Fundamente Nuovo, La rivière Thu Bôn (vue du pont-pagode japonais),
Venise, 1959. ©Willy Ronis Hoi-an (Viêt-Nam), 2010. ©Pierre Barreteau
Même hors de Paris, dans des lieux où Willy Ronis n'est jamais allé, n'importe où dans le monde, je m'étonne parfois de faire des photos qui - là encore - font écho à certaines images de Ronis.
Ainsi en novembre 2010, je suis à Hoi-An au centre du Viêt-Nam. Son célèbre pont-couvert Japonais du 17e siècle, richement décoré, est aujourd'hui envahi par les touristes du monde entier.
Tournant le dos à toute cette agitation bruyante et polyglotte, mon regard accroche l'autre rive de la rivière Thu Bôn. J'ai alors devant moi une passerelle où va s'engager un homme coiffé du traditionnel chapeau pointu Viet. Instantanément la scène me fait penser à la célébrissime photo de Willy Ronis prise à Venise sur le "Fondamente Nuove". Le déclic s'impose à moi car c'est alors comme si l'image de Willy, imprimée dans ma mémoire, latente dans mon inconscient me pousse vers l'instant décisif, celui qui va déclencher la prise de vue.
La modernité consiste souvent à faire du neuf avec du vieux, une adaptation en quelque sorte de la loi de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » aussi peut-être les correspondances entre ces deux photos participent-elles de cette évolution ? Et alors, même après la disparition de Willy, c’est comme dans la chanson de Trenet :
"Longtemps, longtemps, longtemps,
après que les poètes ont disparu,
leurs chansons, courent encore dans les rues..."
>> Le pont-pagode japonais, Hoi-an (Viêt-Nam)