• Bonne année 2023

     

    "Bonne année ! ",

    "Happy new year ! ",

    "Ein gutes neues Jahr ! ",

    "Migliori auguri ! " …

     

    Parisperdu vous présente tous ses meilleurs vœux pour 2023.

    Gardons le contact toute l’année en nous retrouvant régulièrement sur Parisperdu, et aussi en rejoignant le groupe Facebook : "Paris Hier, aujourd'hui … demain" animé par Parisperdu, le photo blog des amoureux de Paris.

     


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  • Le Paris en couleurs de Willy Ronis.

    Légendé :  Pont Royal, Paris, 1955 © Willy Ronis ; mais il s'agit plutôt du Pont du Carrousel.

     

    La découverte des photographies en couleurs de Willy Ronis sera à coup sûr une surprise pour beaucoup. Elle le fût également pour moi. Mais alors que je suis un "fan" inconditionnel de Willy et de ses magnifiques images en noir et blanc, je dois dire que j'ai été déçu en feuilletant son ouvrage " Paris-couleurs".
    Et je voudrais dire pourquoi.

    Chez Ronis le charme du noir et blanc rend paradoxalement ses images intemporelles, elles font rarement datées alors qu'à l'opposé ses photos en couleurs font souvent très datées.

    Il y a une explication toute simple à cela et c'est Willy lui-même qui nous la donne : "Fin 1954, j’avais commencé avec mon Rolleiflex… des essais avec la pellicule Kodachrome, cette merveille qui malheureusement n’affichait alors qu’une sensibilité de 10 Asa".
    Ronis a donc photographié en couleurs dès 1955, dès l’apparition du Kodachrome, un film diapositive à la chromie si particulière, et surtout si peu sensible à la lumière.

    La faible sensibilité du film entraine pour Ronis des contraintes lors de la prise de vue, par exemple : il doit attendre le feu rouge pour immobiliser les automobiles sur la pellicule ; les piétons doivent prioritairement être pris de face car de profil leur image sera floue s'ils marchent trop vite…
     
    Toutes ces contraintes sont à l'extrême opposée de la spontanéité de son regard, de sa formidable capacité à saisir un sujet sur le vif.  De surcroît dès que la lumière du jour est faible, l'image issue de la pellicule Kodachrome devient brumeuse et c'est cela qui la rend très datée.

    A la même époque ses photos en noir et blanc sont bien plus lumineuses, mieux contrastées… Bref le Kodachrome 10 Asa est techniquement très limité et le talent de Ronis a du mal à s'exprimer avec cette pellicule couleur. D'ailleurs plus tard il dira à propos de sa célèbre photo en noir et blanc "Au repos de la montagne", lorsque je lui demande s'il se souvient de la couleur de la façade de ce bistrot : "Non je ne m'en souviens pas car à l'époque ma vision était exclusivement en noir et blanc".

    Plus tard, dans les années 80, Ronis reviendra à la couleur avec des films devenus plus sensibles mais il s'en sert surtout pour des reportages commandés, en couleur, par des agences liées à l'Aménagement du territoire et à d'autres organismes… mais jamais pour des photos de rues prises sur le vif. Peut-être avait-il gardé un souvenir mitigé des rues de Paris photographiées, dans les années 54-55, avec la très limitée Kodachrome 10 Asa.

    C'est un lieu commun que de dire que l'on ne peut plus regarder la télé en noir et blanc quand on l'a vu en couleur ! Pour les photos de Willy Ronis, je dirais que l'on a du mal à apprécier ses photos en couleurs quand on connait celles en noir et blanc.

     

    >> "Paris-couleurs" de Willy Ronis aux éditions "Le Temps qu’il fait". 80 photographies en couleurs, 120 pages - Préface de Michel Boujut.

    >> Question à Willy Ronis : "De quelle couleur était Belleville ?"

    >> "Au repos de la Montagne" - Photo ©Willy Ronis

     

     

     

     

     


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  • Inspirations : en écho à Willy Ronis...

    Fundamente Nuovo,                                                                         La rivière Thu Bôn (vue du pont-pagode japonais),
    Venise, 1959. ©Willy Ronis                                                             Hoi-an (Viêt-Nam), 2010.  ©Pierre Barreteau

     

    Même hors de Paris, dans des lieux où Willy Ronis n'est jamais allé, n'importe où dans le monde, je m'étonne parfois de faire des photos qui - là encore - font écho à certaines images de Ronis.

    Ainsi en novembre 2010, je suis à Hoi-An au centre du Viêt-Nam. Son célèbre pont-couvert Japonais du 17e siècle, richement décoré, est aujourd'hui envahi par les touristes du monde entier.
    Tournant le dos à toute cette agitation bruyante et polyglotte, mon regard accroche l'autre rive de la rivière Thu Bôn. J'ai alors devant moi une passerelle où va s'engager un homme coiffé du traditionnel chapeau pointu Viet. Instantanément la scène me fait penser à la célébrissime photo de Willy Ronis prise à Venise sur le "Fondamente Nuove". Le déclic s'impose à moi car c'est alors comme si l'image de Willy, imprimée dans ma mémoire, latente dans mon inconscient me pousse vers l'instant décisif, celui qui va déclencher la prise de vue.

    La modernité consiste souvent à faire du neuf avec du vieux, une adaptation en quelque sorte de la loi de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » aussi peut-être les correspondances entre ces deux photos participent-elles de cette évolution ? Et alors, même après la disparition de Willy, c’est comme dans la chanson de Trenet :

    "Longtemps, longtemps, longtemps,
    après que les poètes ont disparu,
    leurs chansons, courent encore dans les rues..."

