• Scène quotidienne de "la Cloche" à Belleville.

    Deux "frères de la cloche". Paris 2001

    C'est avec tristesse que je viens d'apprendre le décès de Jean Ro. survenu en Allemagne où, depuis quelques années, il s'était installé en famille.

    Je veux lui rendre un dernier hommage en publiant ce huitième et dernier billet du gamin de Paname que nous suivons depuis déjà longtemps ici.

    Aujourd'hui, il nous narre une scène de "la Cloche" comme il en a si souvent vu, au cours de sa jeunesse, à Belleville.

     

    Paris a toujours eu ses clochards. Dans les beaux quartiers, ils étaient souvent polis et courtois et pratiquaient avec allégresse une sorte de philosophie désabusée.
    Quant à ceux de Belleville, c'était tout autre chose !


    Poussant de vieux landaus, les "clodos" de Belleville "travaillaient" principalement à ramasser des chiffons. Souvent, armés d'un crochet, ils s'affairaient à chercher dans les poubelles tout objet encore utile et jeté par ceux qu'ils appelaient les bourgeois … Ces derniers se voyaient gratifiés d'un "Vous êtes trop bon, mon prince" lorsqu'ils leur avaient donné quelque chose.

    A Belleville, si la plupart des gens faisaient semblant de ne pas les remarquer, il était toutefois difficile de ne pas les voir tant ils étaient souvent ivres. Ces clochards-pochards, avaient en effet une propension appuyée pour la dive bouteille.

    Je me souviens d'une scène qui dans sa conclusion déclencha l'hilarité générale des gens de ma rue.

     Remontant la rue des Envierges, un clochard s'accrochait à son "collègue".

    - " J'te jure Robert, j'le f'rai plus !..."

    Mais, d'un grand coup de coude, le "Robert " le renvoyait valdinguer jusqu'au milieu de la chaussée. 

    -"Fout moi l'camp fumier!...Tu m'as laissé tout seul…pour aller r'trouvé ce salaud de Georges...pff tiens ! J'te crache dessus ! Vas l'retrouver ton Georges !....Bon vent et bon débarras !.... Monsieur s'en va!...et maint' nant y'rvient...et faudrait que j'le r'prenne... ordure...

    Tu t'es barré, mais maintenant que j'ai une voiture, tu r'viens !!"

    La voiture dont parlait le pauvre homme n'était autre que son landau aux roues voilées!

    Soudain interpelés par des rires leur indiquant qu'ils n'étaient pas seuls dans la rue, comme ils avaient eu l'air de le croire jusqu'à cet instant, en demi-ton, l'homme jeta à l'autre:

    -" Allez viens!... ! Amènes toi mon Paulo !" ..."

    Et l'un contre l'autre, ils s'éloignèrent à pas chaloupés.

     

    >> Retrouvez Jean Ro, un gamin de Paris, sur Parisperdu.

     

     

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  • Commentaires

    1
    laurent
    Jeudi 2 Janvier 2014 à 11:39
    merci
    Merci Pierre pour ce dernier billet en forme d'hommage...
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