• Angle de la rue de Bagnolet et de la rue Ligner, Paris 20ᵉ

     

    On a souvent déploré ici l'enlaidissement de la capitale, certains ont même lancé le mot-clé  #saccageparis . Ceux qui disent "PARIS c'est moche" peuvent maintenant ajouter "et ça sent mauvais".
    Car désormais à Paris, les poubelles s'accumulent dans certains arrondissements, suite aux cumul des jours de grève des éboueurs contre la réforme des retraites.

    Des terrasses de brasseries ou de cafés se retrouvent avec de poubelles non collectées, entassées sur leur trottoir sur une dizaine de mètres.

    De même, des dizaines de sacs poubelle remplis sont entassés en pleine rue, sur les avenues, les Grands Boulevards, à quelques mètres de sites touristiques, tout cela renvoie une image de Paris catastrophique.

    Aujourd'hui la grève des éboueurs qui transforme la capitale en décharge n'est qu'une étape supplémentaire de l'enlaidissement et de la saleté de Paris qui est allé crescendo depuis l'élection d'Anne Hidalgo. Et c'est dans ce cloaque que l'on va recevoir les J.O !

     

    >> L'enlaidissement de la ville, déjà sur Parisperdu.

    >> Paris est une Zad.

    >> La prolifération des rats à Paris.

     

     

     

     


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  • Belotte à Belleville et Manille à Marseille !

    "Partie de cartes en plein air, rue Botzaris", Paris 1952 ©Willy Ronis

    Extrait du film "Marius" de Marcel Pagnol- Séquence de la "Partie de cartes"-1931

     


    Ronis connaissait-il les œuvres où Cézanne met en scène quatre, puis trois et finalement seulement deux joueurs de cartes sur sa dernière toile ?
    Oui vraisemblablement car Ronis avait au moins connaissance de certaines reproductions de ces toiles. Pour autant, avait-il en mémoire les tableaux de Cézanne au moment d'appuyer sur le déclic ? Là, cela est moins sûr…

    Ce qui est sûr par contre c'est qu'il a souvent cherché à photographier des joueurs de cartes car ils entrent pleinement dans les scènes populaires qu'il affectionne tant.

    Dans sa moisson de photos récoltées dans les quartiers populaires, j'ai identifié cinq photos de Ronis montrant des joueurs de cartes :
    - "Café, rue des Cascades, Ménilmontant" - Paris, 1948
    - "Café, place d'Aligre", Paris, 1952  
    - "Partie de cartes en plein air, rue Botzaris", Paris 1952
    - "La belote", Paris, 1954
    - "La partie de Tarot, Joinville le Pont ", 1991.

    A Marseille, il est neuf heures du soir. Dans un petit café, Escartefigue, Panisse, César et M. Brun sont assis autour d'une table. Ils jouent à la manille.
    Escartefigue regarde son jeu intensément, et, perplexe, se gratte la tête. Tous attendent sa décision. Panisse précise alors : "C'est ce coup-ci que la partie se gagne ou se perd".
    Escartefigue renchéri : "C'est pour ça que je me demande si Panisse coupe à cœur ? Moi, je connais très bien le jeu de manille, et je n'hésiterais pas une seconde si j'avais la certitude que Panisse coupe à cœur".
    Panisse : "Eh bien ! Réfléchis en silence... Et ils se font encore des signes ! Monsieur Brun, surveillez Escartefigue, moi, je surveille César."
    César : "Tu me surveilles moi, comme un tricheur. Je ne dis pas que je vais pleurer, non, mais moralement, tu me fends le cœur". Et s'adressant à Escartefigue : "Alors, à moi, il me fend le cœur. Et à toi, il ne te fait rien ?
    Escartefigue pousse un cri de triomphe. Il vient enfin de comprendre, et il jette une carte sur le tapis. Panisse le regarde, regarde César, puis se lève brusquement, plein de fureur. "Est-ce que tu me prends pour un imbécile ? Tu as dit :  Il me fend le cœur pour faire comprendre que je coupe à cœur. Et alors, il joue cœur, parbleu" !

     

    >> Les joueurs de cartes, tableaux de Paul Cézanne.

     

     

     

     


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  • Le Vaudésir, 41 Rue Dareau, 75014 Paris

     

    C'est un fait les bistrots parisiens se meurent. Car ici, je parle des vrais bistrots, des troquets, des rades… évidemment pas des Starbucks ou autres "néo-cafétérias" tenues par des esclaves qui rêvent de l'American way of life.

    Toutefois certains résistent… surtout dans le nord de Paris, mais pas seulement.
    Récemment, j'en ai découvert un dans le 13e arrondissement, qui a enchanté l'une de mes journées. Malheureusement, je ne pourrai vous en donner l'adresse car ce jour-là j'errai dans Paris sans prêter attention aux noms des rues.

    Hors du périph' la Seine-Saint-Denis est, pour les troquets, un haut lieu de la Résistance comme l'était le plateau des Glières, en 1944.
    Là-bas, il y a encore une foule de bistrots dans lesquels on peut rencontrer des "aristocrates des biberons", comme disait Huysmans. Et les paroles de ces Hercules de la bouteille pourraient figurer dans un film d'Audiard ou dans un bouquin de René Fallet. Ces gens de tous les peuples, de toutes les couleurs et de toutes les religions se foutent bien de tout ce qu'on dit sur eux et sur leur identité. Ils fraternisent jusqu'à ce que la bière ou le vin les fasse dérailler. Les patrons et les patronnes, parfois bourrus, y sont beaucoup plus attachants, que les belles filles et les beaux garçons des bars "branchés", qui viennent vous demander toutes les trente secondes si tout va bien.
    Dans les bistrots, on sait vivre ; on ne sait que s'ennuyer dans les cafés !

