Paris est sans conteste l'un des grands thèmes de Ronis, ses images éclectiques et abondantes, se répondent et se croisent, dans une danse de vie placée sous le signe de la liberté. Le "photographe-polygraphe", comme il se nomme lui-même, fut en effet toujours guidé par le seul souci de s'affranchir des contraintes et des modes. Un artiste autonome, en recherche constante de l'authenticité.
Ronis nous montre simplement les choses et les êtres comme ils sont, comme ils vont, comme ils viennent dans ce Paris, où il va au hasard de la vie, de la ville, "pour provoquer des images", comme il le dit joliment.
"Paris, c'est mon sang!" ajoute-t-il. Dans les quartiers populaires de Belleville, de Ménilmontant, mais dans beaucoup d'autres aussi, il parcourait les ruelles vétustes, les arrière-cours, les squares, les friches urbaines, fixant sur la pellicule les petits métiers, les jeux des enfants, les fêtes foraines et les bals...
Rien de laid ni de vulgaire n'apparaît jamais sur les photos de Ronis. Tout est joie et espièglerie, douceur et volupté, légèreté et humour. Même lorsqu'il traite de sujets difficiles - la pauvreté, par exemple -, il parvient à distiller ce je-ne-sais-quoi de "bonheur malgré tout" et d'humaine tendresse.
Ronis fêtera ses 99 ans aux Rencontres de la Photographie d'Arles, où une rétrospective lui est consacrée. Le doyen des photographes français, a passé trois quarts de siècle à promener son regard bienveillant parmi les hommes, leurs destins, leurs joies et leurs misères. Aujourd'hui qu'il n'exerce plus ses talents, il garde encore cette capacité à s'émerveiller sur le monde, à croire en l'avenir, à ne rien regretter de ce qu'il a vécu.
Mais comment regretter une vie passée à ouvrir grands les yeux, pour faire en sorte que l'ordinaire se révèle extraordinaire ?
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>> Parisperdu et Willy Ronis.