• La SUDAC, en mars 1996.

     

    La restauration de la SUDAC (Société Urbaine de Distribution d’Air Comprimé…), dans le 13ème, est symptomatique d'une époque. Désormais, on s'attache enfin à garder les traces du passé, notamment celles du passé industriel, pourtant encore récemment jugé peu digne d'intérêt.

    La transformation de la SUDAC en Ecole d'Architecture … est à ce titre exemplaire. L'identité de l'usine est préservée, des vestiges industriels sont conservés et enrichis. On y développe une architecture d'avenir, respectueuse du passé.

     

    Et cette logique de recyclage préside aujourd'hui à de nombreuses autres réalisations. "On construit avec le passé" répète souvent l'architecte-urbaniste Alexandre Chemetoff. Le passé, n'est plus une contrainte, mais une ressource pour les nouveaux projets. Le patrimoine historique n'est plus détruit, comme ce fut trop souvent le cas (se souvenir des Halles de Baltard …), mais intégré dans la matière même de nouveaux espaces publics ou de nouveaux bâtiments.

     

    La suite de l'histoire ?

    Elle se construit chaque jour tout près de chez vous, un peu partout dans Paris … sur le thème en vogue du développement durable. Un exemple, le musée du quai Branly, un bâtiment qui intègre le bois sur ses façades, de la végétation aussi, pour dire qu'il est temps de revenir à des matériaux naturels et qu'il faut penser aussi à notre planète …

    L'architecture raconte souvent les préoccupations de son temps.

     

     

    >> L'école d'architecture de Val-de-Seine

     

     

    >> Voir aussi sur Parisperdu :"Nouvelle vie en usines".

     

     

     

     


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    Cour-jardin du 159 rue de Pelleport Paris 20ème.

    Lorsque je pénètre dans une arrière-cour ou dans une cour-jardin des quartiers de Belleville ou de Ménilmontant, je retrouve souvent ce sentiment très particulier: nous ne sommes plus dans les années 2000, mais peut être dans les années cinquante ... ou soixante!
    L'isolement du lieu aurait-il ralenti le temps ?


    Il en résulte alors une impression étrange, de bien-être et d'optimisme qui recrée l'ambiance d'une époque où l'on croyait encore à l'avenir ...

    Certains esprits critiques vont sans doute me taxer de nostalgie.
    Mais la nostalgie est à l'homme ce que la jalousie est à l'amour. Elle est inhérente à notre condition. Et elle, au moins, elle rassure …  

    Mais n'est-elle pas, chez moi, trop exacerbée ?

     

    C'est vrai, je regrette l'époque où l'on prenait son temps. Je ne suis pas sûr que la vitesse rende plus heureux. Ni la mode d'ailleurs, qui nous rend esclave des apparences … Laissons tout cela aux bobos ... qui envahissent maintenant l'Est parisien … encore une raison de regretter notre vieux Belleville, celui du temps où il était encore un quartier "populaire". L'on vivait ici dans des conditions souvent modestes, et même parfois difficiles mais avec une grande solidarité et un réel attachement à son "village".
    Et du Bas-Belleville au Haut-Belleville, en passant par Charonne ou  Ménilmontant, transpirait alors une certaine joie de vivre.

     

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Impression, rue du Retrait"

     

     


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  • Photo ©Panos Kokkinias, courtoisie de la galerie Xippas

    Les boulevards des Maréchaux forment un ensemble continu de voies qui ceinturent Paris. A la limite de la ville, ces boulevards dits "extérieurs" sont en quelque sorte l'ancêtre du périph'. Leur nom "collectif" découle du fait qu'à leur création, la totalité de ces boulevards portaient des noms de maréchaux du Premier Empire.

    Vous avez dit "Maréchaux d'empire" ? ... oui de pire en pire !

    Car, notamment au nord-est, Boulevard Ney, sur la partie la plus sombre des "Maréchaux", dans un no man's land urbain, au milieu d’un paysage ferroviaire et industriel, dans ces entre-portes lunaires, arrivent progressivement ici - dès la tombée de la nuit – des escouades de prostituées. Isolées, ou parfois par deux, elles se positionnent alors, à une centaine de mètres d’intervalle.

     

    Depuis l'assainissement du centre de Paris et l’arrivée massive de filles étrangères par l’entremise de réseaux de l’Europe de l'Est ou de filières africaines, cette partie Nord des boulevards des Maréchaux reçoit périodiquement de nouvelles migrantes, dernièrement des femmes kosovares et albanaises, souvent jeunes, très jeunes.

