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    Concorde – Champs-Elysées /Paris 1959 © Willy Ronis

     

     
    Paris est une ville ronde, une bulle qui a grossi, tout comme New-York, la "big apple".
    Au cours des siècles, Paris a dépassé cinq enceintes successives (celles de Philippe Auguste, de Charles V, de Louis XIII, des fermiers généraux et de Thiers) et Paris … ne compte pas s'arrêter là.

    De plus, Paris est structuré par l'opposition "Ouest chic / Est populaire", "rive droite des affaires"/"rive gauche de la culture" (même si c'est en train de changer).

    Et puis, il y a " l'axe du pouvoir ". C'est extraordinaire de voir que, du Louvre à l'Arc de Triomphe, tous les beaux quartiers se sont construits de la même manière. Les grandes familles de l'aristocratie et de la bourgeoisie bâtissent des hôtels particuliers, ils créent les "belles adresses" qui attirent commerces de luxe et sièges sociaux des entreprises... et ces derniers finissent par chasser ces familles. On le voit bien avec les Champs-Elysées : les grandes familles sont expulsées des hôtels particuliers qui sont transformés en sièges sociaux et le processus continue toujours plus à l'ouest.

    Mais, quand on arrive au pont de Neuilly dans les années 50, là ça ne va plus. On tombe sur des petits ateliers et des immeubles sans grâce, très mal placés, en plein sur l'axe. Alors on fait intervenir l'Etat, on détruit tout, jusqu'au cadastre, ce qui est très rare, et l'on crée un beau quartier d'affaires : La Défense. Ça permet de poursuivre.

    On verra dans trente ou quarante ans, mais on peut penser que la municipalité communiste de Nanterre va être mise en difficulté, les tours de logements sociaux vont sauter, et l'on pourra prolonger l'axe jusqu'à la Croix de Noailles dans la forêt de Saint-Germain, tel qu'il était prévu dans les plans d'urbanisme du début du XXème siècle.

    Bien sûr, c'est de la fiction, mais vu ce qui s'est passé à La Défense, il n'y a aucune raison pour que ça ne se fasse pas ainsi, d'ici à la fin du XXIe siècle.



    >> Grand Paris ou grand pari ?

     

     


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  • Boulevard Périphérique, vers la Porte d'Ivry Paris 13ème.


    Paris est l’une des rares capitales d’un pays majeur, aussi petite en surface et entièrement close par un périphérique bruyant et visuellement très présent.
    Il n'y a pas d'autre exemple au monde.


    Construit en 1973, le périphérique a remplacé les fortifications. Là, il y avait " la zone". La zone, c'était l'endroit où l'on était en dehors, en dehors de la ville, de la société, des lois, un endroit marginal et incertain où vivaient "apaches" et truands.
    L'habitat y était précaire : c'était un territoire militaire, on voulait conserver la possibilité de tout raser en cas de conflit. D'où la présence de marginaux, de chiffonniers, du marché aux puces …

    Lorsque cet espace large de 400 mètres a été récupéré, entre 1919 et 1930, aucun pouvoir politique n'a jamais eu de plan d'aménagement cohérent, si bien que l'on a reconstitué sur l'espace des fortifs un no man's land entre ville et banlieue.
    HLM, HBM (ancêtres des HLM), stades, cimetières, chemin de fer de la Petite Ceinture, boulevards des Maréchaux et périphérique s'y sont installés et constituent désormais une barrière difficilement franchissable. C'est comme s'il y avait autour de la ville un fleuve circulaire qu'on ne pourrait traverser que par ces ponts que sont les portes de Paris.

    Avant la dernière guerre, Paris avait un visage différent: il y avait des quartiers très ouvriers, comme l'avenue de Choisy dans le 13ème. Dans les années 30, le Parti communiste y sonnait du clairon dans la cour des HBM pour appeler à la manif !
    Il y avait aussi des poches d'habitat populaire dans tous les arrondissements, y compris le 7ème et, dans toute la ville, beaucoup de familles modestes qui habitaient aux derniers étages des immeubles, là où, à l'époque il n'y avait pas d'ascenseurs.

    On vivait aussi beaucoup dans la rue, il y avait plus de corps à corps qu'aujourd'hui. Jusqu'aux années 50, de nombreux quartiers étaient comme les Grands Boulevards aujourd'hui, avec beaucoup de monde sur les trottoirs, sur la chaussée aussi, qui a depuis été neutralisée par l'automobile. Sur les vieilles cartes postales, on voit les gens discuter au milieu des places et des boulevards. C'est inimaginable aujourd'hui.

    Depuis 1954, Paris intra-muros a perdu 25 % de sa population. Le Paris populaire qui était un Paris très dense est devenu moins dense, en même temps qu'il est devenu moins populaire. Les petits appartements et les ateliers récupérés ont été transformés en appartements plus grands, plus confortables, habités autrement.

    Au 19ème siècle déjà, des politiques très respectables parlaient de l'invasion des "barbares", à propos des Auvergnats qui troublaient l'ordre public quasiment par leur seule présence. Quant aux pauvres, on a souvent eu la tentation de les envoyer au-delà des limites, la banlieue étant vue comme le lieu du bannissement. Cette banlieue n'a pas été peuplée directement par les gens qui arrivent de province, car ceux-ci s'installent dans Paris, à la Goutte-d'or en particulier. Et c'est seulement après une socialisation urbaine qu'ils partent en banlieue. Depuis longtemps, celle-ci est habitée majoritairement par des gens qui ont été expulsés vers la périphérie. Amorcé avec les travaux d'Haussmann, le processus se poursuit aujourd'hui encore. En même temps, la ville de Paris ne peut se passer de la banlieue : elle y a 10 % de ses HLM, 80 % de ses morts et 100 % de ses ordures.

