• Le terme "gazomètre" fut créé par William Murdoch, l'inventeur de l'éclairage au gaz, dans les années 1800. En dépit des objections de ses associés, qui lui expliquaient que son "gazo-mètre" ne mesurait rien, contrairement à ce que semblait indiquer son suffixe, le terme fut retenu et passa dans l'usage courant.

    Pourtant, le terme de "réservoir à gaz" aurait été plus exact car ces immenses structures métalliques sont utilisées pour conserver le gaz sous une cloche, dont la hauteur varie en fonction de la quantité de gaz présente.

     

    La révolution industrielle du 19ème siècle vit fleurir les gazomètres aux abords des villes.

    A Paris, la plus forte concentration de ces réservoirs se trouvait à la périphérie Nord: de La Plaine, au Landy, en passant par La Villette et la rue de l'Evangile. On en dénombra jusqu'à 61 en 1907.
    Ces "énormes cloches en fer boulonné" dont les plus grosses, hautes de 65 m, mesurent 75 m de diamètre, ont marqué durant plusieurs décennies le paysage industriel urbain. Les pulsations de leurs calottes bombées étaient le signe tangible du fonctionnement de l’usine à gaz. L’alternance levée-abaissement de leurs couvercles signalait le mouvement remplissage-émission et permettait de distinguer les variations diurne et nocturne de la distribution du gaz. A Paris, les gazomètres alimenteront plus de 40 000 réverbères, surtout abondants aux abords des bâtiments publics, des halles, des théâtres et … en y ajoutant les vitrines illuminées, ils vont faire de Paris, la fameuse "ville lumière".

     

    Mais en 1951, on découvre, dans un petit village des Pyrénées du gaz naturel. Le méthane de Lacq arrivera à Paris juste dix ans plus tard, et cette arrivée sonnera le glas des gazomètres car le gaz naturel peut se stocker dans des poches souterraines.

    Devenus inutiles, les gazomètres disparaissent peu à peu du paysage urbain, …
    A Paris, tous seront démolis, le dernier en 1982.



    >> Déjà sur Parisperdu : "Carrefour de l'Evangile".


    >> Déjà sur Parisperdu : "Usine à Gaz !"



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  • Loin de la structure traditionnelle du tissu urbain, ce quartier du 13ème arrondissement est extrêmement déroutant. Si vous voulez vous rendre dans certaines rues, à une adresse précise, rue du Javelot ou rue du Disque, par exemple, il faudra vous armer d'une bonne dose de patience. Car ces rues, enfouies sous la dalle, sont totalement invisibles, inaccessibles aux piétons et quasiment introuvables.

    Venant de la rue de Tolbiac, vous allez gravir 56 marches, soit presque 10 mètres de dénivelé, et déboucherez alors sur un panorama d'immeubles uniformes et inexpressifs.
    La dalle est bruyante, et les discussions se réverbèrent en écho sur les immenses parois d'immeubles aux alvéoles bien rangées, trop bien rangées ... A observer les cases de béton savamment biseauté, on se prend à rêver à une certaine science fiction où des véhicules en lévitation desservent chaque case/appartement, aux coordonnées tridimensionnelles rigoureusement répertoriées. Vous habitez alors, par exemple, le "repère" suivant: X02/Y15/Z24. Et pourtant, c'est bien au sol que se situe votre adresse, rue du Disque ou rue du Javelot !

    Vous devez gravir encore 28 marches supplémentaires pour accéder à un second niveau de la dalle qui ici, n'est plus toute neuve ... ! La crèche va être reconstruite, et la dalle sera rénovée, promet une affichette. Mais à coté, sur le béton brut, un tag crie: "Vas y, nique ta race".

    Troisième niveau, fin du dédale ... vous débouchez sur un jardin condamné. Le vent frais tournoie entre les barres toutes semblables. L'herbe a poussé entre les dalles de béton, et les gigantesques pots des tilleuls adultes se fissurent.
    Le jardin domine un trou béant où les voies ferrées de l'ancienne gare des Gobelins s'engouffrent sous la dalle. Une bande de gamins vient y trainer. Ironie du lieu, à observer leurs jeux intemporels, un parfum tenace de nostalgie embaume - aujourd'hui - l'utopie d'hier.

     

     >> Voir aussi sur Parisperdu: "Italie 13" : La politique de la table rase.

     

     

     


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  • Le quartier ressemble à un village et conserve encore aujourd'hui un aspect campagnard. Sur un tertre se dresse l'église Saint-Germain-de-Charonne à laquelle est accolé un petit cimetière.
    Avec celui du Calvaire à Montmartre, il est le seul cimetière parisien à jouxter une église paroissiale. Ces deux lieux ont donc échappé aux dispositions du décret du 12 juin 1804 interdisant les inhumations dans l’enceinte des villes et bourgs.

     

    Si le quartier a subit d’énormes bouleversements dans les années 70-80, l’église et son petit cimetière forment un îlot suranné, non dénué de charme, et où la tristesse n'est pas de mise.
    Bien sûr, calme et sérénité émanent naturellement de ce type de lieu mais le côté paisible du site est également dû au fait qu'aucune personnalité marquante, aucun V.I.P n'est enterré ici.

