• "Extérieurs nuit".

    Photo ©Panos Kokkinias, courtoisie de la galerie Xippas

    Les boulevards des Maréchaux forment un ensemble continu de voies qui ceinturent Paris. A la limite de la ville, ces boulevards dits "extérieurs" sont en quelque sorte l'ancêtre du périph'. Leur nom "collectif" découle du fait qu'à leur création, la totalité de ces boulevards portaient des noms de maréchaux du Premier Empire.

    Vous avez dit "Maréchaux d'empire" ? ... oui de pire en pire !

    Car, notamment au nord-est, Boulevard Ney, sur la partie la plus sombre des "Maréchaux", dans un no man's land urbain, au milieu d’un paysage ferroviaire et industriel, dans ces entre-portes lunaires, arrivent progressivement ici - dès la tombée de la nuit – des escouades de prostituées. Isolées, ou parfois par deux, elles se positionnent alors, à une centaine de mètres d’intervalle.

     

    Depuis l'assainissement du centre de Paris et l’arrivée massive de filles étrangères par l’entremise de réseaux de l’Europe de l'Est ou de filières africaines, cette partie Nord des boulevards des Maréchaux reçoit périodiquement de nouvelles migrantes, dernièrement des femmes kosovares et albanaises, souvent jeunes, très jeunes.

     

    Pour être moins repérables, les prostituées sont contraintes à travailler dans l’ombre, et doivent se déplacer d’un lieu à l’autre, suivant les soirs.

    En surface, elles sont régulièrement délogées par la police, aussi vont-elles maintenant jusqu'à occuper les rampes souterraines d'accès aux portes de Paris.

    Là, dans un univers à la Enki Bilal, la scène atteindra son paroxysme lorsque sur les murs et sur la voûte du tunnel, les éclairs jaunes des feux de détresse des véhicules d'hypothétiques clients, se mélangeront avec la lumière bleutée des gyrophares de la police venue mettre le holà à l'infernal manège.

     

    Finalement, aujourd'hui, une majorité de prostituées ont fini par quitter les boulevards des Maréchaux. Elles ont maintenant investi la proche banlieue. Mais le problème n’est que repoussé. Il est juste moins visible par la police et par les gens "de bonne société". Le proxénétisme s’adapte, mais la prostitution, elle, ne change pas de visage.
    Sur les boulevards "extérieurs" comme ailleurs, se révèle toute la sordide étendue de cette misère humaine.

     

     

    >>  Voir aussi sur Parisperdu: "La vie sous le périf".

     



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  • Commentaires

    1
    Noémie
    Samedi 4 Avril 2009 à 10:48
    Sordidement beau
    J'aime le contraste de votre billet entre le sordide de la situation et l'esthétisme de la photo. bravo
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