Haut de la rue Gasnier-Guy, 1995
La "reconquête" immobilière des quartiers populaires de l'est parisien masque en fait un rapport de forces sociétales, déguisant ses desseins financiers sous les oripeaux du "cool" et du "sympa". Car les futurs habitants, détenteurs de capital intellectuel - et pas seulement de capital tout court - sauront habilement tirer un bénéfice concret de ces "rénovations".
Mais pour "bien vendre la ville" à la néo-bourgeoisie, il faut à la fois la délivrer de ses "défauts", la désencombrer, l'embellir, y réduire le bruit, la circulation, les mauvaises odeurs, les mauvaises rencontres, ... et aussi y ajouter certains "signes de prestige", synonymes de loisirs et de consommation chics.
Ici, on va bientôt accueillir des acteurs du "tertiaire", des professions libérales, ... Des sociétés et des prestataires de services veulent aussi s'implanter dans ces quartiers néo-branchés... On va donc, leur bâtir des résidences confortables ... ce sont des gens qui ont besoin de calme et aussi d'être bien logés. Comme si les autres n'avaient besoin ni de calme ni de logements confortables... C'est la citoyenneté à géométrie variable !
La ville et ceux qui la décident, ceux qui la dessinent, n'échappent décidément pas à l'idéologie de la ségrégation urbaine.
>> Voir aussi sur Parisperdu : "Vers une nouvelle géographie urbaine"
>> Rue Gasnier Guy, la rue-symbole de Parisperdu