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Y aura-t-il encore demain des Parisiens à Paris ?
Illustration des géolocalisations Airbnb.
Y aura-t-il encore demain des Parisiens à Paris ? Depuis que l'Insee a publié ses derniers chiffres sur la démographie parisienne, la question n'est plus si saugrenue qu'il n'y paraît.
Car après avoir augmenté de manière continue depuis 1999, la population parisienne enregistre un recul inédit qui se concentre très nettement dans les arrondissements centraux :
- 4% en moyenne entre 2000 et 2017, soit -14 000 habitants sur la période.
Paris, donc, se dépeuple dans son cœur, mais à qui la faute ? A Airbnb, bien sûr ! Déjà accusé d'exercer une concurrence déloyale envers les hôtels, de se soustraire aux obligations fiscales dans les pays où il engrange des bénéfices colossaux, le réseau de location de logements "entre particuliers" est à nouveau pointé du doigt.En effet si les communes situées dans la première couronne regagnent de la population c'est à cause de la cherté du logement dans le centre de Paris, et cette cherté s'explique par la raréfaction du nombre de logements destinés à devenir des résidences principales.
A Paris, là où la population baisse, le nombre de résidences secondaires et de meublés touristiques augmente : + 3% en moyenne par rapport à 2008. Autant de surfaces réservées à des occupants de passage qui se retrouvent confisquées aux Parisiens, et qui ne font qu'aggraver la crise du logement.
Depuis que le phénomène Airbnb a explosé à Paris, un véritable business s'est développé chez les particuliers qui achètent des meublés pour les louer à l'année sur la plateforme et en faire des machines à cash. De 4 000 en 2013, le nombre d'annonces répertoriées est passé à plus de 45 000, ce qui fait de Paris la première destination mondiale du site !Ainsi, de 20 000 à 30 000 appartements auraient disparu du marché locatif traditionnel parisien depuis qu'Airbnb existe et ne serviraient plus qu'à la location touristique.
Face à l'offensive, la Mairie de Paris a contre-attaqué en multipliant les contrôles avec aujourd'hui 25 inspecteurs chargés de cette tâche, en portant de 20% à 60% la surtaxe d'habitation sur les résidences secondaires et en obligeant la firme de San Francisco à collecter la taxe de séjour sur chaque nuitée vendue sur son site. La Ville a également imposé un plafond maximum de 120 jours annuels pour ce type de location.
L'arsenal sera-t-il dissuasif ? Il est permis d'en douter car Paris n'a pas attendu Airbnb pour se transformer en vitrine touristique. De l'île Saint-Louis au Trocadéro en passant par le Marais, les commerces qui se succèdent le long des trottoirs, boutiques de luxe et cafés franchisés pour excursionnistes en goguette, ne correspondent plus, depuis bien longtemps, aux besoins de la clientèle autochtone.Paris n'est donc plus à l'abri du syndrome Vénitien – où le tourisme a chassé en 40 ans la moitié des habitants des "sestieri" historiques. Toutes les grandes métropoles sont confrontées au même phénomène, et les plateformes de type Airbnb ne font que l'accélérer. Sachant qu'en plus d'Airbnb, il existe d'autres plateformes, comme Squarebreak ou Onefinestay, du groupe Accor, spécialisées dans les résidences de standing.
Nous voilà engagés dans un rapport de forces et une course de vitesse pour éviter que nos centres-villes deviennent des ghettos pour riches.>> Paris est-elle devenue une ville de riches ?
>> Cartographie du nombre d'annonces Airbnb à Paris.« Paris ne s'est pas fait en un jour, il ne doit pas être défait en un mandat.Le Passage National, un rescapé du bétonnage. »
Tags : paris
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