• Chez Victor, impasse Compans.


    Il faut monter la rue Compans, monter toujours et encore, s'égarer du côté de la rue de Bellevue, revenir sur ses pas et chercher à nouveau l'impasse Compans. Cette impasse est décidément une énigme, même sur les plans de Paris, on ne l'a trouve pas...
    Pourtant elle doit bien être quelque part ...

    Une cité de béton se dresse-là, sur le point le plus haut de la rue, juste avant qu'elle ne redescende vers la place des Fêtes. Etait-ce là, le lieu, l'impasse où Willy Ronis a photographié le bistrot guinguette "Chez Victor" ? Prenait-elle le tracé de la rue Eugénie Cotton qui justement contourne les cinq énormes barres du monstre de béton ? Ou bien alors est-ce le monstre lui-même qui a tout englouti dans ses entrailles : l'impasse, la guinguette avec son zinc, ses jeux de boules et ses tables sous la tonnelle ...?

    Willy nous dit que "de chez Victor, on avait une vision à 180 degrés: du canal Saint-Denis aux pistes du Bourget...". Par chance, il est aujourd'hui possible de grimper sur l'immense dalle sur laquelle reposent les barres tentaculaires du monstre froid de béton. Ainsi pourrons-nous peut-être retrouver le point de vue de la guinguette ?

    Et effectivement, le bistrot guinguette devait bien se situer là, car sous nos pieds, s'étale le quartier de la Mouzaïa avec ses villas en impasse, puis à l'horizon, de l'ouest à l'est: la butte Montmartre, le canal Saint-Denis, les immeubles du Pré-Saint-Gervais ... Mais de nouveau, il est encore là..., notre regard butte sur l'énorme store vénitien que constituent les barres de béton ... et, plus à l'Est nous ne sommes plus autorisés à accéder à la ligne d'horizon.

    Les instants de grâce et d'insouciance que Ronis a connus ici, en haut de la rue Compans, sont désormais bien loin ... Heureusement, il nous reste les clichés du maître. Ils nous permettent aisément d'imaginer ce lieu d'une quiétude alors toute campagnarde, dominant une ville qui n'en n'était pas encore vraiment une ...



    >> Chez Victor, bistrot guinguette, impasse Compans à Belleville, Paris, 1955 :"Les jeux de boules et les tables sous la tonnelle" ©Photo Willy Ronis


    >> Chez Victor, bistrot guinguette, impasse Compans à Belleville, Paris, 1955: " La guinguette et son zinc" ©Photo Willy Ronis

     

    >> Pour retrouver l'impasse Compans (Extrait d'un plan du 19ème - 1967/68)
     

     

     

     


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    Il y a encore peu, les peintres qui posaient leur chevalet sur la place du Tertre créaient des toiles "typiques" de Montmartre et ils en détenaient le monopole de la vente.

    Mais l'ampleur du marché potentiel a attisé la concurrence car, plus de 10 millions de personnes visitent Montmartre chaque année et beaucoup d'entre elles y achètent des peintures en guise de souvenirs,  ...
    Aussi  aujourd'hui, les peintres officiels de la place du Tertre se sentent menacés par les boutiques de souvenirs de Montmartre qui vendent des peintures importées d'Asie et d'Europe de l'Est, des peintures à bas prix, de bien piètre qualité et produites à la chaîne ... Ces toiles portent des signatures "bidon" comme Georges, Claude, Paul, ... pour faire couleur locale et être vendues comme authentiquement Montmartroises.

    Ces tableaux n'ont pas d'âme, mais leur coût est dérisoire comparé aux prix pratiqués sur la Place du Tertre. Certaines de ces toiles importées sont mêmes constituées d'un dessin imprimé sur lequel les vendeurs passent quelques coups de peinture pour donner une touche d'authenticité. Ce n'est pas de l'art, c'est ... au mieux ... pour ne pas dire au pire ... de la décoration. C'est sûr, à ces prix-là, on ne peut pas en attendre plus !

    Les peintres de l'historique carré des artistes, parlent de concurrence déloyale de la part de ces toiles de Paris "made in China"
    et pour moraliser le marché, l'association Paris-Montmartre réclame, en vain, aux élus parisiens une "traçabilité" des tableaux.

    "On pourrait écrire Made in... au dos des toiles. Au moins les clients sauraient ce qu'ils achètent" entend-t-on sur
    la Place. Une appellation d'origine contrôlée ? L'idée fait sourire. Car ce qui compte, c'est la beauté du tableau, pas la nationalité de son auteur.
    Après tout Picasso était espagnol, non ?


    >> L'association Paris-Montmartre

    >> Le collectif des Artistes Montmartrois

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Léon, gribouilleur place du Tertre". 

     

     

     

     

     


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  • 2 bis Cité de La Chapelle, juin 1997.
     

