• Squat utopique.

    13  rue Robineau Paris 20ème – juin 1997

     

     

    L'arrivée a été discrète. Les jeunes squatters, quatre garçons et quatre filles, ont posé leurs bagages sans bruit, dans cet immeuble inoccupé de la rue Robineau.

     

    Puis, ils sont "sortis du bois", sans esbroufe ni tapage. Ils ont "toqué" aux portes des voisins pour se présenter. Les riverains absents ont eu droit à un petit mot dans leur boîte à lettres. "Si vous avez des interrogations, n'hésitez pas à venir nous en parler", précise la missive, invitant chacun "à un goûter festif " !

     

    Beaucoup de voisins ne se sont pas offusqués de la situation. "Franchement, il n'y a rien eu à redire", note une quadragénaire. Ils étaient hyper gentils et tout doux. Ils nous ont dit qu'ils étaient étudiants et qu'ils n'avaient pas de logement. Et aussi, qu'ils ne trouvaient pas normal qu'un tel immeuble reste vide et fermé". L'idée de ce squat, dit-elle, ne l'a "pas dérangée" car de toute façon, cet immeuble abandonné depuis près de cinq ans, semblait voué à la démolition.

     

    Puis les jeunes ont cherché les coordonnées du propriétaire pour discuter avec lui et l'informer de leur présence. L'initiative était originale, quelque peu utopique sans doute. On peut aussi comprendre l'inquiétude du propriétaire...  Alerté par un proche, le "maître des lieux" a effectivement vu rouge. La police a été dépêchée sur place.

     

    Entre-temps, les squatters avaient appelé des amis pour faire nombre. "Là, ça a commencé à choquer certains voisins", note-t-on dans la rue. Les policiers sont intervenus tôt le matin, dès potron-minet. Onze jeunes ont été placés en garde à vue, soupçonnés d'avoir causé des dégradations pour entrer dans l'immeuble. Ils ont tous été remis en liberté dans l'après-midi, après qu'un simple rappel à la loi leur ait été notifié; car la police, sans jugement, ne peut les forcer à quitter les lieux. Seul un juge civil peut prononcer une ordonnance d'expulsion, et c'est seulement alors que les policiers peuvent procéder à l'évacuation de l'immeuble.

     

    Mais ce séjour au poste n'a pas brisé leur rêve : ces squatters revendiquent le droit d'occuper un immeuble vide. Et, sitôt sortis du commissariat, les squatters ont repris leur quartier au 13 rue Robineau. Ils disent n'être "ni militants du DAL (Droit au logement), ni anarchistes" et ne revendiquent aucune appartenance à aucun parti.
    "On a besoin d'un logement, c'est tout. Quand on est jeune, les cautions, l'argent pour le loyer, tout ça … n'est pas toujours possible".
    Les voilà sans doute installés là pour quelques temps …

     

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  • Commentaires

    1
    Jo
    Lundi 2 Novembre 2009 à 17:36
    Bien vu
    ... et bien écrit !
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