• La rue de Montempoivre
    est une petite rue bien calme du 12ème arrondissement. Elle débouche sur la porte du même nom. Cette dernière n'a toutefois pas eu l'honneur de figurer parmi les 34 portes qui rythment le périph, si bien que peu de parisiens en connaissent l'existence. Et, si vous y résidez, vous serez constamment obligé, pour préciser votre adresse, d'indiquer : "c'est entre la porte de Vincennes et la porte Dorée" …

    Ici, seule une raie de lumière égaye et réchauffe la petite rue à l'atmosphère plutôt froide.

    Cette irruption du soleil est due au seul fait que les immeubles n'ont pas pu s'adosser au pont du chemin de fer de la Petite Ceinture. Mais la nature urbaine ayant, par définition, horreur du vide, ce no-mans' land fait - peu ou prou - office de décharge sauvage : cartons et objets divers sont fréquemment déposés ici, bien en évidence dans le petit puits de lumière, face à l'incongru placard publicitaire.

    Un peu plus loin, une enfilade de ponts donne à la rue de Montempoivre un petit air de rue Watt. Ce paysage est toutefois bien différent de celui de la célèbre voie souterraine du 13ème. Car là, s'annonce la coulée verte, et alors, au bout de la rue, enfin libérée de toute entrave, la lumière éclate de toute part …


     

    >> "Rue de Montempoivre superstar" sur le blog Belairsud.






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  • Passage de Pékin, 75020 Paris - 1997

     

    Pourquoi suis-je tant attaché au quartier de Belleville ?
    Ici pourtant point de jolis immeubles, rien que les façades simples d'un quartier populaire ou des constructions sans âme, rebâties à la hâte dans les secteurs qui ont été rasés dans les années 70 …

    Mais ce quartier a une âme, … et partout, la vie est bien là… C'est un dépaysement constant, dû sans doute aux effluves d'épices ou de mets exotiques, aux diverses tenues vestimentaires entrevues çà et là, ou encore aux dialectes inconnus entendus dans les rues. Des rues dont les noms évoquent déjà le voyage : passage de Pékin, rue d'Annam, rue du Sénégal, rue de Pali Kao...
    Sur les vitrines des points-service "téléphone et internet", une liste sans fin de pays s'égraine. Elle ressemble au tableau d'affichage des "Départs" ou des "Arrivées" d'un aéroport international. Et partout, sur les murs, des petits bouts de papier couverts d'idéogrammes, nous montrent le mode de communication favori de la communauté chinoise.

    A Belleville, il existe encore des artisans avec leurs petites boutiques, des "alimentations épiceries", des boucheries hallal ou "cacher, sous contrôle du grand rabbinat de Paris" …
    Les gosses jouent aux ballons sur la bande centrale des boulevards de Belleville ou de La Villette, et rêvent de devenir Zizou ou Thierry Henry …

    On voit, tout au long des trottoirs, des arabes, assis sur leurs tabourets, et agitant des éventails les jours de chaleur... Des chinois sans papier, fraîchement débarqués, gardent encore leur coutume de s'asseoir, accroupis, recroquevillés … Des sri-lankais, vendeurs de maïs grillés, guettent les flics; des blacks discutent en bandes, et leur groupe est de temps à autre secoué par de grands éclats de rire … Des bananes "jaunes extérieurement, blancs à l'intérieur" sortent des supermarchés asiatiques, les bras et les mains surchargés de sacs … jaunes.

    A la sortie du métro de Belleville, les missionnaires de l'église protestante, de la scientologie, les Falunlong cherchent à séduire les passants … avec le sourire. Ils se feront plus instant avec la gente féminine.
    Décidément, ce quartier est un lieu saint: mosquées, églises, synagogues cohabitent et assurent les habitants de leurs bénédictions, car ici, rarement le ton monte …

    Les kebabs, les traiteurs, les restos asiatiques, les petits bistrots, les cafés-terrasses, les fast-foods animent le quartier de jour comme de nuit.
    Au café "Aux Folies", un vieux "rade" dont la déco date des années 30, s'agglutine une faune cosmopolite composée de chinois, de juifs, de maghrébins et de français souvent d'origine provinciale, le tout forme un mélange très représentatif de la diversité ethnique de Belleville. C'est dans un brouhaha provoqué par tous ces clients, dont chacun s'exprime dans sa langue, que l'on prend une bière au bar et là, en se coudoyant avec ses voisins, on comprend alors ce que veut dire l'expression "une fraternité de voisinage ".

    C'est sans doute pour toutes ces raisons, pour tout ce vivant fatras, que je suis aussi fortement attaché à ce quartier …


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Le petit miracle de Belleville".

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Chinoiseries à Belleville".


