de "W ou le souvenir d'Enfance de Georges Perec"- 1975)


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Vilin, Couronnes et Pali-Kao..."

    >> Voir aussi sur la destruction de la rue Vilin: "Elles tombent, l'une après l'autre"

    >> Perec et "Le regard sur la ville"

    >> A Georges et à Léon-Paul ...

     

     


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  • Destruction de la rue Vilin - Photo ©Philippe Hiraga


    Durant l'été 1971, Philippe apprend que le quartier de Belleville risque de disparaître. Aussitôt, il s'y rend pour prendre quelques photos.

    Il faut dire qu'il n'est pas insensible aux transformations que subit alors le quartier ... "En fait, - nous dit Philippe - je suis allé sur les traces de mon père qui était artiste-peintre et avait peint, ici, plusieurs toiles entre les années 20 et les années 50 ... et où durant mon enfance, je l'ai souvent accompagné."

    Mais quand Philippe arrive rue Vilin, la destruction de la rue est déjà bien avancée, et ... les maisons tombent les unes après les autres, dans le vacarme des engins mécaniques et sous une poussière qui vous pique les yeux.

    Aujourd'hui, il ne reste rien de la rue Vilin ... et pourtant les yeux nous piquent encore. Ce n'est plus la poussière mais, à la vue des  clichés de Philippe, ce sont les souvenirs qui nous mouillent les yeux.



    >> Voir aussi sur Parisperdu: Vilin, Couronnes, Pali-Kao.

     


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