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La photo est la mémoire du silence.
La passerelle, Champigny-sur-Marne, 1957 © Willy Ronis
Le philosophe Fabrice Jean écrit dans son ouvrage "Lueurs de désespoir", paru en 1997 : "La photo est la mémoire du silence. Elle immortalise l'oubli et fixe à jamais le néant".
Et cela est encore plus vrai aujourd'hui où le silence visuel de la photographie constitue un contrepoint remarquable au tintamarre médiatique que l'on nomme désormais le "buzz".
Car la photographie, dans son immobilité du monde qu'elle nous montre, instaure un point de rupture avec le brouhaha de la société d'aujourd'hui. Et ce silence est comme une suspension du temps.Lorsque je regarde un cliché ou lorsque je parcours une exposition photographique, cela me "repose" assurément du bruit de la communication en continu, cela permet une curieuse éclipse, une absence par rapport à l’immédiateté proliférante.
Prenons l'exemple des paysages en photographie : ils sont parfaitement calmes, silencieux, car incertains, flottants, indistincts. Comme si cette indétermination de la forme paysagère induisait l’élimination du bruit que fait le monde.
On "entend" (si l’on peut dire !) cet effet, en regardant les images de Raymond Depardon, d'Edouard Boubat, de Willy Ronis … et de tant d'autres lorsqu'ils nous montrent des paysages naturels ou urbains.Si l'on regarde la photo de Willy Ronis : "La Passerelle à Champigny" prise en 1957, on conviendra que bien des choses ont aujourd'hui changé sur ces bords de Marne … A cet endroit exact les immeubles ont remplacé les arbres, plus personne ne peut se prélasser sur les pontons, eux aussi disparus depuis longtemps, pas question non plus de "piquer une tête" dans l'eau …
Mais la photo de Ronis continue à vivre sur nos yeux, elle immortalise l'oubli et fixe à jamais le néant.>> Willy Ronis et Parisperdu … une longue histoire d'amour !
« Les Ponts de la ligne ferroviaire de la Petite-Ceinture.Photographier Paris, nouveaux regards sur la ville. »
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