• Paris l'été.

     Square Jean Leclaire, Paris 17e

     

    Paris, l'été semble se lever plus tard que de coutume.

    Les odeurs, les bruits, la lumière qui change : tout annonce que la ville se prépare à prendre des vacances.

    Pendant des heures le téléphone se refuse à sonner, dans la rue pas d'autos gênantes … des merveilles se proposent à chaque mètre. Le vide des gares est immense, mêmes les commerces des arrondissements lointains se vident ….

     

    Extraits de "Refuge" un ouvrage de Léon-Paul Fargue (Chapitre "Sauver Paris" Page 155)


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  • Sans cesse ce lieu m'attire …

    En regardant cette image, lorsque l'on n'a jamais visité l'endroit, celui-ci peut sembler terriblement banal. Juste un escalier qui passe sous un immeuble au standing quelconque, et débouche sur une avenue. La belle affaire ! Alors pourquoi tout comme moi, des centaines, peut-être même des milliers de personnes viennent chaque année photographier ce lieu ?

    C'est qu'ici, précisément en cet endroit, l'un des plus grands photographes du siècle dernier a figé sur la pellicule une scène à la fois insolite, vivante et poétique. Le cliché s'intitule "Avenue Simon Bolivar et rue Lauzin" et le photographe n'est autre que Willy Ronis.

    Est-ce pour cela que sans cesse ce lieu m'attire … ? Oui sans doute. Mais il faut bien reconnaître que l'endroit n'a pas été choisi au hasard par le photographe. Tout le prédestinait à s'y arrêter : d'abord le trou béant sous cet immeuble qui aspire le regard tout autant qu'il l'inspire, puis l'escalier qui ordonne les plans dans l'espace et enfin la lumière de l'échappée visuelle: la lumière libérée par l'avenue.

    Alors bien sûr, en haut de l'escalier, on attend que, dans le champ, entre quelque chose d'aussi insolite, d'aussi vivant que sur le cliché de Ronis. Mais l'attente ne donne en général que de maigres résultats, car comme je le disais dans un précédent billet : "N'est pas Willy Ronis qui veut ... !". Mais qu'importe, je reviendrai bientôt, car c'est vrai, … sans cesse ce lieu m'attire.


    >> N 'est pas Willy Ronis qui veut ... !

     


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     La petite fille de Venise.

    Fondamente Nuove _Venise 1959 © Willy Ronis

     

    Pour moi, il n'est pas question d'aller à Venise sans aller faire un tour au Fondamente Nuove. Et lorsque je suis sur ce quai, invariablement je pense à cette petite fille que Willy Ronis a photographiée ici. C'était en 1959.

    Plus aucun enfant ne joue désormais là, ni au bord de la lagune ou le long des canaux de Venise... La cité des Doges est devenue bien trop touristique, bien trop encombrée pour laisser le moindre terrain de jeux aux enfants ….

    Pourtant de nouveau, le mois dernier, je suis allé vérifier si, au Fondamente Nuove, la magie révélée par l'image de Ronis, opérait encore … ?

    Aujourd'hui le quai n'est plus qu'une accumulation de pontons (les "zattere"), de mâts affublés de caméras de surveillance, de cabines et d'installations diverses … si bien que, si par le plus grand des hasards, une petite fille s'aventurait sur la lagune, on ne la verrait même pas …

    Pourtant il nous reste le cadre de l'image, tel que Ronis l'a choisi. Il a peu changé avec son palais en toile de fond comme pour nous dire que malgré le temps qui passe, nous sommes bien encore et toujours à Venise … Une cité unique au monde, incomparable et … espérons-le … éternelle.

    Alors une fois encore, merci Willy …

     

    >> Le quai "Fondamente Nuove" aujourd'hui (2015) et hier (1959).

    >> Analyse d'une photographie d'enfant.

     

     

     

     


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    En visite au Café de France … la place juste.

    Café de France - Isle Sur La Sorgue - 1979 © Willy RONIS

    En 1972, Ronis s'installe à L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) dans une maison avec un petit jardin, une demeure plus confortable que ses maisons de Gordes. Dernièrement, j'ai retrouvé - grâce à Monsieur André Pharel que je remercie ici vivement - cette habitation, au 8 de la rue Ledru-Rollin, tout près de la place de la Collégiale. Et là, sur cette place, se trouve encore aujourd'hui, dans son jus car rien n'a changé, le "Café de France" dont il fera une photo devenue célèbre.

