• De l'autre côté de l'amer.

    Rue du Tunnel: perspective vers la rue des Alouettes  - Paris 19ème -  Juin 1995

     

    Dans la perspective de la rue du Tunnel, le mât émetteur est comme un amer destiné à orienter le promeneur. Dépouillé des ses organes actifs, il y a bien longtemps qu'il n'émet plus rien, car depuis le printemps 1996, une armada de bulldozers a achevé de tirer un trait sur les studios de télévision des Buttes Chaumont situés au pied de ce mât qui, pendant 40 ans, s'est élevé au-dessus des collines de Belleville.

    Ici, se  dressent désormais les immeubles d'habitation d'une énorme opération immobilière. La valeur du site des Buttes-Chaumont avait été estimée à 450 millions de Francs, on ne trouva qu'un seul preneur … à 150 millions, mais ne s'agissait-il pas d'un spécialiste du bâtiment … et de la télé …? Bouygues … bien sûr !

     

    Les studios détruits par Bouygues ont pourtant un glorieux passé qui rend cette opération encore plus scandaleuse.
    C'est ici, en effet, que Léon Gaumont construisit dès 1895 le premier studio de cinéma français. Un immense périmètre, allant de la rue de La Villette à la rue du Plateau et au parc des Buttes-Chaumont, était alors le lieu de travail de quelques 1 500 opérateurs du 7ème art.
    Puis les studios des Buttes furent rachetés et transformés par la Radio Télévision Française qui devient par la suite l'ORTF. Et c'est l'essentiel de l'histoire de la télévision en France qui s'écrivit ici, jusque vers 1985. Toutes les tentatives de sauvegarde d'une mémoire du site par la création, par exemple, d'un musée de la télévision échouèrent et dès 1989, les pelleteuses commencèrent le massacre.

     

    Qu'il a-t-il maintenant de l'autre côté de l'amer ?
    Plus grand chose. Il ne reste des Studios des Buttes-Chaumont que quelques troquets, rescapés de la ceinture de bistrots qui les entouraient et que fréquentaient alors aussi bien les cameramen, les techniciens … que les vedettes du show-business de l'époque.

     

    Seul supplément d'âme dans ce coin de béton plutôt laid, le Centre d’Art Contemporain du Plateau créé ici en 2002, un lieu culturel et social de qualité qui, en plus de ses expositions d'arts plastiques s’ouvre à d’autres champs artistiques, en proposant des soirées de musique contemporaine, des séances de lecture et bien d'autres choses encore …


    >> Le Centre d’Art Contemporain du Plateau : site officiel.

     

     

     

     

    « La photographie humaniste a-t-elle encore un avenir ... ?La villa Faucheur. »

  • Commentaires

    3
    Vendredi 16 Octobre 2009 à 10:11
    "Moscou, ce qui n'est plus"
    Merci,votre blog très intéressant est bien conçu! A Moscou, il ya quelque chose de semblable, mais beaucoup plus les problèmes de publication - le blog s'intitule "Moscou, ce qui n'est plus" - à propos de la destruction de bâtiments historiques de la ville -- http://moskva.kotoroy.net/
    2
    Alain
    Mardi 29 Septembre 2009 à 11:00
    Sinistrose
    Vous avez raison, ce quartier était plein de vie et respirait l'enthousiame et la bonne humeur. Aujourd'hui, il me donne la sinistrose.
    1
    Vasselin
    Dimanche 27 Septembre 2009 à 09:46
    Studio des Buttes
    J'ai travaillé à l'ORTF des Buttes Chaumont dans les années 75 et me reconnais bien dans votre article. La ceinture de bitrots était formidable avec une activité joyeuse, de jour comme de nuit ...
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :