• Vues de l'exposition "Finir en beauté" de Sophie Calle aux Rencontres de la photographie d'Arles 2024. (©SOPHIE CALLE)

     

    A Arles, sous la mairie de la ville, il existe un réseau de galeries datant du Ier siècle avant J.-C. Ce sont les Cryptoportiques ; et c'est le lieu choisi par la photographe Sophie Calle pour présenter - dans le cadre des Rencontres Internationales de la photographie - son exposition "Finir en beauté".

    Aux Cryptoportiques, dans ces couloirs suintants d'humidité, au milieu des flaques de boue, des gouttes à gouttes venant du plafond, contre ces vieilles pierres moisies, elle a accroché ou déposé à terre ses images et transformé ainsi le lieu en sanctuaire.

    Ces photographies proviennent de la série "Les Aveugles". Un projet qui date de 1986 et qu'elle n'a cessé d'actualiser. Le thème : comment des non-voyants peuvent nous raconter la beauté, la couleur ou la dernière image qu'ils ont vue ?

    L'idée de cette expo pour Arles lui est venu après une inondation dans le lieu de stockage de ses œuvres et où les tirages de "Les Aveugles" ont pourri, attaqués par la moisissure. Alors afin d'éviter tout risque de contamination, il était préférable de détruire les œuvres. Mais comment les détruire alors que "Les Aveugles" sont une série qui a beaucoup compté pour elle ? Elle ne peut se résoudre à emmener ces images à la décharge : ce serait une fin trop sinistre. Alors elle s'est dit qu'ici à Arles, elles termineraient leur vie, en beauté...

    En 2023, les Cryptoportiques s'ouvraient pour la première fois, aux Rencontres de la photographie et accueillaient une exposition. Et, alors que l'humidité suintait de partout, Sophie Calle a tout de suite pensé que si elle exposait ses photos des "Aveugles" dans ce lieu, elles ne survivraient pas car les champignons les attaqueraient de partout.

    Quand on demande à Sophie Calle :"Et après l'expo que deviendront les images" ?
    Elle répond : "Ce sera la poubelle où la crémation… car ces objets sont maintenant si nocifs pour l'environnement qu'aucun conservateur de musée n'en voudra jamais plus, la moisissure étant très contagieuse. Aussi aujourd'hui à l'entrée des Cryptoportiques, il y a un petit écriteau qui dit : "S''il vous venait l'idée de voler une œuvre, sachez qu'elle détruira votre intérieur". Pour ces œuvres, c'est donc leur dernière demeure. Et alors l'expo devient un rituel, une cérémonie et comme les photographies sont foutues, elle a intitulé l'exposition Finir en beauté, car c'est une fin plus gaie que prévu.

    Mais n'exagérons rien, Sophie Calle a quand même les négatifs... et eux sont en lieu sûr !



    >> "Finir en beauté" est l'un des rendez-vous des Rencontres de la photographie d'Arles, à voir jusqu'au 29 septembre 2024.

    >> "Finir en beauté" de Sophie Calle. Du 1er juillet au 29 septembre 2024 aux Cryptoportiques
    Hôtel de ville d'Arles
    , Place de la République F-13200 Arles


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  • Arles 2024, les Rencontres Internationales de la Photographie (1/2)

    "L’assassinat de Baltard", (la destruction des Halles de Paris), 1971, ©J.-C Gautrand

     

    A Arles, la 55ème édition des "Rencontres Internationales de la Photographie" vient d'ouvrir ses portes. Parmi la quarantaine d'expositions présentées au public, j'en ai visité seulement quatre mais deux m'ont particulièrement intéressé.

    Tout d'abord, au bord du Rhône, le Musée Réattu présente "Libres expressions" de Jean-Claude Gautrand l’infatigable photographe, qui nous a quittés il y a maintenant cinq ans en laissant derrière lui une œuvre conceptuelle, épurée et puissante.

    Ses clichés présentés aux Rencontres, sont souvent les symboles d’un changement d’époque. Et surtout ceux capturés à Paris : la construction du périphérique, le Bercy ouvrier ou la destruction des Halles Baltard, … Signées Jean-Claude Gautrand, ces photos ont pour point commun de témoigner d'un Paris révolu, de scènes saisies à un moment charnière dans l'aménagement d'un futur Grand Paris, entre la fin des années 1950 et le début des années 1970.

    Pour Les Halles de Paris, Gautrand nous dit : « J'ai passé deux mois sur le chantier, en 1971. J'ai photographié un désastre. Là, mes photos ont marqué les esprits. La gare d'Orsay devait être démolie dans la foulée. Elle a été sauvée pour devenir le musée que l'on sait. Peut-être que c'est un peu grâce à mon travail. »

    A suivre : "Finir en beauté", la seconde exposition que j'ai pu découvrir aux Rencontres Internationales de la Photographie - Arles 2024.

     

    >> A Arles au Musée Réattu, dans le cadre des "Rencontres", l'exposition "Libres expressions" de Jean-Claude Gautrand.

    >> Bercy, rue Neuve de la Garonne (1979) © Jean-Claude Gautrand.

    >> Chantier de construction du périphérique parisien (1964) ©Jean-Claude Gautrand.

     

     


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  • La Seine est-elle saine ?