    A L'Isle-sur-la-Sorgue, il va consacrer beaucoup de temps à l’enseignement : à l’École des Beaux-arts d’Avignon, puis aux facultés d’Aix-en-Provence et de Marseille et ce, jusqu'à son retour à Paris en 1983.

    La petite ville de l'Isle-sur-la-Sorgue sera le cadre de nombreuses scènes de rues, de places, de marchés qu'il capturera avec soin et avec cette technique qui lui est propre et qu'il décrit mieux que personne: "En général, je ne change rien à ce qui se passe, je regarde, j’attends. Simplement, à chaque photo, je suis impressionné par une situation, et j’essaie de trouver la bonne place où pouvoir placer mon instantané, pour que le réel se révèle dans sa vérité la plus vive. Il y a un vrai plaisir à trouver la place juste, cela fait partie de la joie de la prise de vue, et c’est quelquefois aussi un tourment, parce qu’on espère des choses qui ne se passent pas où qui arriveront quand vous ne serez plus là."

    La photo du "Café de France à Isle Sur La Sorgue" est une merveilleuse illustration de sa technique car là, il a trouvé la place juste,  juché sur un escabeau face à son sujet, il attend patiemment que tout s'organise harmonieusement dans son cadre. Splendide et tellement… humain.


    >> Le 8 de la rue Ledru-Rollin à L'Isle-sur-la-Sorgue.

    >> Aujourd'hui à L'Isle-sur-la-Sorgue, n'est pas Willy Ronis qui veut …

    >> A Paris aussi, n'est pas Willy Ronis qui veut …

    >> Autre scène de rue captée par Willy Ronis à l'Isle-sur-la-Sorgue.

     


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  • Chez Willy Ronis à Gordes.

     

    En 1948, Ronis avait acheté une maison en ruine à Gordes ("la Maison-Vieille"),  rue de la Calade, puis une autre maison en 1958 (le "Moulin"), toute proche la première, rue de la Fontaine-Basse.

    Au début, Gordes sera le village de la résidence secondaire, utilisée seulement à la belle saison, entre deux allers-retours vers Paris.

    Mais à Paris, les commandes se font rares car, durant toute cette période, Ronis n'est pas reconnu, et sombre dans l’oubli. Il dira d'ailleurs: "Les rédactions pensaient que j'avais tout plaqué, elles ne m'appelaient plus. J'ai alors sérieusement songé à quitter le métier. J'étais une espèce de maniaque inadapté." Alors il s'installe à plein temps à Gordes, dans sa maison de la rue de la Fontaine-Basse, un ancien moulin avec sa roue, qu'il avait d'abord acquis pour servir de garage à la "Maison-Vieille". Il va alors restaurer de fond en comble le "Moulin" et, en 1969, "Maison-Vieille" sera vendue.
    Pour se régénérer, Ronis va se lancer dans l’enseignement à temps partiel avec des cours hebdomadaires aux Beaux-arts d'Avignon, à la Faculté des Lettres d'Aix en Provence, à la Faculté des Sciences Saint-Charles à Marseille, il prendra aussi la direction d'un stage à la Maison des Jeunes à Arles. Mais Gordes, éloigné des grands axes de circulation, ne rend pas facile tous ces déplacements alors, en 1972, il s’installe à L'Isle-sur-la-Sorgue. Il y restera 10 ans. Puis en 1982, il retourne à Paris, car vivre loin de la capitale pour un photographe est suicidaire, surtout pour quelqu’un qui travaille sur le réel immédiat, et de surcroît Marie-Anne est frappée par la maladie d'Alzheimer.

    Dans le Vaucluse, comme à Paris, Ronis savait s’émerveiller des "cadeaux du hasard", des petites choses que d’autres auraient négligées et avec lesquelles il tirera de magnifiques images.  Car pour Ronis tous ces petits évènements ont une étincelle de vie : "Dans une vie, tout se ramène à une petite constellation de chose", nous dira-t-il. Même si dans ces évènements il y a souvent une accumulation de douleurs: la mort, en 1987, dans un accident de deltaplane de son fils aimé Vincent, puis la mort de Marie-Anne sa femme en 1991, et de tant d’amis proches … devenus des visages enfuis.


    >> Le village de Gordes (Vaucluse), la première maison de Ronis ("la Maison-Vieille"),  se situe au centre du premier cercle des maisons du bas du village. Elle a les volets verts.

    >> La première maison de Ronis à Gordes, ("la Maison-Vieille"), rue de la Calade, achetée à l'état de ruines en 1947.

    >> La seconde maison de Ronis à Gordes, (le
    "Moulin"), rue de la Fontaine-Basse, achetée en 1958.

     

     


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