     

    >> Les bistrots sur Parisperdu.

     

     

     


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  • Le Paris en couleurs de Willy Ronis.

    Légendé :  Pont Royal, Paris, 1955 © Willy Ronis ; mais il s'agit plutôt du Pont du Carrousel.

     

    La découverte des photographies en couleurs de Willy Ronis sera à coup sûr une surprise pour beaucoup. Elle le fût également pour moi. Mais alors que je suis un "fan" inconditionnel de Willy et de ses magnifiques images en noir et blanc, je dois dire que j'ai été déçu en feuilletant son ouvrage " Paris-couleurs".
    Et je voudrais dire pourquoi.

    Chez Ronis le charme du noir et blanc rend paradoxalement ses images intemporelles, elles font rarement datées alors qu'à l'opposé ses photos en couleurs font souvent très datées.

    Il y a une explication toute simple à cela et c'est Willy lui-même qui nous la donne : "Fin 1954, j’avais commencé avec mon Rolleiflex… des essais avec la pellicule Kodachrome, cette merveille qui malheureusement n’affichait alors qu’une sensibilité de 10 Asa".
    Ronis a donc photographié en couleurs dès 1955, dès l’apparition du Kodachrome, un film diapositive à la chromie si particulière, et surtout si peu sensible à la lumière.

    La faible sensibilité du film entraine pour Ronis des contraintes lors de la prise de vue, par exemple : il doit attendre le feu rouge pour immobiliser les automobiles sur la pellicule ; les piétons doivent prioritairement être pris de face car de profil leur image sera floue s'ils marchent trop vite…
     
    Toutes ces contraintes sont à l'extrême opposée de la spontanéité de son regard, de sa formidable capacité à saisir un sujet sur le vif.  De surcroît dès que la lumière du jour est faible, l'image issue de la pellicule Kodachrome devient brumeuse et c'est cela qui la rend très datée.

    A la même époque ses photos en noir et blanc sont bien plus lumineuses, mieux contrastées… Bref le Kodachrome 10 Asa est techniquement très limité et le talent de Ronis a du mal à s'exprimer avec cette pellicule couleur. D'ailleurs plus tard il dira à propos de sa célèbre photo en noir et blanc "Au repos de la montagne", lorsque je lui demande s'il se souvient de la couleur de la façade de ce bistrot : "Non je ne m'en souviens pas car à l'époque ma vision était exclusivement en noir et blanc".

    Plus tard, dans les années 80, Ronis reviendra à la couleur avec des films devenus plus sensibles mais il s'en sert surtout pour des reportages commandés, en couleur, par des agences liées à l'Aménagement du territoire et à d'autres organismes… mais jamais pour des photos de rues prises sur le vif. Peut-être avait-il gardé un souvenir mitigé des rues de Paris photographiées, dans les années 54-55, avec la très limitée Kodachrome 10 Asa.

    C'est un lieu commun que de dire que l'on ne peut plus regarder la télé en noir et blanc quand on l'a vu en couleur ! Pour les photos de Willy Ronis, je dirais que l'on a du mal à apprécier ses photos en couleurs quand on connait celles en noir et blanc.

     

    >> "Paris-couleurs" de Willy Ronis aux éditions "Le Temps qu’il fait". 80 photographies en couleurs, 120 pages - Préface de Michel Boujut.

    >> Question à Willy Ronis : "De quelle couleur était Belleville ?"

    >> "Au repos de la Montagne" - Photo ©Willy Ronis

     

     

     

     

     


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  • Inspirations : en écho à Willy Ronis...

    Fundamente Nuovo,                                                                         La rivière Thu Bôn (vue du pont-pagode japonais),
    Venise, 1959. ©Willy Ronis                                                             Hoi-an (Viêt-Nam), 2010.  ©Pierre Barreteau

     

    Même hors de Paris, dans des lieux où Willy Ronis n'est jamais allé, n'importe où dans le monde, je m'étonne parfois de faire des photos qui - là encore - font écho à certaines images de Ronis.

    Ainsi en novembre 2010, je suis à Hoi-An au centre du Viêt-Nam. Son célèbre pont-couvert Japonais du 17e siècle, richement décoré, est aujourd'hui envahi par les touristes du monde entier.
    Tournant le dos à toute cette agitation bruyante et polyglotte, mon regard accroche l'autre rive de la rivière Thu Bôn. J'ai alors devant moi une passerelle où va s'engager un homme coiffé du traditionnel chapeau pointu Viet. Instantanément la scène me fait penser à la célébrissime photo de Willy Ronis prise à Venise sur le "Fondamente Nuove". Le déclic s'impose à moi car c'est alors comme si l'image de Willy, imprimée dans ma mémoire, latente dans mon inconscient me pousse vers l'instant décisif, celui qui va déclencher la prise de vue.

    La modernité consiste souvent à faire du neuf avec du vieux, une adaptation en quelque sorte de la loi de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » aussi peut-être les correspondances entre ces deux photos participent-elles de cette évolution ? Et alors, même après la disparition de Willy, c’est comme dans la chanson de Trenet :

    "Longtemps, longtemps, longtemps,
    après que les poètes ont disparu,
    leurs chansons, courent encore dans les rues..."

     

    >> Le pont-pagode japonais, Hoi-an (Viêt-Nam)

     


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