18 bis, rue de la Mare Paris 20ème (Juillet 1997).
Une balade au cœur du 20ème arrondissement a toujours été pour moi l'occasion d'une immersion au cœur d'un quartier convivial, revivifiant, avec la promesse de rencontres et de découvertes humainement enrichissantes.
A tout moment il se peut que je croise, au seuil d'un bistro des plus ordinaires, un tenancier tout sourire qui discute avec ses clients, et qui salue des connaissances passant par là. Un peu plus loin, il est possible que je puisse observer, avec gourmandise, l'agitation de petits commerçants: des épiciers, des bouchers, … qui servent leurs clients tout en dissertant avec eux.
Puis soudain, je tombe sur cette femme, à la fenêtre de son premier étage. Elle récolte de la menthe parmi une profusion de jardinières fleuries. En imaginant le parfum de la menthe, je lui souris malgré moi, et elle me rend mon sourire. Elle va même jusqu'à appeler une autre jeune fille pour lui raconter nos échanges de regards. Tout cela dure bien une minute, on se sourit, on se salue mutuellement … On se croirait dans le midi avec les gens qui se parlent de fenêtre à fenêtre …
Mais nous sommes à Paris, et tout cela parait incroyable. La scène s'est en effet déroulé tout près du pont de la rue de la Mare, à l'angle d'un petit carrefour, dans ce 20ème qui a connu tant de destructions. Aussi à cet instant, j'ai pensé: "Ce devait être comme ça Paris, avant !".
Pourtant quelques minutes plus tôt, je ne sais plus dans quelle rue, je ne sais plus dans quel carrefour, j'ai vu la horde des résidences "néo-classiques" du nouveau 20ème arrondissement, sûrement ces "horreurs" ont remplacé d'anciens bâtiments à un seul étage. Ces nouvelles résidences, que l'on retrouve maintenant presque partout dans la capitale, me font penser à une ville en carton pâte, à des décors de Disneyland... à une ville irréelle, inhumaine.
Ces bâtiments tout lisses avec de lourdes portes fermées, verrouillées par les digicodes, ont un côté "aseptisé", froid, je dirai même mort. Et là, il ne se dégage plus du tout le même entrain, plus la même gaité que sur le lieu de la scénette de la rue de la Mare ...
On fait de nos villes des lieux qui vont à l’encontre des souhaits, des désirs de leurs habitants … Or pourtant une ville est faite pour ses habitants et par ses habitants, ... mais on détruit des quartiers entiers, on en bouscule les personnes sans que celles-ci aient accès à la décision ou le moindre droit à la parole.
On nous a "volé" notre Paris populaire avec ses gens qui se parlent, qui se sourient …
Il ne reste plus que quelques miettes de ce Paris-là, à vous de les découvrir, en partant vous aussi, à la recherche du Paris perdu, celui des jeunes filles en fleurs …
Nadège est plus que l'inspiratrice de ce billet, elle s’y reconnaîtra !
>> Déjà sur Parisperdu : " Le petit miracle de Belleville".
>> Voir aussi : " Vilin, Couronnes et Pali-Kao ... ".