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Willy Ronis ou la preuve par 9 : Belleville Ménilmontant (2/10)
 

Carrefour rue Vilin - rue Piat - Belleville - 1959 © Willy RONIS

 

Willy Ronis et Belleville-Ménilmontant, c'est une longue histoire d'amour. Et celui qui en parle encore le mieux, c'est évidement Ronis lui-même. Alors voici en quels termes il nous raconte sa découverte puis de son attachement à Belleville et à Ménilmontant :
"Je n’imaginais pas que Belleville prendrait dans mon travail une telle importance. C’est un peu le hasard qui m’a fait connaître le quartier. Je l’ai connu à un moment où il se présentait sous des dehors particulièrement intéressants. Fin 1947, quand j’ai commencé à m’y promener, il y avait moins de voitures dans Paris qu’en 1939. La guerre était passée par là. Il n’y avait plus d’essence, on avait réquisitionné la plupart des véhicules et l’industrie automobile redémarrait à peine. Imaginez des rues de Paris sans quasiment aucune voiture. Ça, pour un photographe, quel bonheur !
Depuis tout petit, on m’avait dit : « Ne va pas dans ce quartier, c’est le milieu, les Apaches, les prostituées ». En plus de cela, j’avais, jeune homme, une grande fringale de monuments, de belles choses. J’allais sur les quais, les Champs-Élysées, les musées… Ce qui fait courir les touristes. Dans les quartiers populaires de Belleville, il n’y avait rien de tout ça. Je découvre donc Belleville fin 1947. Ma femme qui était peintre, connaissait un garçon du nom de Daniel Pipard qui habitait 88 rue de Ménilmontant et qui lui avait dit : "Tu devrais venir avec ton mari chez nous et tu verras, c'est un quartier intéressant." Et c’est ainsi qu'accompagnant ma femme, j’ai fait la connaissance et des Pipard et du quartier. Pipard m’a emmené deux ou trois fois voir certains coins pittoresques du quartier et au bout d'un certain temps, je lui ai dit : "Laisse-moi maintenant, je vais faire des photos, on verra bien ce qui en sortira."

Et puis voilà, je me suis pris d'intérêt, d’affection pour ces lieux. Je me promenais comme dans une ville étrangère que j’étais peut-être amené à ne jamais revisiter.  Et comme j’aimais le quartier, je montais très souvent d’un coup de moto faire des photos entre deux reportages.

Peu à peu a germé dans mon esprit que ça pourrait faire un livre. Mais personne n’en a voulu. Ça n’était pas un quartier vendeur. Pas le Paris que les touristes ou les provinciaux ont envie d’acheter pour montrer : « Regardez comme c’est beau, Paris ! ». Au bout d’un certain temps, j’ai cessé d’aller voir les éditeurs et j’ai rangé mes photos dans un tiroir. C’est seulement en 1953 que la fille de l’éditeur Arthaud m’a contacté. Son père venait de lui confier une collection – « Les imaginaires » - un peu en marge du caractère commercial de la maison. Je lui ai montré mon Belleville. Elle a été prise d’enthousiasme. Le livre est paru l’année suivante mais n’a eu aucun succès commercial.
Mais une deuxième édition parait en 84, et là, elle a été épuisée en trois mois. Depuis il y a encore eu deux autres éditions.
Dans le quartier, le livre et ses photos ont eu un grand écho car il y avait naturellement les nostalgiques, les gens qui habitaient là et qui ont vu changer le quartier, pas en très bien la plupart du temps, et puis également les gens qui s’intéressaient au vieux Paris et pour qui ce livre était le reflet d'un Paris disparu, enfin presque entièrement disparu".

Et, en 2015 la Ville de Paris donne le nom de Willy Ronis au belvédère qui surplombe le parc de Belleville. La dénomination “Belvédère Willy Ronis” est ainsi attribuée à l’espace commençant au numéro 7 et finissant au numéro 33 de la rue Piat, à Paris 20ème.
Même si l'on peut considérer qu'elle est un peu tardive, il s'agit d'une juste reconnaissance, car le Belvédère de la rue Piat occupe exactement l'emplacement où Willy a capturé cette célèbre photo, des gamins sur la grille de l'escalier de la rue Vilin ... c'était dans les années 50 !



>> Willy Ronis raconte Belleville Ménilmontant.

>> Willy Ronis : Evocation de Belleville (Document Ina)

>> Willy Ronis ou la preuve par 9 (1/10)

 

 
 

Tag(s) : #willy ronis
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