    Baignade au pied de Notre-Dame, Paris 1937 © Agence Keystone

     

    Une ordonnance du procureur du roi du 20 juillet 1699 interdit la baignade sur un bras de Seine qui jouxte l’île de la Cité, de la place Maubert au Pont Neuf, en raison de l’extrême "impureté et de l’infection des eaux", sous peine de "prison, et de quatre cens livres d’amende" !

    Depuis cette date lointaine, beaucoup d'eau ont passé sous les ponts, si j'ose dire ! Aussi il y a un siècle, les habitants de Paris se lavaient encore dans la Seine. Ils y nettoyaient même leur linge ! Cette pratique a été définitivement interdite en 1923, principalement à cause de la mauvaise qualité de l’eau. Mais malgré cela il n’était pas rare d’observer des nageurs piquer une tête dans la Seine jusqu’en 1960 ! Et finalement c'est le risque d’attraper des maladies qui a convaincu les Parisiens de renoncer à la baignade.

    Il y a 5 ans, la mairie de Paris s’est lancé un défi : améliorer la qualité de l’eau de la Seine, pour la rendre propre à la baignade. Pour cela de grands travaux ont lieu dans la capitale dès 2018. Les premiers résultats sont encourageants, au point que certaines personnes travaillant à la mairie ont déjà effectué quelques brasses.

    Les prochains à tenter réellement l’aventure de la baignade devraient être des athlètes. Car les Jeux Olympiques de Paris 2024 mettront la Seine au centre de certaines compétitions, comme la nage en eau libre, le triathlon et le para-triathlon.

    Mais le pari n’est pas facile à tenir : récemment en effet, 3 "épreuves test" en prévision des J.O. ont été annulées en raison de la qualité de l’eau jugée insuffisante. Toutefois les organisateurs croisent les doigts pour que les épreuves de triathlon et de nage en eau libre aient bien lieu dans la Seine cet été.

    Si le pari des J.O. est réussi, alors un an après les Jeux Olympiques, à l’été 2025, les Parisiens pourront peut-être enfin barboter dans le fleuve. Cependant, il ne sera pas possible de faire trempette partout ! Trois lieux seraient autorisés à la baignade : des plans d’eau surveillés, délimités par des bouées avec un ponton d'accès et des espaces pour se changer, se doucher et ranger ses affaires sur les quais.
    Paris comme à la plage…

     

    >> Voilà à quoi pourrait ressembler une des futures bases de baignade (Image © Apur–Luxigon)

    >> Paris Plages.

    >> A un mois des épreuves, la Seine est toujours aussi polluée.

     

     


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  • La photographie humaniste d'aujourd'hui, avec Peter Turnley.

    Rue du Trésor Paris 4ème ©Peter Turnley

    Peter Turnley est un photographe franco-américain.
    Arrivé à Paris en 1975, il y vit désormais depuis près de 50 ans. Dès son arrivée à Paris, il travaille un temps comme assistant de Robert Doisneau, puis se lie d'amitié avec Boubat.

    Turnley est surtout réputé pour ses photographies de la condition humaine capturées dans le monde entier. Des photographies récompensées par de nombreux prix, dont le prestigieux Olivier Rebbot Award pour le meilleur reportage photo à l'étranger, ainsi que plusieurs prix du World Press Competition, et bien d'autres…

    Mais outre ses photographies à travers le monde, Turnley est l'un des photographes de sa génération qui a le plus photographié la vie quotidienne à Paris. Ses photographies démontrent son attachement profond pour sa ville d'adoption, une ville où il marche sans cesse.

    Peter Turnley a publié plusieurs livres exprimant son amour de Paris, notamment "Parisiens" et "French Kiss-A Love Letter to Paris". Plusieurs de ses photographies figurent dans le célèbre ouvrage de Jean-Claude Gautrand "Paris Mon Amour".

    Les photographies de Peter Turnley représentent aujourd'hui, sans aucun doute, une continuité forte et puissante de l'école de la photographie humaniste, dont plusieurs de ses représentants furent ses amis.

     

    >> Peter Turnley, site officiel

    >> Les photographes humanistes sont sur Parisperdu


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  • La Seine et ses crues.

     Voie Georges Pompidou Paris 16ème (en amont du Pont de Bir Hakeim) _Avril 2024

     

    Ces derniers temps ça déborde… Et ce sont les très fortes précipitations sur la Bourgogne - causant les crues exceptionnelles des affluents amont de la Seine (notamment l’Yonne) - qui ont alimenté la crue actuelle à Paris. Avec comme conséquence la fermeture de quelques portions des voies sur berge, notamment sur la rive droite.

    Les crues de la Seine sont un événement connu à Paris, certaines d’entre elles étant restées célèbres. Celle de janvier 1910 par exemple, avait inondé une grande partie de Paris et entraîné d’importants dégâts en Île-de-France.

    Les photographies de l'époque ne rendent pas vraiment compte du chaos qui a dû régner dans la capitale, durant les quarante-cinq jours de la crue de 1910. Elles ne laissent donc pas non plus présager de celui qui sera le nôtre, quand surviendra la prochaine crue centennale dont on ne peut prévoir la date !

     

    >> Les crues de la Seine de janvier 1910, Avenue Montaigne, Paris 8e arrondissement.
    File de personnes marchant sur des planches surélevées.

    © Agence Rol. Agence photographique.

     

    >> Aujourd'hui le célèbre Zouave du pont de l’Alma a les pieds dans l’eau. Il fut longtemps l’indice de référence de la montée des eaux pour les Parisiens.

     

     

     

     


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