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    "Paris est tout petit,

    C'est sa grandeur.
     

    Tout le monde s'y rencontre,

    Les montagnes aussi.

    Même qu'un beau jour, l'une d'elles

    Accoucha d'une souris.
     

    Alors en son honneur,

    Les jardiniers tracèrent le parc Montsouris".

     

     

    Jacques Prévert. Le jardin, Paroles. 

     

     

     

     


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  • Paris, décembre 2010. 

     

     

     


    Les médias sont formels : il neige à Paris !
    Oui, oui à Paris, et en décembre, c'est-à-dire pratiquement en plein hiver !
    Et voilà des jours et des jours que ça fait les gros titres et la une des journaux!
    Incroyable, hein : il neige en hiver !

    Et tous les jours on nous en repasse une couche ! Nous sommes en plein suspens, va t-il neiger demain ?
    Notre économie est paralysée, nos moyens de transport sont inefficaces, notre société part complètement en vrille, bref c'est la fin des haricots.

    S'agiraient-ils donc de précipitations exceptionnelles ? Il faut relativiser, il ne s'agit que d'une douzaine de centimètres… de quoi faire hurler de rire n'importe quel habitant du centre de l'Europe. Et l'on est loin des records des hauteurs de neige à Paris: 60 cm en décembre 1788, suivi de 40 cm début mars 1946 … Tout le monde oublie que le climat de Paris est en transition entre le "climat atlantique breton" et le "climat à tendance continentale" de Strasbourg. Mais nos décideurs, savent-ils encore aujourd'hui ce qu'est un climat à tendance continentale ?

    C'est étrange comme nous ne semblons plus en harmonie, avec une saison réputée froide.

    Il faut dire que ces derniers temps nos décideurs semblent être sous l'emprise des adeptes du "Global Warming": à force d'entendre dire que le climat se réchauffe, que l'olivier va pousser à Lille, qu'il neigera de moins en moins, qu'il faudra monter à 3000 mètres pour faire du ski… nos autorités s'endorment, ne réagissent plus… le réchauffement est d'une telle évidence !

    Et qui dit réchauffement dit fin des hivers…et hop on écarte l'autre alternative, celle où les hivers deviendraient à nouveau plus froids ! C'est pourtant une éventualité… un sentiment qui commence même à apparaître au sein du GIEC qui estime qu'il pourrait bien y avoir "une pause dans le réchauffement pour les vingt années à venir" (sic). Doux euphémisme pour dire finalement que le climat risque de se refroidir… Mais il faut dire que le GIEC ne sait plus où il habite…

    Allez, gardons le moral ! Dans trois mois c'est le printemps.



    >> Vidéo de Paris sous la neige.


    >> Paris 1947, un mois de janvier très rigoureux.


    >> A Paris, la guerre des boules de neige n'aura pas lieu.

     

     


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    Photo: ©Jean-Louis PENEL

     

    Jean-Louis est un garçon discret, pendant toutes ces années où j'ai travaillé avec lui, nos échanges sont restés strictement professionnels. Jamais il ne m'a parlé des reportages extraprofessionnels qu'il avait pu réaliser au cours de sa déjà longue carrière.

    Et voilà qu'aujourd'hui, je découvre qu'il vient de monter, avec le soutien de la Banque Populaire une exposition de ses photos sur Belleville. Le Belleville des années 70, celui d'avant la grande restructuration de ce quartier de l'Est parisien qui m'est si chaud au cœur.

    Quand je demande à Jean-Louis pourquoi il ne m'a jamais parlé de ses escapades photographiques, il me répond par cette boutade: " Je n'avais pas envie que l'on me prenne pour un artiste !"

    Alors artiste ou pas artiste ?
    A vous de juger, en parcourant, ici, son parcours photographique dans les rues de Belleville, … en 1971.

    Merci à toi, Jean-Louis … et continue à nous montrer ton talent.

     

     


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  • Crédit photo ©: Association Aurore.

     

    Trois jours par semaine, Aziz déballe quelques frusques porte Montmartre, dans le 18e arrondissement. Il dispose d’un emplacement sur le "Carré des biffins", à deux pas des puces de Saint-Ouen. Un marché d’infortune, situé sous un pont du périph, où s’entassent, entre les piles de béton et les voies de circulation, des hommes et des femmes condamnés à la débrouille. Une foule d’anonymes plongés dans la précarité, et qui n’ont d’autre choix que de vendre ce qu’ils ont pu dégoter.
    Aziz vend des vêtements, des chemises surtout, "c'est le plus facile à transporter" dit-il.

