Une impasse sécurisée de la villa Faucheur – Paris 20ème – octobre 2005
C'est un lieu un peu spécial, car ici, de tout temps, une certaine agitation a toujours régné.
Historiquement, la villa Faucheur était une villa de petits artisans, avec son atelier-vedette, celui du céramiste Le Tallec. Créé en 1905, il y resta jusqu'en 1978. Il y avait également là beaucoup de logements modestes, comme dans tous les quartiers ouvriers de l’est parisien.
En 1978, la villa Faucheur est restructurée et réaménagée afin d'implanter des foyers de la Sonacotra pour les travailleurs migrants. Une école primaire y sera également ouverte.
Dans les années 80, plusieurs squats, d’une trentaine d’habitants chacun, s'établissent Villa Faucheur. Tous sont "gérés" par le Mouvement Autonome qui se définit comme un organe en lutte pour l’autonomie du prolétariat, un mouvement classé à gauche de l'extrême gauche. On assiste alors, quotidiennement, à de violents affrontements entre résidents et squatters. Finalement, les squats seront purgés et les Autonomes quitteront le quartier.
Le secteur va par la suite abriter une population immigrée de plus en plus importante, surtout d'origine africaine, ainsi qu'une forte proportion de ménages en situation précaire. Les conditions de logements dans la Villa restent inégales : une moitié du bâti est relativement récent alors que l’autre moitié, datant d’avant 1948, est souvent fortement dégradé.
Un esprit de cité, de territoire s'installe ici, comme dans les banlieues. La cité "Piat-Faucheur-Envierges" est ce qu'on appelle "un quartier difficile". Elle héberge environ 3000 habitants et l'essentiel des 82 nationalités recensées sur le quartier de Belleville. La cité a même été pendant quelque temps classée en zone urbaine sensible (ZUS). Elle n'a pas bonne réputation dans le "quart Est" de Paris. On déconseille aux nouveaux arrivants de s'y installer. C'est une cité stigmatisée et "stigmatisante". Des trafics en tous genres se déroulent, en permanence, sous le haut porche de la Villa, ils sont souvent suivis de bagarres et de règlements de comptes.
Nouveaux migrants des années 2000, les "bobos" investissent à leur tour ce quartier du 20ème arrondissement. Aussi, retrouve-t-on aujourd'hui nombre de bourgeois-bohèmes, dans ce labyrinthe de rues tortueuses qu'est la Villa Faucheur. Là, enfermés à l'abri des regards, barricadés derrière des grilles, les bobos goutent au charme "un peu spécial" de ce quartier "ultra-tendance" …
>> L'Atelier du céramiste Le Tallec.
>> Le Mouvement Autonome.
>> Némo à la Villa Faucheur.
Voir aussi sur Parisperdu :
>> "Malaise à Belleville".
>> "Belleville : de la déliquescence à la délinquance ... "
>> "C'est déjà ça …"