    Le Bois Dormoy est le nom donné par les riverains du quartier de La Chapelle, au terrain sauvage situé entre le 2 bis Cité de La Chapelle et le 41-43, rue Marx Dormoy, dans le 18ème arrondissement.

    Ce terrain est en friche depuis presque 20 ans. Aujourd'hui encore, une longue palissade en empêche l'accès. Mais derrière celle-ci, une riche végétation de diverses espèces végétales s'est développée, des sureaux surtout, mais aussi des arbres à papillons, ... tout une flore.

    Après de multiples démêlés et rebondissements juridiques, cette parcelle serait aujourd'hui rachetée par la Mairie de Paris, qui souhaite y installer une maison de retraite et une crèche.
    Mais, c'est sans compter avec les riverains, les amoureux de la nature et les amateurs d'oxygène qui ont créé l'association "Le Bois Dormoy" pour préserver ce poumon végétal situé à proximité de voies ferrées, dans un quartier extrêmement pollué ...

    L'association du Bois Dormoy a ouvert un dialogue avec la mairie pour que le futur projet se fasse en concertation avec les habitants du quartier de La Chapelle. Si vous aussi, vous pensez que dans ce quartier, il y a trop de voitures, trop de béton, trop de pollution ... et pas assez de verdure, alors rejoignez le Bois Dormoy !    

     


    >> En savoir plus sur le Bois Dormoy, ...

      

      

     

     


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  • Nous sommes tout près des abattoirs de La Villette, là où "on tranche le lard" comme le chante Jacques Dutronc ...
    Ici, sur le quai de la Gironde, subsistent encore aujourd'hui quelques activités connexes, telle l'usine de "Cuirs et Peaux" Joseph Fischer ou les Etablissements Félix Gaucher, un marchand de charcuterie et de salaisons, en gros et demi-gros ...

    A La Villette, sur l'un des murs de l'abattoir, on pouvait lire, sur une enseigne, cette dramatique sentence: "Ici l'on tue ...". Une évidence qui toutefois ne manquait pas de surprendre le promeneur, et l'incitait surtout à passer son chemin au plus vite.

    Sur le site de La Villette, le mois de mars 1974 marque la fin d'une époque car on y tue le dernier bœuf.
    En 1979, naît alors l'Etablissement Public du Parc de La Villette qui lance le grand projet de réhabilitation et d'aménagement des 55 hectares de friches industrielles, avec la mission de créer le premier parc culturel urbain.

    Ce sera une réussite !



    >> Des abattoirs ... au premier parc culturel urbain.

    >> Démolition des abattoirs de La Villette, septembre 1977 -Photo© Jean-Luc Charuel 

     

     

     


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  • Rue Galande, 1899 - 1998


    Un ami américain vient de m'offrir cet ouvrage en pensant qu'il devrait m'intéresser car il est incontestablement dans ma sphère d'intérêt et d'une proximité certaine avec Parisperdu.

    Bel ouvrage en effet et beau reportage parisien de Christopher Rauschenberg, le photographe, mais surtout, excellent travail de la maison d'édition qui a su recréer - pour les photos modernes - les tonalités douces, les nuances, les gris pâles des plaques d'Atget ...

    Le choix des sujets, est en revanche plus discutable, car si certains lieux s'imposent d'eux-mêmes ( la Rue Saint-Bon, la Rue de Fourcy, la Cour de Rohan, ...) dans bien d'autres cas, on sent que le photographe s'est laissé allé à une certaine facilité (Versailles, le parc de St Cloud où bien sûr les statues n'ont pas bougé depuis des siècles !..., c'est moins vrai pour le parc de Sceaux, tant il était en friche à l'époque d'Atget).
    Le regard du photographe américain s'étonne parfois de choses assez banales pour nous les parisiens (un bénitier à l'Eglise Saint-Sulpice, un candélabre à la galerie Colbert, ...) ou ne s'encombre pas de critères esthétiques comme, par exemple, lorsqu'il découvre un immeuble bâché et qu'il le retient toutefois dans sa sélection des lieux d'Atget (2 rue de l'Abbaye).

    Vu l'énorme travail d'Eugène Atget, éternel flâneur du Paris post-haussmannien, les démarches comparatives du Paris d'aujourd'hui avec l'œuvre de ce "photographe archéologue", ont encore de beaux jours devant elles.

    Sans marcher sur les pas d'Atget, le photoblog "Parisavant" adopte la même méthode de  mise en perspective des rues parisiennes, à différentes époques: une réussite. 


    >> Christopher Rauschenberg

    >> Atget, déjà sur Parisperdu (1)

    >> Atget, déjà sur Parisperdu (2)

    >> Atget, déjà sur Parisperdu (3)

    >> Le photoblog "Parisavant"



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