    Vous qui recherchez un "Paris différent", calme, apaisé, silencieux, hors du temps, … ce coin de Charonne est fait pour vous.


    >> Voir aussi dans Parisperdu : "Le regard sur la ville"

     

     

     

     

     


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  • Boulevard d'Indochine, Paris 19ème.


     

    Il y a beaucoup à dire sur le Paris des boulevards extérieurs. Là échouent nombre de celles et de ceux que la capitale ne veut pas accueillir entre ses murs. Sur cet anneau urbain, l’être humain ne demeure pas et le passant semble en exil, étranger à l’espace qui l'entoure. Ces lieux restent indifférents à l’égard de beaucoup.
    Ici Paris n’est déjà plus le même, pourtant ce n’est pas encore la banlieue. Dans ces interstices aux quartiers compressés, il y a des stades, des parcs, des cimetières, des échangeurs, … de la circulation, du vacarme, des accidents, des trafics en tous genres …

    Personne n’habite dans ces mornes décors, mais quelques humains fréquentent ces lieux déshérités. Ce sont souvent des prostituées, en majorité étrangères, souvent droguées, parfois mineures, baladées de mains de macs en mains de bourgeois… Ce sont aussi des immigrés, perdus entre campagne et ville, entre boulots et chômage, dans un environnement hérissé de déchets d'urbanisme, de vieilles usines en déroute ou de récentes constructions à but sportif ou culturel, ou encore de bistrots délabrés ou de Mc Donald's rutilants …

    Pourtant, à l'heure où la ville semble vouloir redessiner ses limites, le futur de Paris, d'un "Grand Paris", ne se jouerait-il pas ici, dans ces lieux que la ville n'a pas voulu, jusqu'ici, reconnaître comme les siens … ?



    >> Déjà sur Parisperdu : " Espaces urbains à vocations indéfinies …"

     




     

     

     

     

     


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  • Une impasse sécurisée de la villa Faucheur – Paris 20ème – octobre 2005

     

    C'est un lieu un peu spécial, car ici, de tout temps, une certaine agitation a toujours régné.


    Historiquement, la villa Faucheur était une villa de petits artisans, avec son atelier-vedette, celui du céramiste Le Tallec. Créé en 1905, il y resta jusqu'en 1978. Il y avait également là beaucoup de logements modestes, comme dans tous les quartiers ouvriers de l’est parisien.

    En 1978, la villa Faucheur est restructurée et réaménagée afin d'implanter des foyers de la Sonacotra pour les travailleurs migrants. Une école primaire y sera également ouverte.


    Dans les années 80, plusieurs squats, d’une trentaine d’habitants chacun, s'établissent Villa Faucheur. Tous sont "gérés" par le Mouvement Autonome qui se définit comme un organe en lutte pour l’autonomie du prolétariat, un mouvement classé à gauche de l'extrême gauche. On assiste alors, quotidiennement, à de violents affrontements entre résidents et squatters. Finalement, les squats seront purgés et les Autonomes quitteront le quartier.


    Le secteur va par la suite abriter une population immigrée de plus en plus importante, surtout d'origine africaine, ainsi qu'une forte proportion de ménages en situation précaire. Les conditions de logements dans la Villa restent inégales : une moitié du bâti est relativement récent alors que l’autre moitié, datant d’avant 1948, est souvent fortement dégradé.

    Un esprit de cité, de territoire s'installe ici, comme dans les banlieues. La cité "Piat-Faucheur-Envierges" est ce qu'on appelle "un quartier difficile". Elle héberge environ 3000 habitants et l'essentiel des 82 nationalités recensées sur le quartier de Belleville. La cité a même été pendant quelque temps classée en zone urbaine sensible (ZUS). Elle n'a pas bonne réputation dans le "quart Est" de Paris. On déconseille aux nouveaux arrivants de s'y installer. C'est une cité stigmatisée et "stigmatisante". Des trafics en tous genres se déroulent, en permanence, sous le haut porche de la Villa, ils sont souvent suivis de bagarres et de règlements de comptes.

    Nouveaux migrants des années 2000, les "bobos" investissent à leur tour ce quartier du 20ème arrondissement. Aussi, retrouve-t-on aujourd'hui nombre de bourgeois-bohèmes, dans ce labyrinthe de rues tortueuses qu'est la Villa Faucheur. Là, enfermés à l'abri des regards, barricadés derrière des grilles, les bobos goutent au charme "un peu spécial" de ce quartier "ultra-tendance" …



    >> L'Atelier du céramiste Le Tallec.

    >> Le Mouvement Autonome.

    >> Némo à la Villa Faucheur.


    Voir aussi sur Parisperdu :

    >> "Malaise à Belleville".

    >> "Belleville : de la déliquescence à la délinquance ... "

    >> "C'est déjà ça …"

     

     

     

     

     

     

     

     


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