• Graffitis anti-bobos – Paris 19ème arrondissement (2012)

    Les sociologues et philosophes de tous bords se sont récemment intéressés au couple antinomique des "petits blancs" et des "bobos".

    Alain Finkielkraut a tiré le premier en évoquant le "Français de souche", un terme si controversé que d'autres lui préfèrent celui de "petit blanc".

    Le petit blanc est celui qui n'a pas les moyens de quitter les quartiers populaires très métissés et qui souffre de ce métissage alors que le bobo peut vivre dans ces quartiers, même s'il a souvent des stratégies d'évitement face aux situations les plus critiques.

     A la différence du petit blanc, le bobo peut donc choisir où il va habiter. Il aime bien la culture populaire, l'altérité et les mélanges. Les bobos ont inventé le covoiturage, les jardins partagés et ils ont poussé les maires de grandes villes à aménager celles-ci autrement.

    Et même s'il n'a pas beaucoup d'argent, il peut aller habiter dans des quartiers où il y a une importante mixité, … mais il n'ira jamais habiter dans une cité du 9.3 !

    Dans son livre, "Paris sans le peuple", la sociologue Anne Clerval refuse d'employer le terme bobo qu'elle considère comme un "mot piège" préférant celui de gentrificateurs.

    "La mixité sociale souvent lue comme un mélange culturel, est très valorisée par les gentrificateurs même s'ils la pratiquent peu dans les faits" explique-t-elle.
     
    Derrière une apparence d'ouverture, la "boboïtude" ne serait-elle pas en fait le nouveau visage de la classe dominante?


    >> Autres exemples de graffitis anti-bobos.

    >> Guide de survie en pays bobo.

     



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  • Angle de la rue de Belleville et de la rue Haxo - Paris 20ème (1997)

    Robert habite tout près d'ici, dans un HLM qu'il surnomme "la caserne", sans doute parce qu'il en trouve l'architecture d'une triste banalité ou bien alors, peut-être, parce qu'il s'y sent un peu trop enfermé.
    Toutes les fin d'après-midis, il s'échappe de "sa caserne" pour une courte promenade dont le parcours reste immuable : rue de Belleville, rue Romainville et retour par la rue Haxo.

    Aujourd'hui, il s'arrête plus longtemps qu'habituellement à l'angle de la rue de Belleville et de la rue Haxo car là, un énorme panneau publicitaire l'interpelle.
    Durant un long moment, Robert a essayé d'en déchiffrer le message. Mais la photo géante de cet homme torse nu livre peu d'indication car aucun texte ne l'accompagne …
    Robert rentrera chez lui bien dubitatif.
    Demain il aura la réponse, car l'affichiste aura alors sans doute terminé son ouvrage …


    >> Dans la "jungle" des panneaux publicitaires.

     


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  • Au milieu du terre-plein qui sépare la rue des Trois-couronnes de la rue Jean-Pierre Timbaud, presqu'au niveau de la mosquée de la rue Morand, que l'on ne remarque que par quelques détails: ses quatre ouvertures d'un genre mozarabe et de pauvres paires de souliers quittés par des fidèles, je suis abordé par un jeune homme.

    Il est grand, barbu et sans conteste de type nord-africain. Il se dit intéressé par mon appareil photo, qu'il veut examiner sous toutes les coutures. Serait-il prêt à me l'acheter, qu'il ne s'y prendrait pas autrement ! Je tiens toutefois le reflex fermement par sa courroie car je n'ai aucune confiance en cet inconnu et en ses airs soupçonneux.

    Finalement, il me dit qu'il s'appelle Mehdi et il m'avoue pourquoi il m'a abordé. Il ne veut pas que je photographie la sortie des fidèles de la mosquée, en ce vendredi, jour de prières. Je lui dis que je ne suis pas ici pour cela et que mon propos est simplement d'arpenter les quartiers Est de la capitale et de prendre les clichés que le hasard de la balade peut m'offrir.

    - "Ok - me dit-il - mais pas la mosquée".
    - "Pourquoi pas la mosquée ?" 
    C'est la question de trop. Le voilà lancé dans une logorrhée, déversant des flots de paroles, des arguments plus ou moins étayés sur l'impérialisme américain, les martyrs de la Palestine, les juifs qui dominent le monde, les français tous racistes, etc. … et il conclut :
    - "Donc, mon ami, pas la mosquée."

    Mettant fin à cette conversation avec "mon ami", et sans réfuter ses propos, ni accepter sa demande, je passerai devant le lieu de culte en shootant à la volée une rafale de trois images.
    Je vous offre ici la mieux cadrée, au nom de la liberté de circuler dans mon pays: démocratique et laïque!


