Bidonville de Nanterre (1960) Photo © Jean Pottier
On regrette souvent un "paradis perdu" que l'on idéalise à force de ne plus l'avoir, de ne plus pouvoir le voir. Et l'on se dit "Oui vraiment c'était mieux avant". Encore faudrait-il clairement définir quand commence cet "avant". L'époque de nos grand-mères ? Mais déjà à cette époque, on regrettait l'avant ! Alors... encore avant ? Nous voyons bien alors que cela est absurde. Dire ''c'était mieux avant'' me semble vague, inconséquent, et être le résultat d'une nostalgie nuisible. Il faut savoir saisir pleinement le présent et ses opportunités, et en particulier les opportunités pour réintroduire des valeurs disparues mais qui toujours restent en puissance dans le présent lui-même. Il y a un devoir - non pas naïf, mais vital - d'embrasser le présent, sans pour autant rejeter l'héritage du passé et de l'Histoire. Si le passé est utile, ce n'est pas comme idéal d'un ancien état de fait supérieur, mais comme inspiration vers un mieux-être dans un effort continu, effort qui n'était pas plus facile avant nous que dans le monde d'aujourd'hui. Les défis et les carences du temps présent ne font pas la gloire d'un temps passé qui était tout aussi imparfait et tout aussi en quête d'autres horizons que le nôtre.
Idéaliser le passé est une erreur car cela nous empêche d'accéder à sa richesse et à ses leçons. Au final, cela peut même parasiter notre relation au présent ...
"C'était mieux avant" : cette phrase fait partie aussi des choses pré-écrites qu'on aime bien ressortir en fin d'une conversation comme la conclusion à tous nos maux. Mais non ce n'était pas mieux avant, seulement on se rassure avec ce genre d'idée, mais à chaque époque suffit sa peine.
Aujourd'hui on a le chômage, la crise, l'euro, la dette, Internet... mais hier ?
La seule différence, la vraie différence, je l'admets bien volontiers, c'est qu'hier on rêvait encore.
Alors, "mieux avant" ? Non, je ne le pense pas, mais l'être humain a la mémoire sélective et c'est le vieillissement qui fait regretter un "paradis perdu". Nous avons souvent le regret d'une période qui nous paraît maintenant heureuse et bonne, parce que nous étions protégés, ou aimés, ou insouciants, et peut-être aussi... jeunes.
Chaque chose allait alors de soi. Quand on est enfant, on ne peut pas regretter ce que l'on n'a pas connu, on ne fait qu'en rêver. Quand on est adulte, on est dans l'action, on se crée un présent, en se souhaitant un meilleur futur. Ce n'est que le vieillissement, et l'amertume qui l'accompagne parfois, qui font regretter un "paradis perdu" - mais celui-ci a-t-il vraiment existé ? Ne regrette-t-on pas tout simplement le temps où l'on ne se posait pas cette question? Donc, je la pose autrement, "mieux avant, mais avant quoi ?"
Non, décidément ce n'était pas mieux avant !
>> Nostalgie.
>> Faut-il idéaliser le passé ? (2/3)