• Malaise à Belleville ... (1/2)


    Menaces, intrusions, jets de pierres... à Belleville, un malaise profond s'établi entre nouveaux arrivés et anciens habitants.

    D'un côté, une masse de républicains bon teint. De l'autre, quelques jeunes blacks ou beurs, et une triste situation, qui révèle le méchant climat d'insécurité régnant dans le quartier et l'exaspération qu'il suscite chez les nouveaux installés: commerces et artistes branchés en tête.

    Au centre de tout cela, un océan de fantasmes dont la principale chimère s'appelle le "bourgeois-bohème" !

    Le fameux bobo, les jeunes le voient partout, ils en parlent tout le temps, et ils ne l'aiment guère. Ecoutons Sélassié, un ado de Belleville: "Ici, on se mélange, on se supporte. Mais les bobos, eux, ils nous prennent de haut. Ils viennent avec leurs soi-disant Lumières, mais leur arrivée annonce des choses. Leur but, en fait, c'est de nettoyer le quartier et de nous envoyer en banlieue."

    Cette haine un peu confuse du bourgeois étonne. Mais elle s'appuie sur une sourde réalité. Belleville est en effet, un territoire à part dans la métropole parisienne. On y retrouve des populations situées aux deux extrêmes de la pyramide sociale. D'un côté donc, les fameux bourgeois-bohèmes, qui investissent les anciens immeubles ouvriers remis à neuf. De l'autre, des familles maghrébines ou noires-africaines, regroupées dans les grands ensembles HLM. D'un côté, la constellation des bars «tendance» et des lofts pour bienheureux. De l'autre, des isolats comme la cité "Piat-Faucheur-Envierges", où se concentrent tous les stigmates de la précarité sociale : 17% de chômage, 22% de familles bénéficiaires d'aides sociales et une petite délinquance suffisamment ancrée pour que le quotidien des habitants soit rythmé par les descentes musclées de la police.

    Entre ces deux mondes, les passerelles se sont peu à peu effondrées et on voit le quartier se «refermer» année après année. L'espace est devenu à la fois plus cher et plus restrictif. Auparavant, les logements étaient insalubres et la rue servait de salon. Maintenant, les nouveaux venus imposent leurs mœurs et leur argent. On ferme les passages, on pose des digicodes, on «protège» ses enfants en les envoyant à l'école privée.

    Les petits délinquants ne cassent pas par hasard, même si leur révolte n'est pas formulée, ils sentent très bien qu'ils sont "persona non grata" et que la logique économique ne tardera pas à les chasser. Car, si les bourgeois-bohèmes sont souvent les premiers à se réjouir de la mixité colorée du quartier, leur arrivée massive se solde paradoxalement par l'éviction des classes populaires.

    A suivre...

     

     

    « Sur les pas d'... Eugène AtgetParis est un véritable océan ... »