     

    >> Le pont-pagode japonais, Hoi-an (Viêt-Nam)

     


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  • Willy Ronis et Edgar Degas : une certaine parenté.Willy Ronis et Edgar Degas : une certaine parenté.Willy Ronis et Edgar Degas : une certaine parenté.

    "Le Tub", Pastel d'Edgar Degas, 1886,                                      "Après le bain femme s'essuyant",       "Le Nu Provençal, Gordes",
    © Paris, Musée d'Orsay                                                            Photographie d'Edgar Degas, 1884.      1949 © Willy Ronis

     

    Certaines photos de Ronis ont-elles une parenté avec des toiles de Degas ?
    A priori cette parenté n'est pas évidente car quand on dit : "Degas", on pense petits rats de l’Opéra, tutus vaporeux et ballerines haut lacées. Il faut dire que pour Edgar Degas, la danse est la grande affaire de sa vie : il lui a consacré pas moins de 1 500 œuvres !

    Pourtant Degas a exploré beaucoup d'autres sujets : les courses de chevaux, l’opéra, les cafés-concerts et la vie quotidienne… Il s'intéresse à la photographie, aussi en 1895 il fait l’acquisition de matériel photographique. Fasciné par les possibilités offertes par ce nouvel outil, il abandonne ses pinceaux et son ciseau pendant deux ans : entre 1895 et 1896. L’appareil lui permet alors de figer l’instant pour le reproduire sur la toile mais aussi d’expérimenter la lumière comme jamais auparavant, tout en explorant un nouvel univers esthétique.

    À l’aide de gestes interrompus, il parvient à créer dans l’esprit du spectateur une succession de photogrammes où la suite prévisible est immanquablement imaginée. L’exemple le plus poignant est celui de l’enjambement du rebord de la baignoire par des femmes nues : le pied suspendu dans le vide appelle inéluctablement le moment où il se posera au sol, puis celui où l’autre jambe fera de même.

    Il a beaucoup été dit combien l’œuvre de Degas devait à la photographie, lui-même s’en étant abondamment servi pour réaliser certaines de ses œuvres : décentrage, compositions obliques, contre-jour… Ses cadrages ont une liberté de plongée et de contre-plongée qui les rendent contemporains des premiers clichés de la photographie. Ils témoignent aussi d’une vraie fascination pour le noir et blanc, Degas disait : "Mes noirs sont trop noirs, mes blancs pas assez blancs". Il est vrai qu’à l’époque les tirages ne sont pas noirs et blancs mais sépia… !

    Sur les photographies de Degas, on retrouve les mêmes gestes, les mêmes postures, les mêmes visages rêveurs qui peuvent être rencontrés sur ses toiles ; on ne se défait pas d’un style d’une vie aussi facilement… Ainsi sur "Le Tub", un pastel de format : 63 × 80 cm, il est aisé de voir que le cadrage serré, la vue en plongée, l'étagère en premier plan révèlent l'influence de ses premiers clichés photographiques.

     

    >> Voir aussi :

    > Willy Ronis et Pierre Bonnard : quand des images se rencontrent. (2/2)

    > Willy Ronis et Paul Cézanne jouent aux cartes !

    >
    Willy Ronis et les peintres flamands. (3/3)

     

     

     

     


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  • "Chez Victor", un dimanche à la campagne.

    Bistrot-Guinguette "Chez Victor", Impasse Compans Paris 19e (1956) © Photo Willy Ronis

     

    En partant de la place des Fêtes j'arrive au point le plus haut de la rue Compans. Était-ce là, le lieu ? Était-ce là l'impasse où Willy Ronis a photographié en 1955-56 le bistrot guinguette "Chez Victor" ?
    Cette impasse aujourd'hui disparue, engloutie sous cinq énormes gratte-ciels, prenait-elle le tracé de la rue Eugénie Cotton qui justement contourne ces monstrueuses barres de béton surnommées dans le quartier : "Les Paquebots" ? Ou bien alors est-ce le monstre lui-même qui a tout englouti dans ses entrailles : l'impasse, la guinguette avec son zinc, ses jeux de boules et ses tables sous la tonnelle… ?

    Willy nous dit que "de chez Victor, on avait une vision à 180 degrés : du canal Saint-Denis aux pistes du Bourget...". Par chance, il m'est aujourd'hui possible de grimper sur l'immense dalle sur laquelle reposent les barres tentaculaires du monstre froid de béton. Ainsi pourrais-je peut-être retrouver le point de vue de la guinguette ?

    Et effectivement, le bistrot-guinguette devait bien se situer là, car sous mes pieds, s'étale le quartier de la Mouzaïa avec ses villas en impasse, puis à l'horizon, de l'ouest à l'est : la butte Montmartre, le canal Saint-Denis, les immeubles du Pré Saint Gervais... et, en me retournant, peut-être même verrais-je les pistes du Bourget ? Mais non car de nouveau, il est encore là..., mon regard butte sur l'énorme store vénitien que constituent les barres de béton... et je ne suis plus autorisé à accéder à la ligne d'horizon.

    Les instants de grâce et d'insouciance que Ronis a connus ici, en haut de la rue Compans, sont désormais bien loin... Heureusement, il nous reste les clichés du maître : en noir et blanc et aussi en couleur. Ils nous permettent aisément d'imaginer ce lieu d'une quiétude alors toute campagnarde, dominant une ville qui n'en n'était pas encore vraiment une...

     


    >> Le même lieu photographié en noir et blanc par Willy Ronis en 1955.

    >> Ronis aime retourner sur les lieux de ses plus fortes émotions photographiques :
    "Rue Eugénie Cotton, entre les immeubles neufs du haut de Belleville, Paris (1980) © Willy Ronis

    >> "Chez Victor" déjà sur Parisperdu.

    >> On a retrouvé Victor !

     


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