Au milieu du terre-plein qui sépare la rue des Trois-couronnes de la rue Jean-Pierre Timbaud, presqu'au niveau de la mosquée de la rue Morand, que l'on ne remarque que par quelques détails: ses quatre ouvertures d'un genre mozarabe et de pauvres paires de souliers quittés par des fidèles, je suis abordé par un jeune homme.
Il est grand, barbu et sans conteste de type nord-africain. Il se dit intéressé par mon appareil photo, qu'il veut examiner sous toutes les coutures. Serait-il prêt à me l'acheter, qu'il ne s'y prendrait pas autrement ! Je tiens toutefois le reflex fermement par sa courroie car je n'ai aucune confiance en cet inconnu et en ses airs soupçonneux.
Finalement, il me dit qu'il s'appelle Mehdi et il m'avoue pourquoi il m'a abordé. Il ne veut pas que je photographie la sortie des fidèles de la mosquée, en ce vendredi, jour de prières. Je lui dis que je ne suis pas ici pour cela et que mon propos est simplement d'arpenter les quartiers Est de la capitale et de prendre les clichés que le hasard de la balade peut m'offrir.
- "Ok - me dit-il - mais pas la mosquée".
- "Pourquoi pas la mosquée ?"
C'est la question de trop. Le voilà lancé dans une logorrhée, déversant des flots de paroles, des arguments plus ou moins étayés sur l'impérialisme américain, les martyrs de la Palestine, les juifs qui dominent le monde, les français tous racistes, etc. … et il conclut :
- "Donc, mon ami, pas la mosquée."
Mettant fin à cette conversation avec "mon ami", et sans réfuter ses propos, ni accepter sa demande, je passerai devant le lieu de culte en shootant à la volée une rafale de trois images.
Je vous offre ici la mieux cadrée, au nom de la liberté de circuler dans mon pays: démocratique et laïque!
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