• Le garage de l'Equerre.


    A Paris, dans le 19ème arrondissement, la destinée du garage de l'Equerre est tout à fait révélatrice de l'évolution du quartier.
    Suivons donc son parcours.

    En 1930, au 7-9 de la rue de l'Equerre, s'implante un garage. Avec son fier fronton gravé, il se présente alors comme un temple de la "modernité automobile".

    Dans les années 1980, les asiatiques sont de plus en plus présents à Belleville et s'impliquent fortement dans l'économie locale aussi, il ne faut pas être étonné de voir le mécanicien vietnamien Nguyen Van
    Trieu, fraichement arrivé à Paris, reprendre l'activité du garage de l'Equerre.

    Mais dès la fin des années 90, les promoteurs immobiliers sont - partout à Paris - à la recherche de bonnes affaires et, les vieux garages de quartier sont des cibles de choix car ils offrent de grandes surfaces et de beaux volumes.
    Un projet immobilier est alors conçu par l'Agence XLGD et Associés, pour l'édification de logements au-dessus du garage, sur quatre niveaux. Le permis de construire ne sera finalement pas accordé.

    Puis, au début des années 2000, les bobos arrivent en nombre dans les quartiers Est de la capitale. On le sait, le bobo est friand de culture; il va donc falloir lui en fournir dans un secteur qui en manque cruellement ... La Cosmic Galerie va définitivement remplacer le Garage de l'Equerre ... on conservera, bien sûr, son fier fronton gravé, car cela fait "authentique" et "l'authentique" plait aux bobos.

    Ainsi, à Paris comme ailleurs en France, les garages comme bien d'autres bâtiments industriels sont souvent recyclés "culturellement". Cela nous montre bien que nous ne fabriquons et ne produisons plus grand-chose ... et avec tous ces bâtiments vides d'activités, c'est sûr que l'on va avoir le temps de se cultiver ... au chômage.


    >> Cosmic Galerie

    >> Le projet immobilier de l'Agence XLGD et Associés.

    >> "Bobo Attitude" ou "Les Bobos sur Parisperdu". 




     

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  • Commentaires

    6
    Frédéric
    Samedi 16 Janvier 2010 à 12:15
    "Un moinde mal"...
    Sympa comme expression, Bertrand ! C'est vrai que l'art contemporain, c'est d'la merde, et moi aussi, quand j'entends le mot "culture", je sors mon revolver ! Et rassurez-vous, tous, il y a suffisamment de HLM à Belleville pour que les sales bobos, dont je suis, y restent minoritaires. On est toujours le boboiseur de quelqu'un, et le boboisé de quelqu'un d'autre. Ces chers artistes établis à Belleville n'ont-ils pas eux-mêmes délogé les artisans dont ils ont pris les ateliers ? Signé : Frédéric, le galeriste-garagiste
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    5
    emilia
    Mercredi 11 Mars 2009 à 08:57
    les bobos veulent ...
    Oui, les bobos veulent -je pense- recréer dans l'Est parisien un melange de Montmartre + Le quartier du marais. Les bobos aiment tout ce qui englobe l'Est parisien car il fait bon y vivre et cela a un coté tres interessant a exploiter vu le nombre d 'espace et de terrains laissé a l'abandon et prêt a etre demoli.
    4
    Jacques-Yves Rossign
    Lundi 26 Janvier 2009 à 18:11
    Les bobos enfin démasqués
    Les approches anecdotiques du problème de l’invasion du cœur de Paris par les "bobos" ne manquent pas particulièrement. Ces approches ont d’ailleurs tout pour leur plaire, aux bobos : elles sont superficielles, frivoles, futiles. On tiendra ici un autre langage, ayant une certaine prétention à la densité et même, horreur, à l’expression de la vérité. La "bourgeoisie bohème" constitue un cas particulier de population urbaine blasée. On a déjà connu dans le passé des coteries de riches oisifs blasés s’excluant plus ou moins volontairement du sérieux de la vie de la cité et de sa politique et ne vivant plus que d’une existence capricieuse, ludique et irresponsable. Mais à l’intérieur du genre "urbains blasés" les bourgeois bohèmes parisiens ont quelques spécificités qu’il faut nommer explicitement. D’abord ce ne sont pas de grands esprits blasés : ce sont des petits bourgeois en situation de concurrence tentant de jouer aux grands décadents, et ce qui fut parfois grandiloquence, paradoxe, magnificence, devient chez eux mesquinerie, névrose, hystérie. Petits bourgeois blasés en concurrence : cela veut dire aussi que leur comportement capricieux et irresponsable n’a rien de spontané de "bon enfant"; les "bobos" sont des capricieux et des irresponsables calculateurs qui mettent toute leur intelligence au service de leur comportement tordu ; or l’intelligence développée et même hypertrophiée dissociée de l’éthique et au service du glauque et du morbide, cela se nomme déséquilibre mental, ou perversion. Mais, plus encore, les "bobos" ont choisi de rompre avec la logique et la raison, avec l’éthique et la politique, et ne se meuvent plus que sur le terrain de l’esthétique, du regard. Nous y voilà : les "bobos" constituent avant tout un peuple de voyeurs à temps plein. Ils sont ceux qui n’ont nullement l’intention d’intervenir dans le monde pour le rendre plus humain. Pour eux ce monde est un spectacle et le clou de ce spectacle, c’est le malheur et la souffrance des petits, des faibles, des sans défense, de ceux qu’ils disent "ploucs" ou "ringards", des non-bobos en un mot.
    3
    Samedi 24 Janvier 2009 à 11:24
    Et l'âme, on la gare où?
    C'est un arrondissement qui n'a pas fini de muter... La réhabilitation devant y être des plus rentable. A souhaiter que ce ne soit pas au détriment de l'âme du quartier. Bon week end.
    2
    Vendredi 23 Janvier 2009 à 10:13
    Travailler notre mémoire
    Paris perdu est vraiment le blog d'un photographe pas comme les autres. Il publie des photos de l'est parisien dans le but de faire travailler notre mémoire et nous faire prendre conscience que notre ville ne cesse de bouger. Cette vue illustre parfaitement sa démarche sur un exemple de mon quartier
    1
    Bertrand
    Jeudi 22 Janvier 2009 à 12:05
    Et encore c'est pas le pire ...
    Je connais bien la rue de l'Equerre, votre analyse est exacte et encore on a évité le pire, le promoteur voulait raser le garage et faire 7 niveaux d'habitations et de loft, ce n'est que dans un deuxième temps qu'il se serait résolu à construire au-dessus du garage, mais là encore il n'a pas eu l'autorisation d'où la galerie d'art d'aujourd'hui : un moindre mal. Signé : Bertrand, un bobo du quartier
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