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  • Commentaires

    11
    Pat
    Dimanche 18 Juillet 2010 à 17:28
    colons de l\'an 2000
    \"colons de l\'an 2000\", oui, il y a un peu de ça. Ce qui les attire, soi-disant, c\'est le \"cosmopolitisme\"...mais ils ne se fréquentent qu\'entre eux et pour cause : financièrement, leur train de vie ne nous permet pas de les suivre, et ils sont très mal à l\'aise lorsqu\'on leur parle d\'éventuelle gêne financière. La dèche, ça va bien, mais de loin...de près elle les culpabilise ou les panique, c\'est selon. Communiquer avec eux n\'est pas facile : être artiste ne suffit pas. Moi, ce qui me gêne le plus, chez eux, je crois, c\'est leur insouciance.
    10
    Gwouigwoui
    Samedi 17 Avril 2010 à 08:59
    physique quantique
    Certes. En fait, c'est un problème de physique quantique : l'observateur fausse l'expérience. Ben là c'est pareil : le bobo aime bien le vieux Paris populaire, mais dès qu'il se pointe, le vieux Paris cesse d'être populaire D'où, bim, gentryfication
    9
    Matt Birmingham (UK)
    Samedi 17 Avril 2010 à 08:58
    quartiers envahis
    Je suis pas parisien mais est-ce que le coté Paris perdu, regretter les quartiers envahis par les investissements immobiliers et autre n'est pas bobo?
    8
    SoLong
    Samedi 17 Avril 2010 à 08:56
    c'est la même chose.
    Nina a écrit: Le populaire, c'est bobo. Après la boboisation de Belleville, celle du 20e? Le 20e et Belleville... c'est la même chose. Et la boboïsation du 20e est presque achevée, y a qu'à aller faire un tour aux Buttes Chaumont le dimanche, ou regarder les boutiques autour de Jourdain et Télégraphe. On se croirait dans le 5e l'odeur dégeulasse et les immeubles moches en plus. (on reste Rive Droite quand même, faut pas déconner)
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    7
    Gwouigwoui
    Samedi 17 Avril 2010 à 08:54
    trucs à bobos
    Ben justement non, là il montre le vieux Paris en train de se faire bouffer par les lofts, les galeries d'arts et autres trucs propres à attirer les bobos.
    6
    Nina
    Samedi 17 Avril 2010 à 08:51
    la boboisation de Belleville
    Le populaire, c'est bobo. Après la boboisation de Belleville, celle du 20e?
    5
    Gwouigwoui
    Samedi 17 Avril 2010 à 08:49
    Paris populaire
    Un beau blog sur le Paris populaire qui est en train de disparaître petit à petit et qu'on ne trouve plus guère que dans le 20e : http://parisperdu.blogg.org/ Avec de belles photos dedans, et un peu d'histoire contemporaine.
    4
    Mardi 8 Janvier 2008 à 12:38
    Le passé est-il un idéal ?
    Merci pour votre commentaire. Il ne s'agit bien évidement pas d'idéaliser le passé mais de comprendre une évolution voire d'imaginer l'avenir de ces quartiers de l'Est parisien. En ce sens la réponse est dans le billet qui faisait suite à celui que vous commentez; voir: http://www.blogg.org/blog-30804-date-2007-12-12-billet-pali_kao_-720127.html Cordialement, Pierre
    3
    jmlapzz
    Lundi 7 Janvier 2008 à 14:58
    et alors quoi?
    Avec 40% de logts sociaux dans ce secteur, la gentrification se limitera assez rapidement. J'ai du mal à comprendre en quoi la mixité sociale est un mal. Bien sûr cela provoque parfois des frictions, mais ne pas admettre la coexistence des gens (on n'est pas encore à la cohabitation)ne me semble pas être une meilleure solution. Alors oui, il y a peut être 15 ou 20ans il n'y avait pas encore les bobos et leurs exigences en matière de services publics ou de commerces de proximité, mais par pitié n'idéalisez pas le passé comme vous le faite.
    2
    Jeudi 6 Décembre 2007 à 11:51
    Tolérance sans complaisance
    L'enfer est pavé de bonnes intentions. Ou comment se tromper d'ennemis. On est souvent le bobo ou l'émigré de quelqu'un. Qui est gagnant dans ces affrontements ?
    1
    mac
    Mardi 4 Décembre 2007 à 09:55
    ;;;;;;
    Ca fait longtemps que je dénonce les agissements et la façon de faire de ces bobos qui sont tout bonnement des fils à papa, friqués et qui ressemblent à des colons de l'an 2000 ! Je ne me cache pas : Je déteste les bobos ! Ils m'énervent avec leur vocabulaire, leur culture de mes c..... et leurs avis sur tout... Ils m'énervent avec leurs musiques souvent chiantes, leurs peintures nulles, leurs meubles aux couleurs de m..... Ils m'énervent ! Et je comprend très bien les gens qui leur lancent de spierres !!! Ils arrivent dans un quartier avec leur fric et font grimper les prix ! Ils achètent tout, commerces, appart", ect... Ils sont intouchables vu qu'en général : Ils votent pour la Mairie en place... Le pire dans l'histoire : ILS SE DISENT DE GAUCHE mais seraient vite de petits collabos ou des lâches !...
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