    >> Voir aussi sur Parisperdu: " Paris-Dakar"

     

     

     


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  • LE BOBO LOUNGE, 3 rue de Budapest 75009 Paris

    L'une des caractéristiques du bobo, c’est qu’il se sent socialement supérieur à vous, même s’il ne l’est pas. Et c’est bien un truc de Parisiens, d'urbains car les bobos n’existent pas à la campagne.
    Mais qui sont vraiment les bobos ?

    Revenons aux sources: le bobo ou bourgeois bohème est d’abord un bourgeois. Urbain donc, et assez friqué. Cela exclut le rural, l’instituteur, le bac moins 2, … même si ces trois-là peuvent aussi être portés sur l’humanitaire, l’équitable et la pratique du vélo.
    Le bobo urbain ignore souvent ce qu'est "la nature" mais s'intéresse de près à l'écologie, une orientation politique qui n'est absolument pas dangereuse pour le capital qu'il possède ...

    Attention, le bobo n’est pas le fils de l’intellectuel de gauche. Le bobo est quelqu'un qui a trahi tout ses idéaux de gauche révolutionnaire ... Il est le grand gagnant de Mai 68 mais aujourd'hui, le voilà incapable d'assumer ce qu'il est devenu, à savoir un citoyen de gauche en terme de morale, mais de droite en terme de pognon. Aussi faut-il prendre du recul lorsqu'un bobo vous livre son opinion, les instituts de sondage savent que le bobo dit le contraire de ce qu'il  pense.
    A coup sûr, diplômé, bien installé, avec famille, s’il court les petits bistrots cradingues (menu complet à 11,50 Euros) il est aussi capable de faire un trekking au Botswana avec "Terre d’aventure" à 4 530 euros par personne pour 13 jours ! Mais là, il devient "boal" (bobo alternatif). 

    Ensuite le bobo est bohème, car s'il a des revenus confortables, il ne doit surtout pas le montrer, d’où son style (qu’il croit) décalé, ses fringues (ostensiblement) négligées, ses quartiers (jusqu’à présent) populaires, sa voiture pourrie (ou inexistante).
    Le but ultime étant de se différencier autant des prolos (jugés incultes, avec leur bagnole, leur bière et leur football) que des bourgeois non-bohèmes (les coincés ou, pire, les tendances "bling-bling").

    Mais se démarquer, devient pour le bobo un problème insoluble: puisqu’il s’affiche, il est imitable, et sans le vouloir il a lancé une mode. Le voila rejoint par une cohorte de prolos et de bourges qui s’habillent comme lui, fréquentent les mêmes bars, ont les mêmes lectures, habitent les mêmes quartiers, prennent les mêmes avions, … le voila donc rejoint par ceux-là même qu’il a mis des années à fuir: les "bo-beaufs". Comme disait Sempé : "Rien n'est simple et ... tout se complique".


    >> Les Bobos sur Parisperdu.

    >> Le "boal" : encore plus fort que le bobo ... !

     

     


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  • Sous le pont de chemin de fer de la petite ceinture, vers la rue du Docteur Paul Brousse -Paris 17ème (Juin 1996)


    John est contrebassiste de jazz. C'est un musicien de talent, membre de l'ABCDF, l'Association des Bassistes et Contrebassistes De France.
    Il s'est déjà produit avec de grands artistes comme Daniel Humair, Enrico Rava, Angelo Debarre, Thomas Enhco ou encore Perrine Mansuy…

    Lorsqu'il n'est pas en tournée pour des concerts, il va presque tous les jours rue de la Jonquière, au Conservatoire Claude Debussy, répéter avec d'autres musiciens, parfois même sur des répertoires éloignés de son univers Jazzy. Mozart, Strauss, Tchaïkovski sont alors ses favoris.

    Puis il rentre chez lui à pied, son instrument sur le dos, invariablement par le même chemin. Il passe alors sous le pont de chemin de fer de la petite ceinture, et s'engouffre dans la rue du Docteur Paul Brousse pour attendre son domicile, cité Marie.

    La cité Marie est une impasse isolée, ses petits pavillons sont coincés entre des rangées de hauts immeubles. Si vous passez par là un soir, ne soyez pas étonné si vous entendez quelques sonorités en basses fréquences. C'est John qui répète ses gammes ou plus vraisemblablement qui s'est lancé dans une longue "impro". Et, je ne serais pas surpris que vous restiez là un bon moment tant la musique de John couvre harmonieusement le fond sonore des boulevards des Maréchaux pourtant tout proches … 
    Alors, tout comme moi, vous aurez approché la musique de John par un chemin détourné !


    >> Cité Marie - Paris 17ème.

     


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