• La rue GasnierGuy en juin 1995, "ground zero"  avant l'heure.


    Dans Belleville et Ménilmontant, il est vrai que  j'ai fait les mêmes promenades, les mêmes circuits que bien d'autres photographes. C'est comme si nous avions tous en commun un certain flair … et naturellement, nous sommes passés par les mêmes rues car, d'instinct, nous les sentions plus intéressantes que d'autres.

    Il y avait dans ces endroits-là, une sorte d'état de grâce, une certaine alchimie issue d'une subtile alliance de la topographie, du bâti et de l'humain.

    Je trouve donc assez logique d'avoir, dans l'Est parisien, photographié les mêmes lieux que Willy Ronis, qu'Henri Guérard, que François-Xavier Bouchart, … ou sans doute de bien d'autres encore, et ce, sans aucune recherche de mimétisme.

    Mais photographier le Belleville d'aujourd'hui, pour moi c'est fini! Je n'ai plus envie de revenir dans des lieux qui ont trop changé. On n'y retrouve plus ses repaires, c'est devenu autre chose, … comme ce parc de Belleville qui est un massacre.
    Impossible de retrouver ses émotions … et surtout dans certaines rues pavées, cette lumière qui créait une ambiance unique.

    En définitive, les superpositions des villes ne se font pas si bien que cela dans la mémoire des humains.
    Belleville a complètement été transformé en un autre Belleville. On peut éventuellement accepter ce nouveau Belleville si l'on réside sur place, parce qu'alors les choses évoluent au quotidien et le psychique peut assimiler ces transformations lentes. Mais quand on a quitté un endroit, on en garde forcement une vision figée; et s'il y a entre cette image du passé et celle d'aujourd'hui un écart de temps trop important, alors ça ne colle plus, ça ne peut plus marcher…

    Dans le milieu des années 90, contrairement à l'époque de Ronis, j'avais le sentiment que Belleville était en train d'être définitivement démoli et qu'il y avait des photos à faire en urgence, avant que tout cela ne disparaisse.

    Aujourd'hui, seuls subsistent de maigres restes, complètement effrités, du Paris de Ronis,  … et encore seulement en de très rares endroits.

    Alors amoureux d'un certain Paris, à vos appareils, il y a encore quelques rares clichés à faire, mais cette fois-ci l'urgence devient celle des temps de catastrophes … où chaque minute compte.


    >> La rénovation urbaine dans le Bas-Belleville.




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  • Rue Planchat Paris 20ème (juillet 2005)

    "Delenda Carthago"! C'est toujours ainsi qu'à Rome, Caton l'Ancien terminait ses discours devant le Sénat: "Il faut détruire Carthage".

    Cette expression indiquait clairement l'acharnement à réaliser ce que l'on avait alors à l'esprit.

    Aujourd'hui à Paris, certain promoteurs immobiliers peuvent sembler suivre le chemin obsessionnel de Caton. Il faut détruire encore et toujours l'habitat ancien. Car le laisser en l'état, voire le réhabiliter ne leur permet plus de faire leurs "choux gras".

    Au cours de l'Histoire, à Paris comme à Rome, les murs n'ont pas toujours eu le dernier mot.


    >> Une rage de destruction.

    >> Démolition des murs … démolition des vies.

    >> La violence des démolitions forcées.

     

     


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  • © Willy Ronis, Escalier de la rue Vilin, Belleville , 1959

    François-Xavier Bouchard, est un photographe peu connu. Il a pourtant beaucoup photographié le Belleville des années 70, le Belleville d'avant son grand chambardement. Aussi, me parait- il particulièrement qualifié pour commenter la célébrissime photo de l'escalier de la rue Vilin, immortalisé par le grand Ronis.