     

     


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  • Le jardin du 18 passage des Soupirs - Paris 20ème


    Paris n’est plus ce qu’il était… et c’est peut-être tant mieux !
    En effet, depuis qu’un vent nouveau a dépoussiéré les transports, l’arpenter à pied relèverait presque du romanesque. Enfourcher une "petite reine" pour baguenauder dans Paris n’a plus rien d’exceptionnel, c'est l'effet Vélib’...

    Et parfois, que trouve-t-on au hasard d'une rue, au pied des immeubles, sur des terrains en friche ? Des jardins, et même de plus en plus de jardins car, depuis l’an 2000, de nombreux riverains se sont appropriés une cinquantaine de ces terrains communautaires, que l'on appelle "les jardins partagés".

    Les Parisiens auraient-ils envie de s’octroyer un nouveau type de loisir dans leurs moments de répit ? Peut-être bien car ici, on se réunit pour grattouiller son lopin de terre, pour pique-niquer ou recevoir les enfants des écoles voisines. C'est aussi un formidable catalyseur pour se connaître, un préalable à la solidarité.

    Mais quelle est l’idée finale de ces jardins partagés ?
    Vraisemblablement celle de créer une dynamique qui va favoriser l’entraide de proximité.  Des exemples ? Ils sont légion : acheter la baguette de la voisine, qui gardera votre enfant, … prêter sa perceuse au voisin et utiliser son accès Wifi… : mieux vivre, ça ne coûte rien.

    Plus ouverte, plus conviviale, et s'il faisait enfin bon vivre dans la capitale ?

     

    • Deux "portails" de jardins partagés:

     >> "Jardinons ensemble"

    >> "Jardins partagés"

     

    >> Favoriser l’entraide de proximité.

    >> Aussi sur "Parisperdu": "La belle au Bois Dormoy ..."




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  • Rue Mouffetard, Paris, 1954 © Henri Cartier-Bresson/MAGNUM



    Vous avez jusqu'au 30 août pour courir à la Maison Européenne de la Photographie et découvrir cette exposition qui propose de parcourir quelques 320 œuvres d’Henri Cartier-Bresson. Une bonne partie de l'accrochage reprend d'ailleurs les clichés de "Paris à vue d’œil", une exposition présentée en 1984, au musée Carnavalet.

    A travers des images apparemment anodines, Henri Cartier-Bresson traque les moments de vie, comme autant d’instants magiques, dans mille et un lieux, mille et un milieux. Il dresse, comme personne, le portrait d’un pays, d'une ville. Et comme toujours, ses images mêlent émotion et regard acéré. Cartier-Bresson nous montre que, même là où ne l'attend pas, la beauté existe … pour qui sait la voir.

    Et si au début, ses images montrent surtout des "gueules", le regard s’affine ensuite peu à peu. Ses instantanés affichent alors, une organisation rigoureuse et ultra-soignée : lignes de fuite parfaites, merveilleux travail d’ombres et de lumières, composition impeccable, distance millimétrée, justesse innée du cadre, car il ne recadrait pas.

    Bien qu’archi-connues pour la plupart, ces photos éblouissent encore. Récemment, Willy Ronis me confiait que pour lui, "Henri Cartier-Bresson était le plus grand". L'hommage vient de haut …

     
    >> Le site web de Maison Européenne de la Photographie.

    >> Henri Cartier-Bresson, le site officiel.


     


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  • Rue Gasnier-Guy, 1997

     

    Le secteur de la rue Gasnier-Guy et de la rue des Partants est un territoire en bout de piste, loin de tout, comme égaré dans la cité.

    Désormais tout est immobile, déchiré, encombré de détritus, pillé de tout ce qui n'est pas pierre ou minéral.
    C'est comme un  village perdu qui dresse encore ses oripeaux au-dessus des pavés usés de la rue en dos d'âne.

    Ici, seul un pan de mur témoigne. Ailleurs, on croise un homme solitaire, rescapé de l'exode et du lent abandon qu'a connu le quartier. Le temps n'est plus le même dans ce coin du 20ème arrondissement  et ce qui était hier un village s'est aujourd'hui endormi et semble doucement s'enfoncer dans un linceul de pierres.
    Chaque village perdu porte les ruines de notre mémoire.

    Mais il suffit d'un regard, un jour de promenade lorsque s'estompent les bruits du quotidien, pour retrouver les images de ces vies oubliées. Un rien, une poupée, une assiette en porcelaine, abandonnés dans un  rayon de soleil, et les souvenirs se redressent …



    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Vers l'infini et même au delà …" 

    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Démolition des murs ... démolition des vies ..."

    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Murs abattus et baignoires rémanentes".

    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Chaos debout !"

    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Une rage de destruction".
     

     

     

     


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