     

    Pour être moins repérables, les prostituées sont contraintes à travailler dans l’ombre, et doivent se déplacer d’un lieu à l’autre, suivant les soirs.

    En surface, elles sont régulièrement délogées par la police, aussi vont-elles maintenant jusqu'à occuper les rampes souterraines d'accès aux portes de Paris.

    Là, dans un univers à la Enki Bilal, la scène atteindra son paroxysme lorsque sur les murs et sur la voûte du tunnel, les éclairs jaunes des feux de détresse des véhicules d'hypothétiques clients, se mélangeront avec la lumière bleutée des gyrophares de la police venue mettre le holà à l'infernal manège.

     

    Finalement, aujourd'hui, une majorité de prostituées ont fini par quitter les boulevards des Maréchaux. Elles ont maintenant investi la proche banlieue. Mais le problème n’est que repoussé. Il est juste moins visible par la police et par les gens "de bonne société". Le proxénétisme s’adapte, mais la prostitution, elle, ne change pas de visage.
    Sur les boulevards "extérieurs" comme ailleurs, se révèle toute la sordide étendue de cette misère humaine.

     

     

    >>  Voir aussi sur Parisperdu: "La vie sous le périf".

     




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  • Hôtel du Nord, Quai de Jemmapes, Paris 10ème, mai 1996

     


    Dans les années 90, le mythique "Hôtel du Nord", celui d'Eugène Dabit, puis de Maurice Carné, faillit être rasé. Sous la pression de parisiens amoureux des bords du canal Saint-Martin, la façade fut classée et un "café-restaurant traditionnel", ouvrit ses portes en 1993.

    Pendant une douzaine d'années, le bistrot restera "dans son jus" et les ombres de Monsieur Edmond (Louis Jouvet) et de Raymonde (Arletty) continueront à hanter paisiblement les lieux.

    Mais en 2005, "patatras !", de nouveaux propriétaires vont jouer la carte de la "branchitude", dans un lieu où pourtant, il eût été de bon ton qu'elle s'abstienne …
    L'intérieur fut rénové, aménagé, et décoré pour plaire aux nouveaux occupants du quartier car, entre temps, le canal Saint-Martin - à la fois "chic et popu" - était devenu l'un des secteurs de prédilection des bobos de Paris.

    Au restaurant de l'Hôtel du Nord, la carte s'est adaptée aux goûts, aux produits, aux codes de ces nouveaux clients. Et, l'on est bien loin de l'esprit casse-croûte, plat du jour et serveuse qui "essuie les verres, au fond du café" …

    Aujourd'hui, on peut lire sur la carte: "des produits simples préparés avec une touche de fantaisie discrète"(sic). Jugez plutôt: "Millefeuille de thon cru à la japonaise, Artichauts marinés et pétales de tomate séchée; Buisson de gambas en kadaïf, sauce aigre douce et chou rouge" … et pour arroser tout ça, sans trop faire monter l'addition, il faudra vous contenter d'un banal Côtes du Rhône … dont le premier-prix est à 22€ !

    Mais il faut dire que l'Hôtel du Nord "new look" possède désormais toutes les "qualités" de son époque : air conditionné, wifi, voiturier, grande terrasse, musique new-age …

    "Atmosphère, atmosphère" … ?
    Ici l'atmosphère a bien changé et les repères sont en voie d'effacement.

    L'Hôtel du Nord, ne l'aurait-il pas définitivement perdu ?


    >> Pour ceux qui voudraient toutefois tenter l'aventure

     

     


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  • 10 rue des Cascades Paris 20ème


    Qu'il est doux de traverser Paris comme on le ferait pour un village, en déambulant au hasard dans ses ruelles et ses arrière-cours.
    Qu'il est tendre de remonter avec une amie, ou mieux encore une amoureuse, ces rues neutres où le regard n'est point distrait.
    Qu'il fait bon parcourir le 20ème arrondissement : la rue des Cascades, dans le jardin de la guinguette de Casque d'or, … la rue des Envierges où se dressent encore quelques estaminets poussiéreux, … l'allée des Soupirs et ses grises maisonnettes, dont le fragile secret s'est perdu …

    Tous ces lieux donnent à Belleville et à Ménilmontant une certaine prestance, à la fois simple et grandiose. Ils vous livrent un sentiment de plénitude mémorable, incomparable…

    "Tous ceux qui aiment Paris trouvent un jour une étoile" écrivait Jean Follain. Cet expert en déambulation parisienne, parle d'or.


    >> Le "Paris" de Jean Follain éveille la mémoire, il en perpétue le désir ...

     

     

     

     

     

     


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