    C'est Bouchard qui parle :
    " La photo de Willy Ronis, celle des enfants couchés sur la grille, on la visualise. C'est une photo fabuleuse, on ne peut pas la décrire, il y a un équilibre, il y a un sujet, une atmosphère, il y a une histoire. Ces enfants jouent sous l'escalier, l'escalier n'était pas spécialement beau, il avait été soutenu avec des piliers en ciment mais (…) de ce  bout de rue qui donnait sur Paris avec cette vue merveilleuse, plus la rue Vilin qui descendait en courbe, en S, avec ses immeubles à crépi orange et fraise, c'était très beau et c'est vrai que beaucoup de photographes se sont arrêtés à cet angle pour faire des photos. Belleville a eu cet instant de grâce où les enfants jouaient sous l'escalier et on voit la perspective de la rue au-dessus qui redescendait sur la rue de Belleville.
    Cette photographie, c'est une petite merveille, c'est une histoire."

    Oui, s'il est vrai que beaucoup de photographes se sont arrêtés précisément ici, rue Piat, et ont pris un nombre incalculable de photos, une seule image de cet endroit est devenue une icône universelle: celle des gamins de Willy Ronis …



    >> Le Belleville des années 70, vu par François-Xavier BOUCHART.

    >> De quelle couleur est Belleville ?

     

     

     


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  • Carrefour stratégique: 84 rue des Cascades / 43 rue des Envierges Paris 20ème - Capture d'écran de Google Maps.


    Aujourd'hui le virtuel remplace le réel. Et au fond, je n’aurais même plus besoin de me déplacer pour visiter Paris, car Google Maps et d'autres logiciels de géo-localisation me le permettent facilement, sans bouger de chez moi …
    Mais alors comment rencontrer les vrais parisiens, comment partager concrètement des moments précieux avec eux, comment s'enrichir de leur expérience ?

    Désormais, l'Homme que produit notre société ne s'intéresse plus qu'au virtuel et aux abstractions: il aimera l'humanité car il n'en coûte rien d'aimer un Bangladais ou un Inuit, mais il détestera son voisin et ne fera rien pour lui être agréable. Car avec ce dernier, il s'agit de relations vivantes, réelles, on sort de l'abstraction et du virtuel … et là, il faut faire un effort et c'est justement cet effort que nos sociétés n'enseignent plus.

    On demande à l'Etat de se substituer à tout, on lui demandera bientôt des assurances pour toutes les circonstances de la vie entière, de sorte que l'on n'ait plus rien à prévoir soi-même et que l'on vive sans souci de la naissance à la mort.

    Mais on ne voit donc pas alors que cet Homme a perdu sa vitalité par le fait même qu'il n'a plus à combattre, qu'il sera plein de vertus qui ne lui coûteront rien, mais qu'il sera anémié, endormi parce qu'il ne fera plus aucun effort.

    Le virtuel n'est qu'illusion, illusion du vivre ensemble, illusion du "tweet", ce gazouillis souvent bien futile alors que la vraie vie est faite du frottement des humains entre eux, du coudoiement dans la cité, dans ses bars ou ailleurs … et de discussions en face à face …
    Et là, comme diraient les enfants: "C'est pas pour de faux" !


    >> Vue du même endroit, mais en se rendant physiquement sur place …

    >> Tout cela est-il bien raisonnable ?

    >> Lire aussi : "L’addiction aux jeux vidéo, une paresse intellectuelle".

     

     


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  • 500


    On a connu, il y a peu la course aux 500 signatures pour les candidats à l'élection présidentielle.

    On a également eu le "revival" de la mythique Fiat 500, la "Cinquecento", alias "pot de yaourt".

    Il y a aussi le billet rose fuchsia de 500 €, que peu d'entre-nous ont dans leur portefeuille ...

    Aux Etats-Unis, à côté du Dow Jones, la bourse cote aussi le "S&P 500".

    Et récemment, Facebook vient d'annoncer 500 millions d'utilisateurs mobiles ...

    Mais désormais, il faudra aussi se souvenir ... que Parisperdu a mis en ligne son 500ème billet !


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