     

    Les biffins – un nom tiré d’un mot de vieux français désignant les étoffes et par la suite, les chiffonniers - ont toujours exercé dans le quartier, comme leurs ancêtres le faisaient il y a cent ans dans la "zone", sur les anciennes fortifications, pour - eux aussi - se sortir de la mouïse. Ces dernières années pourtant, le phénomène a pris une ampleur inédite. Jusqu’à mille vendeurs à la sauvette arpentaient chaque jour les abords de la porte Montmartre.

    D’autres venaient y chercher ce qu’ils ne pouvaient se payer ailleurs, vêtements ou nourriture en particulier. Les descentes quotidiennes de la police ou les protestations de riverains excédés n’y ont rien changé. Face à cette réalité devenue ingérable, la mairie de Paris a fini par en autoriser la pratique, à titre expérimental, et uniquement les samedis, dimanches et lundis - jours d’ouverture des Puces de Saint-Ouen.

    Une centaine d’emplacements, numérotés et matérialisés au sol à coups de peinture blanche, ont ainsi été créés. Seuls peuvent en bénéficier les habitants des 18e et 19e ainsi que les habitants de Seine-Saint-Denis.

    La gestion de ce projet a été confiée à l’association Aurore, spécialisée dans la réinsertion. L’association s’est très vite retrouvée confrontée à une explosion des demandes, certains assimilant même le "carré des biffins" à un vide-grenier. Et aujourd’hui, près de 270 biffins sont inscrits et se relaient en fonction des places disponibles.

     

    On est lundi, et Aziz espère avoir à nouveau une place sur le Carré samedi ou dimanche prochain … pour lui c'est quasiment une affaire de survie.

     

     

    >> L'association Aurore sur Facebook.

     

     

     

     

     


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  • 7 rue Robineau - Paris 20ème

     

    " Un jour, … c'est la maison entière qui disparaîtra, c'est la rue et le quartier entier qui mourront. Cela prendra du temps. Au début cela aura l'air d'une légende, d'une rumeur à peine plausible : on aura entendu parler d'une extension possible du parc …, où d'un projet de grand hôtel … Puis les bruits se préciseront; on apprendra le nom des promoteurs et la nature exacte de leurs ambitions que de luxueux dépliants en quadrichromie viendront illustrer.


    Mais avant que ne surgissent du sol ces cubes de verre, d'acier et de béton, il y aura la longue palabre des ventes et des reprises, des indemnisations, des échanges, des relogements, des expulsions. Un à un les magasins fermeront et ne seront plus remplacés, une à une les fenêtres des appartements devenus vacants seront murées et les planchers défoncés pour décourager les squatters et les clochards. La rue ne sera plus qu'une suite de façades aveugles – fenêtres semblables à des yeux sans pensée – alternant avec des palissades maculées d'affiches en lambeaux et de graffiti nostalgiques.

     

    Qui, en face d'un immeuble parisien, n'a jamais pensé qu'il était indestructible ? Une bombe, un incendie, un tremblement de terre peuvent certes l'abattre, mais sinon ? Au regard d'un individu, d'une famille ou même d'une dynastie, une ville, une rue, une maison, semblent inaltérables, inaccessibles au temps, aux accidents de la vie humaine, à tel point que l'on croit pouvoir confronter et opposer la fragilité de notre condition à l'invulnérabilité de la pierre. Mais la même fièvre qui, vers mille huit cent cinquante, aux Batignolles comme à Clichy, à Ménilmontant comme à la Butte-aux-Cailles, à Balard comme au Pré-Saint-Gervais, a fait surgir de terre ces immeubles, s'acharnera désormais à les détruire.

     

    Les démolisseurs viendront et leurs masses feront éclater les crépis et les carrelages, défonceront les cloisons, tordront les ferrures, disloqueront les poutres et les chevrons, arracheront les moellons et les pierres : images grotesques d'un immeuble jeté à bas, ramené à ses matières premières dont des ferrailleurs à gros gants viendront se disputer les tas : le plomb des tuyauteries, le marbre des cheminées, le bois des charpentes et des parquets, des portes et des plinthes, le cuivre et le laiton des poignées et des robinets, les grands miroirs et les ors de leurs cadres, les pierres d'évier, les baignoires, le fer forgé des rampes d'escalier …

     

    Les bulldozers infatigables des niveleurs viendront charrier le reste : des tonnes de gravats et de poussière."

     

    Georges Perec: "La vie mode d'emploi" Chapitre XXVIII "Dans l'escalier, 3"

     

     

     

    >> Souvenir de la rue Vilin, par Georges Perec.

    >> Parisperdu et les démolitions urbaines.




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