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Villa Hardy - Paris 20ème.

Dans le haut-Belleville, maisonnettes et petites épiceries ne sont pas rares, il y a aussi des ateliers d'artistes et un restaurant-musette qui figure dans les guides japonais ... ici, c'est encore le vieux Paris.

Depuis quelques années, les bobos arrivent en masse, vers les sources foncières de l'Est de la capitale où
l'immobilier est encore (un peu) moins cher. Ils chassent ainsi, un peu plus chaque jour, ouvriers, petits employés, vieux et jeunes sans le sou et autres artistes ... vers la première, la seconde, la troisième couronne... et la substitution des populations s'opère à un rythme soutenu.

Mais ici, il y a aussi une cité en béton, une grande, une vraie de 650 logements, dénommée "Piat-Faucheur-Envierges", enfermée derrière des grilles, dans un labyrinthe de rues tortueuses, à l'abri du regard.

Alors, c'est chacun sur sa planète, avec sa bonne foi, ses dogmes et ses langues...
Au conseil de quartier, beaucoup regrettent que les bobos n'aient pas fait un «petit effort» pour s'adapter aux «réalités» du cru.
S'adapter ou ne pas s'adapter, c'est la question qui tue. Qu'on le déplore ou non, les jeunes du haut Belleville n'ont pas le même décodeur mental que les nouveaux arrivants.


La pression foncière est une réalité qui s'impose ici avec brutalité. Rue des Envierges, la «mauvaise réputation» n'empêche pas les prix d'atteindre 6 à 7 000 euros le mètre carré ! Résultat : un titi du quartier ne peut pas se loger sur place, sauf à rester habiter à perpétuité chez ses parents, dans le HLM familial.

Reste que le conflit de classes n'explique pas tout. Lorsqu'en été des bandes de gamins - hauts comme trois pommes - caillassent les promeneurs du parc de Belleville, la rancœur sociale cède la place à une hostilité beaucoup plus primaire.

C'est bien plus qu'une confrontation "bobos-prolos" qui se joue. Ce sont deux mondes qui se superposent sur le même espace avec des règles parfaitement antagoniques. L'univers de la ville, où l'anonymat garantit la liberté de chacun, côtoie le monde de la cité, avec son omerta, son système d'entraides entre "frères", et où tout le monde se connaît. Pour avoir la paix ici, il faut connaître tout les gens du quartier, ... même ceux qui sont morts ou ... qui sont en prison !
Gare en revanche aux nouveaux venus, surtout quand ils se confrontent frontalement aux valeurs du quartier. Ainsi, des patrons de bars branchés sont arrivés la fleur au fusil ! Savent-ils vraiment où ils sont ...  ? "On n'a pas pensé qu'on pouvait avoir des ennuis." avouent-ils.

Alors, rupture ?

Pas forcément. Des passerelles et des échappatoires existent. Parler de relégation sociale n'a pas grand sens quand on est à cinq minutes du métro et au cœur d'un marché de l'emploi gigantesque. Vivre à Belleville n'est pas une punition. Et tous les enfants de la cité, loin s'en faut, ne sont pas dans la conflictualité. Certains tirent même partie des évolutions en cours. De jeunes patrons de bars kabyles ont su ainsi métamorphoser les vieux tripots communautaires de leurs pères pour les adapter au goût des branchés. De l'autre côté, tous les bobos ne vivent pas nécessairement en parias et certains sont très ouverts sur les diverses communautés de Belleville.
La persistance du malaise n'est donc pas si sûre ...


>> Voir aussi : Malaise à Belleville (1/2)

 

>> L'affaire des caricatures de Belleville.

 

 

 

Tag(s) : #bobos
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