De sa fenêtre, Mehdi porte un regard pensif sur sa rue. Et comme il peut le constater, elle vit le martyr.
Depuis plusieurs mois déjà, son ami Henri, le coiffeur qui tenait le salon du rez-de-chaussée, a quitté le quartier. Henri a laissé son 20ème arrondissement, où il est né, pour aller terminer ses vieux jours, à Romainville, près de sa fille.
Et chaque soir, en rentrant du travail, Mehdi est confronté à un spectacle qui le désole. Celui de la porte et de la devanture du salon de coiffure d'Henri, totalement murées.
Alors, invariablement, à cet instant, lui arrive à l'esprit un flot d'images où Henri, emmuré dans son salon, semble l'appeler au secours en poussant des cris que Mehdi ne peut percevoir...
Bientôt, Mehdi devra lui aussi partir. Il voudrait bien ne pas y penser. Mais les bulldozers qui œuvrent plus haut, rue Gasnier Guy, dans un vacarme incessant se chargent bien vite de le lui rappeler.
Mehdi et Henri, habitaient la rue des Partants, une rue au nom sans doute prédestiné...
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