    Et c'est comme un appel, comme une évidence pour l'avènement d'un "Grand Paris".



    >> Grand Paris, où en est-on ?

    >> Le Grand Paris, ... pincez-moi, je rêve !

    >> Le "Grand Paris" ou comment changer ... d'aire ?

    >> Paris est sa banlieue... (le blog)
     

     

     

     


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  • 22-24 Rue Etienne Marey Paris 20ème (mai 1997)

     

    Paris compte aujourd'hui une centaine de stations-service, trois fois moins qu'en 1980.

    Une tendance que l'on retrouve au niveau national, mais à Paris cette baisse va encore s'accentuer dans les prochaines années. En effet, la mise aux nouvelles normes, prévue pour 2014, constituera vraisemblablement le coup de grâce des "indépendants", ces stations de trottoirs composées d'une ou de deux pompes installées en bordure de rue, dont une vingtaine perdure dans la capitale.

     

    A Paris, le durcissement des conditions de stationnement, la transformation des voies en faveur des transports en commun et la montée des préoccupations écologistes ont fait baisser la circulation de 24% en huit ans. Et s'il reste encore 1,2 millions d'automobiles qui transitent chaque jour par la capitale, cela ne suffit pas pour maintenir à flot de nombreuses stations-services malgré un tarif dépassant souvent les 1,60 € le litre de sans plomb.

    Les taxis ne semblent pas s'émouvoir de ces disparitions car la plupart des chauffeurs qui travaillent dans la capitale font leurs pleins en banlieue, là où le carburant est moins cher.

    Les pompes parisiennes ne servent plus alors qu'en dépannage, et le client y met rarement plus de 20 € …

    Trouver du carburant à Paris pourrait bientôt devenir un calvaire, comme au temps pas si lointain des pénuries dues aux grèves contre la réforme des retraites … !


    >> Les cabines téléphoniques aussi …


     


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  • Le Flèche d'or café, rue de Bagnolet Paris 20ème.

     

     

    Parisperdu propose un double voyage: dans l'espace et dans le temps.
    Ses itinéraires dans le Nord et l'Est parisien entraînent le promeneur dans une ville qui souvent n'est plus : rayée de la carte par endroit, altérée par ailleurs du fait des spéculations administratives et financières ou tout simplement estompée par le passage des ans.

    Recomposée sur elle-même, Paris laisse toutefois deviner quelques traits de son visage d'hier et veut bien nous livrer quelques indices, des repères à partir desquels le passé semble renaître, fugitif et miraculeux.

    Parisperdu promet de nombreuses découvertes aux amateurs de flâneries urbaines ; les âmes poétiques lui trouveront peut être un attrait supplémentaire: une certaine capacité à ouvrir les portes du rêve.
    Bon voyage …

     

     

    Les itinéraires de Parisperdu :

    >> Paris, guide à l'usage du touriste averti.  

    >> Balade "hors des sentiers battus" ... (3/3)

    >> Balade "Des Epinettes aux alentours du canal de l’Ourcq".

    >> Balade "Du triangle Mouzaïa-David d’Angers-Compans à la butte Bergeyre".
     

    >> Balade "Du haut Belleville au bas Ménilmontant".




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  • Photo © Marc Riboud: Paris, 1953

     

     

    Il y a longtemps que j'attendais que Marc Riboud, ce grand monsieur de la photo, nous montre son savoir-faire et sa sensibilité dans une grande exposition parisienne.
    L'homme sait se faire rare. Mais enfin, la Galerie Polka, nous donne à voir quelque chose de celui qui doit être le dernier des grands photographes, encore vivant, de la génération des Boubat, Cartier-Bresson, Ronis …

    L’exposition, intitulée : "Liberté. Egalité. Féminité", nous montre que tout au long de sa carrière, Marc Riboud n’a jamais cessé de photographier la Femme, les femmes, dans toute leur féminité, que ce soit dans sa campagne tourangelle ou à l'autre bout du monde ...

    Et, à travers les soixante années de carrière du photographe, les femmes viennent des quatre coins du monde : elles sont africaines, japonaises, chinoises, … parisiennes.

    Aussi, dans ce tour du monde des femmes en quinze portraits, icônes ou inconnues, j'ai voulu voir comment Riboud saisissait la "parisienne". Je pensais trouver un hommage à la mode, à la haute couture, bref à l'élégance de la femme de Paris, reconnue comme telle par le monde entier.

    Et bien, pas du tout ... !
    Dans l’œuvre de Marc Riboud, la parisienne est une nonne, une religieuse dans un cadrage et dans une pose très esthétique …

    Encore une fois, Marc Riboud nous surprend.
    Souhaitons qu'il continue à nous surprendre encore longtemps 


    >> "La Polka Galerie" 75003, Paris.

    >> Marc Riboud face à ses photos (interview vidéo)

    >> La religieuse, "cadrage original" ...




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